Skip to main content

Dr Karadji Souleymane, Urgentiste-Anesthésiste-Réanimateur, directeur général du Service d’Aide Médicale Urgente (SAMU) : « En 2022, il y a eu 1883 sorties contre 3131 en 2023, 2208 patients pris en charge contre 3859 en 2023 »

Dr Karadji SouleymaneApporter l’assistance médicale d’urgence aux personnes en détresse est un métier qui nécessite outre la passion, beaucoup de sacrifice. Le Niger dispose de plusieurs services qui interviennent dans ce domaine dont le SAMU. Depuis 2013 cette structure s’évertue à accomplir avec professionnalisme sa mission aux côtés d’autres services (Pompiers, police nationale ). Dans cet entretien, le directeur général du SAMU nous fait la genèse dudit service, des progrès enregistrés, des actions de sensibilisation envers la population, de la collaboration avec les autres services exerçant un travail similaire ainsi que des perspectives.

Monsieur le directeur général, en quoi consiste la mission du SAMU ?

Le SAMU est un service du Ministère en charge de la Santé spécialisé dans la prise en charge pré-hospitalière. Il constitue une sorte d’hôpital ambulante qui se déplace vers le malade. Nous avons comme principale mission l’écoute médicale permanente grâce au numéro vert : 15 ; la prise en charge de transport médicalisé des personnes ; la couverture médicale des grands événements ; la planification et la mise en œuvre de toutes les activités liées à la médecine pré-hospitalière ; à l’aide médicale d’urgence à toute structure de santé. Le SAMU mène également des actions de sensibilisation sur des questions de santé. Par rapport aux hôpitaux et cliniques, le SAMU fait le lien entre les structures en assurant des transferts de patients ou en les mettant en lien grâce à une flotte spéciale dédiée aux urgences.

Comment se fait la régulation médicale ?

Lorsqu’un usager nous contacte à propos d’une situation de détresse quelconque, l’équipe de la permanence lui pose toutes les questions nécessaires avant de s’engager sur le terrain. L’information fournie permettra de savoir s’il y a besoin d’envoyer une ambulance, s’il faut intervenir seul ou conjointement avec les autres services de secours (Police Nationale, Pompiers). Par exemple, s’il s’agit d’un malade mental menaçant nous avons besoin de la police pour l’extraire. S’il y a aussi un attroupement nous faisons appel à la police pour le cordon de sécurité.

D’après nos statistiques, près d’un tiers des patients que nous prenions en charge n’a pas besoin d’aller à l’hôpital. On fait l’économie des places dans les structures hospitalières puisque nous disposons de tous les dispositifs médicaux pour stabiliser la personne. A l’extrême, notre ambulance peut servir de local pour opérer, nous avons tous les médicaments qu’on peut trouver dans un bloc opératoire et des matériels de soutien pour maintenir la victime en vie pendant des jours avec des respirateurs, défibrillateur, oxygène etc. nous avons enregistré en 2022, 1883 sorties contre 3131 en 2023, 2208 patients pris en charge en 2022 contre 3859 en 2023 dont 19 sorties blanches en 2022 contre 14 en 2023.

Toutefois nous enregistrons des appels blancs émis par des enfants ou totalement des malveillants (des gens qui appellent exprès les secours, souvent pour inventer un accident ou un sinistre).

Avez-vous assez de moyens pour faire face à une demande de plus en plus forte d’interventions ?

Nous assistons à une montée en puissance progressive. Mieux, depuis le changement de statut en 2020, nous avons eu accès à de plus en plus de moyens et plus d’autonomie de gestion pour mieux planifier nos différentes actions et mieux chercher nos sources de financement.

Je vous fais remarquer qu’en 2013, à notre début, nous avons commencé avec deux ambulances mais aujourd’hui nous avons neuf ambulances. Quant aux ressources humaines, nous avons également commencé avec environ 14 agents ; actuellement il y a 70 agents. Les moyens sont en cours de renforcement, nous espérons que cette dynamique va se poursuivre.

Vos unités mènent des actions louables mais pas suffisamment connues de certains nigériens. Quelles sont les initiatives mises en œuvre pour promouvoir davantage vos services auprès des populations ?

Dès la création nous collaborons avec les médias traditionnels comme la presse écrite. Je me rappelle encore, nous avons fait la UNE du Journal Sahel Dimanche, il y a près de six ans. Mais, je suis tout à fait d’accord que cela n’est pas suffisant. D’ailleurs, beaucoup de gens ont découvert le service à travers les formations que nous organisons depuis 10 ans qui ont touché plus de 10 000 nigériens. Nous espérons que la nouvelle chargée de communication qui a été affectée récemment nous aidera à bien mener nos activités de communication.

La question du maillage du territoire est un autre défi pour le SAMU. Qu’en est-il du projet de création et d’opérationnalisation des antennes régionales du SAMU ?

Certes elle est préoccupante mais nous la partageons avec les autres services de secours. En ce qui nous concerne, tous les textes réglementaires sont disponibles pour lancer les antennes régionales étant donné que Niamey est une antenne régionale du SAMU. Trois antennes régionales restent à être installées. Il s’agit de Maradi, Tahoua et Zinder. Les locaux sont déjà acquis. Le Centre régional hospitalier de Tahoua, celui de Maradi et l’Hôpital National de Zinder nous ont chacun cédé un local. Il suffit de faire quelques travaux de réaménagement pour qu’ils répondent à nos attentes.

Les responsables de ces antennes sont déjà nommés et nous attendons un renfort en personnel pour réellement démarrer puisqu’il s’agit de les rendre opérationnel. Nous sommes en cours d’installation de ces antennes. Ce projet est très avancé, nous vous signalons que les moyens roulants sont acquis. Nous voulons faire un démarrage réussi en rassemblant l’essentiel pour cette opérationnalisation.

Monsieur le Directeur Général, quel type de collaboration y-a-t-il entre le SAMU et les autres services qui mènent des actions similaires au niveau national ou international ?

Nous avons une parfaite collaboration inter-service avec les autres structures d’abord au niveau national. Notre principal partenaire dans notre activité pré-hospitalière est la Brigade Nationale des Sapeurs-pompiers. Nous avons une collaboration très fluide qu’il soit au niveau opérationnel, décisionnel puisque, nous nous rencontrons régulièrement, nous discutons dans un cadre d’échange régulier qui nous permet de bien collaborer. En dehors des pompiers, il y a d’autres services de secours comme la Police Nationale avec sa ligne verte 83 83, et les Pompiers joignable sur 17. Certaines demandes d’aide médicales d’urgence nous parviennent via la Police Nationale. Mieux, nous avons des interventions particulières qui requièrent la présence des forces de l’ordre et nous avons constamment le soutien de la Police Nationale. De ce point de vue, la collaboration est bonne avec les autres services de secours. Il arrive que nos opérations se fassent avec le service de destination, c’est-à-dire le service d’accueil d’urgence, les différents centres de santé et des maternités de la Ville de Niamey.

Par rapport à l’intérieur du pays et même à l’international, nous avons beaucoup collaboré à la mise en place de certains SAMU au niveau de la sous-région comme celui de Burkina-Faso où nous avons même été invités au lancement. Et nous avons participé au processus de mise en place de cette structure. Nous avons également une collaboration avec le Mali qui est en cours de lancement et d’autres pays comme la Guinée et le Tchad.

En dehors de l’Afrique, nous avons des échanges avec les partenaires de plusieurs pays du continent et ceux des autres continents. Le dernier partenaire international qui nous a appuyé est spécialisé en médecine d’urgence et gestion des catastrophes. Ce partenaire nous a appuyé à travers une formation qui a regroupé tous les acteurs de soin d’urgence qu’ils soient des Pompiers, du SAMU, des services de santé des armées, de la Police Nationale, de la Garde Nationale, de la Gendarmerie Nationale et des services d’urgence de certains centres de santé notamment des hôpitaux. Nous comptons pérenniser ces fructueuses collaborations avec ces différents partenaires.

Mamane Abdoulaye (ONEP)