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Entretien avec le président du Syndicat des Pharmaciens du Niger (SYNPHANI) : « Le médicament de la rue constitue un grand problème de santé publique », déclare Dr Soumana Sounna Soufiane

Dr Soumana Sounna SoufianeDr Soumana Sounna Soufiane, pharmacien diplômé d’Etat, est le responsable titulaire de la pharmacie Bassora. Il est également le président du Syndicat des Pharmaciens du Niger (SYNPHANI). D’après ce professionnel de la pharmacie, le médicament est un ensemble de substances qui présente des propriétés curatives ou préventives à l’égard des maladies des hommes ou des animaux. C’est également un produit qui, une fois administré dans l’organisme humain ou animal, peut corriger ou modifier des fonctions organiques et peut aussi être utilisé pour poser des diagnostics médicaux. Les médicaments sont des substances chimiques qui peuvent être classés à travers la molécule chimique (classification chimique). Dans cet entretien, il évoque la problématique de ces produits qui inondent malheureusement les différents marchés de notre pays.

Que pensez-vous des médicaments de la rue ?

L’un des maillons essentiels de la santé est le médicament. Par conséquent, le médicament n’est pas un produit panneau. Il possède des propriétés curatives et préventives et peut se révéler aussi comme un poison s’il est mal utilisé ou déjoué de sa fonction. Le médicament de la rue constitue un grand problème de santé publique qui a des conséquences néfastes, parce que ce sont des produits qui ont une qualité douteuse, qui ne sont pas homologués, ni soumis à un quelconque contrôle de qualité. Ils ne respectent aucune norme de la réglementation pharmaceutique et sont vendus par des non-professionnels. Ce qui présente un risque évident pour la santé de la population.

Que fait l’ordre des pharmaciens contre la vente des médicaments de la rue ?

Les organisations professionnelles du secteur pharmaceutique font de leur mieux pour combattre ce fléau, à savoir la vente illicite de médicaments. Beaucoup de travail reste à faire car l’ignorance de la population et des acteurs impliqués dans cette vente illicite ne fait qu’augmenter du jour au lendemain. Il faut une réelle prise de conscience d’abord au niveau de la population. Il faut également que les autorités mettent plus de volonté politique pour accompagner les actions des organisations socio-professionnelles du secteur pharmaceutique pour endiguer ce fléau afin d’assurer à la population des produits de qualités sur l’ensemble de notre pays.

Que pensez-vous des dépôts de médicaments qui prolifèrent et dont les prometteurs et gérants ne sont pas des professionnels du secteur de la pharmacie ?

L’existence de façon anarchique des dépôts pharmaceutiques ou des boutiques de vente de médicaments est un problème également pour la santé de la population et pour le secteur pharmaceutique. C’est pourquoi, nous demandons aux autorités actuelles de penser à protéger la vie de nos populations en évitant la manipulation des produits pharmaceutiques par des personnes non-professionnelles, qui n’ont pas les compétences qu’il faut et qui n’ont pas la connaissance, le savoir-faire pharmaceutique, nécessaire pour assurer des produits de qualité à notre population.

A votre avis, d’où viennent ces médicaments qui sont vendus sur les marchés et dans les rues ?

Ces dépôts ont des sources multiples pour se ravitailler en produits et, très malheureusement, les produits qu’on retrouve souvent chez eux sont des produits de qualités inférieures ou falsifiées, qui proviennent de réseaux informels. Leurs sources de ravitaillement, en général, c’est par des voies informelles, non autorisée, en provenance des pays voisins, des pays asiatiques, qui sont des gros producteurs de ces types de médicaments. Et aussi, des produits du secteur formel qui, par des manières frauduleuses, se retrouvent dans le secteur du marché parallèle et dans les dépôts pharmaceutiques.

Existe-t-il un Organe de contrôle des médicaments ou de vérification des médicaments ?

Au Niger, il existe des organes qui s’occupe de la réglementation du secteur pharmaceutique, tel que l’Agence Nationale de Réglementation du Secteur Pharmaceutique qui veille à ce que tous les médicaments qui doivent se retrouver sur le territoire nigérien soient homologués, autorisés pour leur mise sur le marché. Les services de contrôle doivent aussi veiller à ce que les produits soient importés dans les meilleures conditions, stockés dans des conditions optimales.

A cette structure s’ajoute le Laboratoire National de Santé Public et d’Expertise (LANSPEX) qui intervient. Il est aussi un organe de contrôle de qualité des médicaments et des différentes substances. Le LANSPEX s’occupe du contrôle de qualités des médicaments.

Quel sont les dangers que peut encourir une personne qui consomme des médicaments périmés ?

Un produit de mauvaise qualité et qui ne contient pas de substances actives ne peut en aucun cas donner un traitement de qualité. C’est pourquoi, nous conseillons la population d’éviter l’automédication. Lorsqu’on ne se sent pas bien, le meilleur reflexe consiste à se rendre à l’hôpital pour avoir un examen adéquat et éventuellement le traitement qui convient à la maladie dont le patient souffre.

Moumouni Idrissa Abdoul Aziz (ONEP)