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Interview du Dr Ibrahim Raphiou, Chercheur nigérien vivant aux USA « On a conduit cette grande étude pour tout simplement vérifier les effets nocifs de certains produits contre l’asthme qui étaient déjà sur le marché »

 

C’est vrai que ce sont des mutations, mais il ya d’autres facteurs qui interviennent comme l’expression des gènes, la mutilation des régions promotrices, une modulation des facteurs de transcription des gènes. Cela modifie l’expression de ces gènes là. Donc, le centre d’intérêt de mon étude se situe dans cette oncologie du cancer du poumon, cancer du sein, cancer de la vessie, cancer d’estomac et cancer de sang. En faisant cela, j’ai eu l’opportunité de travailler pour cette compagnie, Glaxo Smith Kline ; qui était intéressée par la question, surtout par la prévention et le traitement du cancer. J’avais aussi eu l’opportunité de travailler pour d’autres compagnies qui sont dans le champ des études de l’asthme. Je fais partie d’une équipe qu’on appelle le Leader de l’investigation des études cliniques. Je suis actuellement le directeur scientifique des affaires médicales. On a conduit cette grande étude pour tout simplement vérifier les effets nocifs de certains produits contre l’asthme qui étaient déjà sur le marché. Après cette étude a été publiée dans un grand journal, The New England Journal of Medicines, qui est visible sur internet.

De manière résumée, à quels résultats vos études sont-elles parvenues ?

Les résultats ont démontré que ces produits chimiques pour le traitement de l’asthme, dont certaines personnes ont soupçonné avoir des effets nocifs, n’ont pas ces effets nocifs.

Et quel est l’impact de ces résultats sur la vie de tous les jours ?

L’équipe est convaincue que maintenant cela va faciliter la confiance des médecins pour prescrire ces médicaments sans crainte de ces soupçons d’effets nocifs de ces médicaments. Donc cette étude a démontré qu’il n’y avait pas ces signaux nocifs que beaucoup de médecins soupçonnaient. Ce qui va faciliter globalement le traitement de l’asthme.

Docteur pourquoi avez-vous choisi d’exercer aux Etats Unis d’Amérique, plutôt qu’au Niger ?

Je suis né ici et j’ai grandi ici. J’aime le Niger ; c’est un beau pays. On a beaucoup de problèmes économiques. Mais selon moi, ce ne sont pas des problèmes économiques, mais plutôt des problèmes de culture. C’est notre culture qu’il faut améliorer.

Vous pensez que c’est un manque d’ouverture sur le monde ?

C’est possible que ce soit un manque d’ouverture sur le monde ; mais je sais que nos populations ont beaucoup de potentiels. Donc ce qu’il faut, c’est de voir ce que d’autres pays ont fait, de prendre de bons exemples et de les appliquer ici. Je sais qu’on a des obstacles comme le climat ; et je sais qu’on ne travaille pas toujours ensemble. La culture peut changer avec l’éducation. On a du travail à faire, surtout un travail d’organisation, et un travail ensemble. Je suis un scientifique, et je fais un effort pour savoir quelles sont les vraies causes de nos problèmes. Ces problèmes que nous avons, ont des solutions. Ce qu’il faut c’est d’appliquer ces solutions. Le changement est très difficile, c’est vrai ; mais il est possible.

Quelle est la contribution du chercheur nigérien vivant aux Etats Unis dans le développement de son pays ?

Le but que vise un chercheur c’est de trouver des solutions. C’est de comprendre les choses d’une manière scientifique, la vraie cause des choses ; comment elles communiquent, et comment appliquer les résultats à d’autres systèmes, et à grande échelle. A mon avis la contribution des chercheurs nigériens qui sont à l’étranger, c’est de comprendre ce qui marche et de faire un effort pour voir comment on peut appliquer ça au Niger. Les problèmes qui existent au Niger, ont leurs solutions au Niger. Mais tout le problème, c’est de convaincre la masse qu’il ya des solutions et d’appliquer ces solutions. Quand je vois des américains qui ont visité le Niger, je leur demande toujours qu’est-ce qu’ils ont remarqué. Au début, ils ont tendance à ne pas être honnête de peur de m’affronter. Alors quand j’insiste, ils me disent, en Afrique on dirait que les gens vivent sur leurs poubelles. Il ya beaucoup de plastiques partout. Alors que comme solution, là où j’habite je connais deux usines, dont l’une utilise le plastique pour produire de l’énergie. Pour arrêter la fumée, il ya des filtres qui retiennent les particules qu’il ya dans la fumée ; quand la fumée sort elle n’est pas toxique. L’autre usine utilise aussi le plastique pour faire du fil, et confectionner des pull-over. Il ya aussi des usines qui fabriquent des pare-chocs de voitures avec le plastique recyclé. Donc il ya des solutions. Parfois un désavantage peut être transformé en avantage. Un philosophe chinois qui s’appelle Cheng Zou a écrit un livre, l’art de la guerre ; un livre vieux de plus de 2500 années. Même maintenant, beaucoup de gens appliquent ses tactiques dans le business et le mangement des problèmes économiques.

Globalement est-ce que vous ne prônez pas une reconversion des mentalités ?

Il ya une expression qui dit que les populations, et les civilisations évoluent ou périssent à cause de leurs cultures. Je ne blâme pas le pays, mais chaque fois il faut faire un effort pour changer, trouver quelque chose de nouveau et l’appliquer. Par exemple là où je vis, les gens savent que chaque semaine, il ya de nouvelles informations qui sont publiées. Il faut lire, apprendre de ces publications, et savoir comment ces études ont été faites. Si vous ne faites pas un effort pour apprendre de nouvelles informations, vos talents sont déjà vieux, dépassés. Donc il faut toujours faire un effort supplémentaire pour apprendre quelque chose de nouveau et avancer.

Docteur, qu’entrevoyez-vous en termes de perspectives d’avenir pour le Niger ?

La plupart de nos problèmes ont des solutions. Seulement, comme je le disais, il faut faire un effort. Je ne jette la pierre à personne, tout ce que je dis ce qu’on peut faire un effort commun pour résoudre ces problèmes et avancer. Je suis convaincu que les solutions existent. Ce qui m’a surpris quand j’étudiais là-bas, avant même que je ne commence à travailler, c’est que tout est étudié. Même les problèmes de l’étranger. Et conséquemment, il ya beaucoup de publications qui ont montré des solutions. Peut être qu’en modifiant un peu ces solutions, on peut les appliquer ici. Je suis une personne optimiste, et je sais que l’avenir du Niger est clair et brillant. Il faut juste étudier les solutions et les appliquer. Mais je sais que cela n’est pas si facile. C’est une règle même de la physique. On prend plus de l’énergie pour commencer quelque chose, que pour la maintenir. Alors commencer une chose est très important. Je sais que le gouvernement et tout le peuple nigérien sont sur le bon chemin. Et j’étais surpris du changement que j’ai constaté depuis mon arrivée à Niamey.

Réalisée par Oumarou Moussa(onep)

12 janvier 2017
Source : http://lesahel.org/