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RIFIFI à la Fédération Nigérienne de Lutte (FÉNILUT)

RIFIFI à la FÉNILUT championnat du sport roi au Niger, la FÉNILUT livre aux nigériens de événements sensationnels qui risquent de soulever pas mal d’émotions. Tenez un peu ; le charismatique vice-champion de Dosso, l’étoile montante des lutteurs de la région, le nommé NOURA HASSANE va évoluer cette année au sein de l’effectif de l’équipe de Tahoua ! De l’autre côté, c’est l’intraitable DAN TAMBÈYE qui tourne le dos à la sélection pour se retrouver à Dosso où il a jeté son dévolu aux côtés du champion Issaka Issaka ! En attendant d’autres révélations du genre, le public au parfum de ces navettes se livre à plusieurs interprétations. Cohésion ou division ? Chacun donne la mesure de ses arguments avec souvent beaucoup de prédominance de la passion.

C’est dans le souci de peaufiner davantage les textes réglementaires de la Lutte au Niger que la FÉNILUT initie régulièrement des rencontres pour réviser et réajuster ses textes. C’est dans ce cadre que la décision est sortie d’autoriser la transhumance ou le nomadisme d’une région à une autre des lutteurs n’ayant pas remporté le sable. Sage décision qui a plusieurs avantages, notamment celui de renforcer la cohésion et l’unité nationale. En effet ces actes que posent les lutteurs concernés par cette décision permettra aux uns et autres de comprendre que la lutte reste un sport national entre les nigériens ; le champion n’est nullement régional mais national. De quelque région qu’il soit originaire, le lutteur reste à la base un citoyen nigérien tout simplement.

Il y a certes l’émulation tant entre les lutteurs que les supporteurs. Cependant, la base reste la cohésion nationale entre des frères et des soeurs d’un même pays. De tels actes restent pédagogiques à plusieurs d’égards. Ils contribuent à attendrir l’ardeur de certains supporteurs qui cèdent à l’émoRIFIFI à la FÉNILUT tion pour semer des troubles au sein des arènes de lutte. En effet ces dernières années, le constat a été établi qu’à chaque championnat, il y a de brebis galeuses malintentionnées qui cherchent à semer le désordre ; ils posent des actes de violence sur les infrastructures et même sur les lutteurs et supporteurs qui ne sont pas de leur camp. L’acte d Noura et de Dan Tambèye seront donc là cette année pour leur faire comprendre que l’un des idéaux servis par la compétition est la recherche de l’unité nationale. Ils comprendront qu’il n y a pas de lutteurs régional ; tous les compétiteurs sont nigériens et travaillent pour servir le pays ; non pas une région isolée. Les supporteurs doivent se pencher sur ces décisions avec lucidité afin de mieux comprendre leur enjeu.

Qu’est-ce qui motive de telles décisions ? Quand nous avons approché un responsable de la FENILUT, il a avancé quelques arguments avec cependant beaucoup de réserve ; car, a-til dit tout dépend d’une région à une autre. Dans la plupart des cas, ces décisions sont prises suite à un malentendu, une incompréhension ou une frustration.

Le cas le plus récurrent est la non sélection d’un lutteur qui elle-même est motivée par plusieurs facteurs. Il y a des cas objectifs se basant sur la qualité du lutteur ; au cas où l’équipe a un potentiel énorme, le lutteur peut être écarté pour sa qualité faible par rapport aux autres. On peut aussi trouver des cas où des incompréhensions surgissent entre le lutteur et un membre du staff ou le staff lui-même. Pour une raison ou pour une autre, le lutteur est ainsi écarté de l’équipe. Le lutteur peut aussi ou ne pas répondre à l’appel de la fédération ou accusé un retard jusqu’à la fin des compétitions de sélection. Il se voit refusé de la sélection même s’il se présentait après.

Alors une fois que le lutteur n’est pas sélectionné pour quelque raison que ce soit, il se rabat sur une région qui n’a pas encore bouclé sa sélection. S’il est reconnu de grande qualité, il peut être accepté même si la sélection est bouclée ; il prendra ainsi la place d’un autre moins valeureux que lui.

Comme on le voit, plusieurs raisons peuvent justifier le nomadisme d’un lutteur. Dans le temps, le règlement de la FENILUT ne donnait pas d’alternatives aux lutteurs en situation de non sélection dans sa région. Il ne pouvait plus participer à la compétition une fois que sa région ne voulait plus de lui. C’est ainsi que plusieurs talents ont été injustement privés de compétition toute une saison durant.

De nos jours cette injustice a été réparée et un lutteur peut se retrouver dans l’une des huit équipes des huit régions du pays. La FENILUT et même les populations saluent beaucoup cette initiative qui a l’avantage de renforcer non seulement la compréhension des principaux buts de l’événement qui reposent sur la recherche de la cohésion nationale. Dans un contexte sécuritaire extrêmement délétère comme le nôtre, nous avons besoin de tel acte pour consolider l’unité nationale afin de serrer les coudes contre l’ennemi commun. Ainsi le lutteur nigérien n’est nullement régional ; mais NATIONAL ; il peut se retrouver au sein de n’importe quelle sélection des huit régions du pays ; l’essentiel est qu’il n’ait pas eu à briguer le sable.

Ceci dit, pour véritablement saisir les enjeux autour de cette innovation, il faut faire l’effort de se dépassionner. Si les lutteurs eux-mêmes sont d’accord pour nous montrer la bonne voie à suivre, nous spectateurs et supporteurs devons davantage témoigner d’esprit de tolérance et d’acceptation des différences. On doit tourner la page de tout événement qui aurait causé le départ du lutteur d’une région pour jeter son dévolu sur une autre. Les contradictions et incompréhensions doivent être tues et accepter et même encourager son choix. Avant tous, c’est « Le NIGER qui gagne ; c’est nous on MANGE ».

Amadou Madougou