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Niger Terra nullius, terre sans maître ? : Par Dr Farmo Moumouni

 
Quelles victoires, une armée suréquipée, forte de plusieurs milliers d’hommes, qui pendant une décennie n’a pu vaincre quelques hordes de terroristes, peut-elle remporter, au Mali ou ailleurs au Sahel ?
Cette armée peut être suspectée de faire autre chose que combattre des terroristes. Une telle armée dont l’inutilité n’est plus à prouver ne mérite pas d’avoir ses quartiers généraux sur nos terres. Le Mali l’a bien compris, en remerciant l’armée franco-européenne, Barkhane-Takuba.
Nous vivons des moments exceptionnels. Nous sommes témoins de la libération inéluctable du continent africain parvenue à une de ses étapes après six longs siècles de servitude. Le retrait de l’armée française d’une ancienne colonie, le Mali, en est un des signes probants. Dans ce contexte, tout gouvernement sahélien qui, sur nos terres, accueille cette armée d’occupation, et qui ouvre ainsi la voie à la déstabilisation, à la recolonisation et à l’asservissement du continent, se déclare de facto ennemi de son peuple, de son pays et de son continent. Il s’érige en obstacle éphémère contre l’indépendance et la liberté.

Or, c’est par la voix d’Emmanuel Macron qui n’est pas président du Niger, mais de France que les Nigériens apprendront que leur terre accueillera cette armée « avec l’accord des autorités nigériennes, des éléments européens seront repositionnés aux côtés des forces armées nigériennes, dans la région frontalière du Mali »

L’armée d’occupation part du Mali pour s’installer aux frontières du Mali ! Autant dire que cette armée met le siège devant le Mali avec le consentement des autorités dévouées du Niger.

Mais de cette autre autorité nigérienne au-dessus de Bazoum Mohamed et de ses collaborateurs, celle du peuple nigérien, qu’a-t-on fait ? Un objet de mépris et de dédain. On la méprise au point de ne point demander son avis. On la dédaigne au point de l’informer par la bouche d’un président étranger. Mais encore, suprême humiliation ! On l’astreint à accepter une armée qui à bout portant a ouvert le feu sur des enfants, qui a assassiné ses enfants, sur ses terres, à Téra, impunément !

Nul n’a le droit de faire du Niger un État paria.

Je sais, il faut de tout pour faire un pays, que les opinions sont toujours contradictoires, et qu’on ne peut empêcher leur expression. Que les soumis continuent à se soumettre, que les béni-oui-oui continuent d’acquiescer, que ceux qui ne peuvent vivre sans maîtres continuent d’obéir, l’essentiel est qu’au-dessus d’eux s’élève l’intérêt du Niger porté par une masse de Nigériens et de Nigériennes qui refuse la sujétion, qui désavoue l’intolérable et répudie la honte.
Que chacun assume ses responsabilités et joue son rôle, au meilleur de ses capacités, dans l’intérêt supérieur du pays.

Que les citoyens saisissent leurs droits et libertés et les exercent.

Que le parlement parlemente et légifère dans l’intérêt du Niger.

Que la société civile s’active et défende les droits de l’homme nigérien.

Que l’opposition se réveille et s’oppose aux maux qui assaillent le pays.

Que les hommes de loi observant la justice, ajustent leurs toges et disent le droit.

Que l’armée assure la défense de l’intégrité du territoire national.

Que les intellectuels sortent du mutisme, expliquent, s’engagent et prennent position.

On ne peut exiger de personne qu’il acclame son bourreau.

Chacun n’aura fait que respecter la Constitution de son pays.

Farmo M.