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Amères vérités - Le Cnsp face à la décision difficile : inculper Issoufou Mahamadou ou non ?

ISSOUFOU MAHAMADOU NIGERAmères vérités :  Si le Cnsp, dont le président est aujourd’hui le chef suprême de la magistrature, refuse de faire inculper Issoufou Mahamadou pour des délits et crimes dans lesquels il a pratiquement agit en flagrant délit, c’est qu’il aura choisi de suivre cette voie des plus rocambolesques au regard du serment fait et répété par le général Tiani.
Les membres du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (Cnsp) ont-ils réellement conscience de la désaffection que des milliers, voire des millions de Nigériens ont de plus en plus vis-à-vis de leur pouvoir ?

Ont-ils réellement conscience que leur tendon d’Achille, c’est la justice ? Ont-ils conscience qu’en refusant de faire droit aux attentes du peuple nigérien, ils font le jeu du même régime qu’ils ont déclaré avoir déchu du pouvoir ?

Ont-ils conscience qu’ils sont, en train, ce faisant,, de prendre parti pour des individus, tout au plus un clan au détriment du peuple nigérien, épris de justice sociale et de justice tout court ?

La vérité est amère, mais elle est sans doute meilleure conseillère que le mensonge, le faux et la duplicité dans lesquels des opportunistes de tous bords et des laudateurs veulent enfermer de vaillants officiers. Il ne faut ni se voiler la face ni essayer de noyer le poisson. La vérité n’a pas besoin de fioritures pour être connue. Elle n’a pas non plus besoin de fard pour être acceptée. La vérité, c’est la voie de Dieu, celle que vous inspire le bon sens et l’attachement aux valeurs sociétales. Le Cnsp ne peut l’ignorer d’autant plus qu’il a fait de la promotion des valeurs le pilier de sa conduite. Seulement, pour inculquer des valeurs aux plus jeunes et espérer les voir les porter pour les transmettre à leur tour aux générations futures, il ne suffit pas de parler, il faut donner l’exemple.

Pour dire les choses comme elles se présentent, disons que le Cnsp est en perte de vitesse dans les coeurs des Nigériens et si rien n’est fait pour arrêter ce haut-le-coeur qui se protège, ce sera une autre nouvelle tragédie du genre que celle que les Nigériens ont subie, près de 13 ans durant. Les récentes manifestations pour demander le départ des troupes américaines ont été un fiasco, aussi bien du point de vue du nombre de Nigériens qui y ont participé que sur le plan des efforts consentis pour arriver à un tel résultat. Si le Cnsp ne le sait pas, des acteurs notoirement connus des Nigériens ont prêté leurs mains à cette opération ubuesque et ils ont utilisé les moyens qu’ils ont toujours utilisés en pareille circonstance.

Personne ne dénie à ces organisations de la société civile le droit de prendre leur part de devoir patriotique dans cette lutte pour la souveraineté nationale. C’est une excellente chose et il faut s’en féliciter. Cependant, les Nigériens, dans leur écrasante majorité, ne cautionnent pas une organisation de la société civile qui semble uniquement préoccupée par le départ des troupes étrangères de notre sol sans revendiquer, pour servir de leçon et de boussole pour demain, que les auteurs, co-auteurs et complices des actes incriminés soient punis à la hauteur de leurs actes. C’est cela qui fait la popularité, la réputation et le prestige des animateurs du Front patriotique et pas autre chose. Ils ont compris que les Nigériens sont profondément allergiques à l’injustice et que pour être en phase avec eux, il suffit de s’aligner sur cette logique : agir pour que demain ne soit pas à l’image d’hier.

Si les membres du Cnsp travaillent effectivement à l’émergence d’un Niger nouveau débarrassé des tares dénoncées dans la toute première déclaration publique du général Tiani, il est clair qu’il ne risque aucun conflit avec le peuple nigérien. Et tout le monde sait que la source du conflit qui est en train de germer, c’est la justice et l’inertie du Cnsp par rapport à de graves scandales dont l’issue fatale est forcément un procès équitable pour faire la lumière sur les affaires incriminées. Il en est ainsi du prêt de 1000 milliards auprès d’Eximbank de Chine, contracté par Issoufou Mahamadou à l’insu de l’Assemblée dont il était pourtant tenu, constitutionnellement, de requérir l’avis préalable. On ne sait même pas ce qu’il en a fait et l’on veut que les Nigériens passent l’éponge sur une affaire aussi gravissime. Il en est aussi de l’achat de l’avion présidentiel, du détournement et de la vente des 15 000 tonnes de riz de l’aide alimentaire pakistanaise, de la dilapidation de matériels divers de la Soraz, des cadeaux fiscaux aux téléphonies cellulaires Orange et à Airtel, du MDNgate, du contentieux avec Africard, etc.

Il est indécent, totalement indécent, de vouloir que les Nigériens, au nom d’une lutte pour la souveraineté vis-à-vis d’États étrangers, acceptent d’oublier que ces mêmes toubabs impérialistes ont été aidés, protégés et imposés par des compatriotes qui ont mis en avant leurs seuls intérêts. Ils sont là, vivants et leurs actes, notoirement connus pour offrir la moindre excuse à qui que ce soit.

Ce n’est pas la traduction en justice d’un Issoufou Mahamadou et/ou de tout autre acteur impliqué dans les graves affaires qui va compromettre la lutte pour la souveraineté nationale. Au contraire, elle va être le levain qui va galvaniser les Nigériens et soutenir la lutte par un engagement volontaire de tous les filles et fils de ce pays.

La vérité est amère, mais elle est meilleure conseillère. Le Cnsp doit rapidement créer les conditions d’une harmonie nationale en donnant la latitude et l’instruction publique à la justice de procéder à l’inculpation d’un certain nombre d’acteurs clés, que l’on sait impliqués dans de graves affaires. Il s’agit, bien sûr, d’abord de l’ancien président Issoufou Mahamadou, au minimum pour l’affaire des 1000 milliards et de multiples violations de la constitution de la 7e République.

Si le Cnsp, dont le président est aujourd’hui le chef suprême de la magistrature, refuse de faire inculper Issoufou Mahamadou pour des délits et crimes dans lesquels il a pratiquement agi en flagrant délit, c’est qu’il aura choisi de suivre cette voie des plus rocambolesques au regard du serment fait et répété par le général Tiani.

Si ces graves affaires ne sont pas jugées, le Cnsp peut être certain qu’il a déjà échoué dans la refondation de la gouvernance. Nous l’avons dit et répété, on ne tresse pas sur des poux.

BONKANO (Le Canard en furie)