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Problématique de l’emploi des jeunes au Niger : La jeunesse face à l’impératif des années d’expériences…

De plus en plus la promotion de l’emploi des jeunes occupe le centre de discours et des priorités des pouvoirs publiques dans plusieurs pays Africains et au Niger, où la plupart des jeunes diplômés sont en situation de chômage auquel il faut ajouter les sans-emplois et les non-scolarisés. Selon l’Organisation internationale du Travail (OIT), en 2022, le taux de chômage des jeunes nigériens âgés de 15 à 29 ans était de 23%. Un véritable manque à gagner !

Avec une population de plus de 25 millions d’habitants en 2021 dont en grande majorité jeune, la problématique de l’emploi au Niger demeure un défi majeur, exacerbée par divers facteurs socio-économiques. Parmi ceux-ci, notons l’exigence croissante d’une expérience préalable en ce qui concerne les appels d’offres créant ainsi un obstacle significatif pour les jeunes diplômés en quête de travail.

En effet, du point de vue recrutement dans le secteur privé, la jeunesse semble n’avoir que peu de chance vu que la plupart des appels d’offres requiert un certain nombre d’expériences. Cette exigence d’une expérience professionnelle préalable dans les appels d’offres constitue le plus souvent une véritable barrière pour les jeunes diplômés. D’une part, les entreprises, en quête d’efficacité immédiate, privilégient des candidats ayant déjà acquis une expérience, excluant ainsi les diplômés récents du processus de recrutement. D’autre part, cette barrière crée une lacune d’opportunités pour les jeunes, qui se voient confrontés à un dilemme paradoxal : comment obtenir de l’expérience sans avoir d’abord eu la chance d’avoir un emploi?

Cette dynamique contribue à la persistance du chômage chez les jeunes diplômés au Niger, entravant ainsi leur accès au marché du travail formel. Elle renforce également les inégalités d’opportunités, car elle favorise ceux qui ont déjà une expérience professionnelle. De plus, cette exigence peut conduire à un manque d’innovation et de diversité dans les entreprises, en limitant la variété des perspectives apportées par les jeunes talents.

« Les employeurs doivent revoir leurs critères complexes et discriminatoires en donnant la possibilité à tout un chacun en fonction de son niveau de performance, d’intelligence de pouvoir être compétitif » a indiqué Mounira Chaibou, détentrice d’une licence en sociologie.

Cet écart important entre l’offre et la demande sur le marché de l’emploi pousse certains jeunes diplômés à candidater davantage aux différents concours des forces de défenses et de sécurité (FDS) mais aussi et surtout ceux en inadéquation avec leur profil. « Nous avons l’obligation morale de faire les concours des FDS vu le nombre d’expériences exigées dans les appels d’offres. Et ce qui fait le plus mal aujourd’hui est que même le pour accéder au simple stage dans certaines entreprises à Niamey, il faut être dans le réseau des parents, amis et connaissances (PAC) » a laissé entendre Ibrahim Moussa détenteur d’un master en comptabilité. De l’avis du Socio-anthropologue monsieur Abouzeidi MAIDOUKA de la Corporation d’Experts pour des Nouvelles Perspectives en Sciences sociales, un cabinet de conseils CNP-Niger les critères relatifs à une très longue expérience seraient fonction des enjeux liés aux postes à pourvoir sur le plan de la qualité de services mais aussi le statut et/ou la réputation de la structure qui recrute. « Lorsqu’une organisation ou institution intervient au-delà des frontières locales, nationales ou lorsque l’accomplissement des attributions, les responsabilités relatives au poste sont nécessaires, très importantes pour que cette organisation puisse trouver des fonds ou des bailleurs de fonds, il est bien compréhensible ou justifiable qu’on place des personnes sur lesquelles on a aucune crainte ni doute c’est-à-dire des personnes aguerries, compétentes, posées et méritantes » a-t-il expliqué. Cependant, selon lui un critère rare à remplir, pourrait avoir des impacts considérables sur la génération future et le développement du pays en général. Cela peut être perçu au moins à trois niveaux à savoir niveau individuel, familial et des groupes des jeunes femmes et hommes en quête d’emploi et enfin niveau national. « Alors en tant que structure de jeunesse, notre rôle sera de pousser l’analyse pour qu’ au final nous puissions arriver à faire un plaidoyer qui prendra en compte nos statuts de jeunes diplômés et un traitement juste et équitable en nous donnant la possibilité de pouvoir faire le stage. Mieux, c’est de pouvoir règlementer la période du stage sur une durée de 3 mois minimum et 6 mois maximum, pour mettre fin à l’exploitation que subissent les jeunes à qui on donne de l’espoir d’être recrutés afin de les maintenir et ce, pour combler le vide car le besoin est toujours là » a indiqué Ousseini Daouda Abdou, membre du conseil National de la jeunesse (CNJ). Pour rappel, le chômage des jeunes constitue au Niger l’une des principales causes de la pauvreté, des déviances et l’exclusion sociale. Par ailleurs, l’inadéquation entre la formation et les besoins du marché de l’emploi sont entre autres facteurs entravant le chômage des jeunes. C’est pourquoi selon le Socio-anthropologue monsieur Abouzeidi MAIDOUKA « Les jeunes doivent surtout garder espoir, persévérer dans la quête d’emploi avec méthode, et se préparer perpétuellement pour prévenir ou affronter les obstacles de tentation, les obstacles de paresse, de découragement. Ils doivent croire en eux et savoir saisir les opportunités dignes qui s’offrent en eux. Que ces jeunes sachent qu’en dehors des institutions étatiques, des organisations privées, ils ont bien d’autres champs où ils pourraient faire valoir leurs compétences tels que l’entreprenariat et autres. Enfin ils doivent bien assimiler la philosophie selon laquelle ‘’il n’y a pas de sous métiers‘’ » a-t-il conclu.

Hannatou Daouda