Fin de la 60ème Session Ordinaire de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples : Des progrès différenciés et par endroits notables malgré la persistance des facteurs négatifs sur le continent
Les travaux de la 60ème session ordinaire de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples(CADHP) ont pris fin hier, avec une cérémonie présidée par le Premier Ministre nigérien S.E Brigi Rafini, au Palais des Congrès de Niamey. Ouverte, depuis le 8 mai dernier, cette session a été marquée par l’organisation de plusieurs panels, de discussions interactives et informatives sur des thématiques d’actualités relatives aux droits de l’homme, avec la participation des Délégués des Etats, et d’autres acteurs non étatiques. Des échanges enrichis par la contribution des hauts cadres nigériens par leur expérience au niveau national. Un communiqué final a sanctionné la fin des travaux. Pour la clôture de la session, le Premier Ministre nigérien a prononcé une importante allocution dans laquelle il a fait un tour d’horizon de la situation des droits de l’Homme au Niger, tout en soulignant quelques avancées notables enregistrées dans le domaine. (L’intégralité du discours du Premier Ministrre ci-dessous).
Dans son allocution introductive l’honorable commissaire Soyata Maiga Vice-présidente de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, a adressé une motion spéciale aux autorités nigériennes pour avoir bien voulu accueillir cette 60ème session en terre africaine du Niger, en ne ménageant aucun effort, pour son bon déroulement et la réussite de leurs travaux, à travers entre autres la mise en place de conditions de travail, de partage et de convivialité appropriées. Parlant de la CADHP, Me Soyata Maiga a précisé qu’elle a su instaurer un dialogue permanent et ininterrompu avec toutes les parties prenantes et a, de ce fait atteint un niveau inégalé, dans la prospection, l’évaluation et l’analyse situationnelle des droits de l’homme ainsi que dans la formulation de recommandations adaptées et pertinentes, de nature à favoriser une protection efficace des droits fondamentaux des populations.
«Un regard rétrospectif sur la situation des droits de l’homme dans nos pays, nous permet d’affirmer que nonobstant la persistance de plusieurs facteurs négatifs et un environnement hostile et fragilisé, caractérisé par les crises, les conflits, l’insuffisance des ressources financières disponibles, la propagation des épidémies auxquelles le continent reste confronté, des progrès différenciés et par endroits notables, ont pu être réalisés çà et là » a-déclaré la Vice présidente de la CADHP, avant de revenir sur le cas spécifique du Niger. L’Honorable commissaire Soyata Maïga s’est félicitée de la qualité de la collaboration que son organe a toujours entretenue avec le Niger à travers la participation de ses délégués à toutes les sessions de la commission, et la soumission de ses rapports périodiques à l’examen de la commission africaine dont le plus récent en Avril 2015.
Le Niger, a-t-elle relevé, présente des rapports qui donnent des indications détaillées sur les développements positifs intervenus dans la promotion et la protection des droits de l’homme, notamment dans le domaine de l’éducation, de la santé, de l’accès des citoyens à la justice, à la sécurité alimentaire mais aussi sur les contraintes sécuritaires nationales et régionales, auxquelles le pays fait face avec leurs conséquences négatives sur les capacités financières du pays ainsi que sur les programmes à réaliser au profit des populations. La Vice- Présidente de la CADHP s’est félicité des mesures prises par certains pays comme le Tchad, le Niger, le Soudan du Sud, de la Centrafrique, de Sao Tomé et Principe et Cap Vert en 2015, 2016 et 2017. Selon Me Soyata Maïga, la Commission a salué entre autres, l’expérience partagée du Niger dans la promotion du droit à l’alimentation à travers la présentation de l’initiative dite des « 3N » « les Nigériens Nourrissent les Nigériens », tirée du Programme de Renaissance du Niger initié par le Président comme étant une bonne pratique, dans un domaine essentiel caractérisé dans plusieurs pays, par l’insécurité et la vulnérabilité des populations, en particulier, les femmes et les jeunes vivant dans les zones rurales et pauvres.
Aïssa Abdoulaye Alfary (ONEP)
Clôture de la 60ème session de la Commission africaine des Droits de l’Homme et des Peuples : «Il est réconfortant de voir les progrès enregistrés par le Niger quand on jette un regard rétrospectif sur le passé» déclare SE Brigi Rafini
Mesdames et Messieurs les Membres du Gouvernement,
Mesdames et Messieurs les Ambassadeurs, Chefs de missions diplomatiques et Représentants des Organisations Internationales,
Madame la Présidente de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples,
Mesdames et Messieurs les Commissaires,
Honorables Chefs traditionnels,
Distingués invités, Mesdames et Messieurs,
Après deux semaines d’intenses travaux, consacrés à des séances publiques et privées, vous voilà arrivés aujourd’hui au terme de vos assises; je voudrai à nouveau vous remercier pour la confiance placée en mon pays pour abriter cette session. Je voudrais également ici féliciter le Comité d’Organisation national et la Commission Africaine des Droits Humains et des Peuples pour la qualité de l’organisation mais aussi et surtout pour la réussite des travaux de cette 60ème session.
Mesdames et Messieurs,
La session de Niamey, a coïncidé avec le 30ème anniversaire de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples. Elle aura permis à tous les acteurs des droits de l’homme, qu’ils soient Etats, société civile ou ONG, de s’exprimer librement sur toutes les problématiques de droits humains touchant particulièrement aux droits civils et politiques ou
encore aux droits économiques sociaux et culturels. C’est le lieu pour moi de saluer les efforts remarquables de votre Commission qui continue (malgré les difficultés de tous ordres qu’elle rencontre), d’assurer sa noble mission de promotion et de protection des droits humains sur notre Continent.
Mesdames et Messieurs,
Cette session qui s’achève a été l’occasion de faire un examen sans complaisance de la situation des droits de l’homme sur notre Continent, situation qui, il faut le reconnaitre, est caractérisée par la persistance du phénomène de terrorisme et les conflits internes, les changements climatiques, le désœuvrement de la jeunesse, et diverses atteintes aux droits et libertés. Des thématiques fortes comme la prévention de la torture, l’abolition de la peine de mort, l’action de la police lors des rassemblements, la liberté d’expression, ou encore le droit à l’alimentation ont été abordées ; sur toutes ces questions, nous devons à la vérité, de reconnaitre que beaucoup reste à faire. En effet, si pour mettre fin à certaines violations des droits humains, il ne suffit que de la volonté et de l’engagement des gouvernants à réaliser les réformes juridiques et institutionnelles qui doivent régir l’exercice de ces droits et libertés, d’autres droits humains en revanche,
supposent pour leur réalisation, la mobilisation de ressources financières considérables.
Mesdames et Messieurs,
Vous avez aussi, eu, lors de cette session, à examiner dans le cadre du Mécanisme Africain d’Evaluation par les Pairs, les rapports de plusieurs Etats parties ainsi que les rapports de mise en œuvre de la Charte conformément aux dispositions de l’article 61 ; ce qui vous a permis de faire l’état des lieux de la protection et de la promotion des droits de l’homme des pays ayant été examiné. Les échos qui nous sont parvenus sur le déroulement de cette session nous fondent à penser qu’au Niger comme dans tous les pays du Continent, la situation des droits civils et politiques, doit être améliorée pour promouvoir la démocratie et l’état de droit sans lesquels, les libertés des citoyens ne sauraient s’épanouir et la bonne gouvernance promue ; cette conquête des droits de l’homme exige que des
efforts supplémentaires soient consentis par les gouvernants qui ont l’obligation de les garantir et par tous les acteurs desdits droits qui en sont les bénéficiaires.
Mesdames et Messieurs,
Il est réconfortant de voir les progrès enregistrés par le Niger quand on jette un regard rétrospectif sur le passé. Oui, je puis l’affirmer, la réalisation des droits civils et politiques prévus aux articles 3 à 11 de la Charte, a connu, des progrès substantiels. Je citerai à titre d’exemple, l’interdiction de l’esclavage considéré comme une atteinte à la dignité humaine et sanctionné comme telle, au même titre que les infractions de traite et de trafic des êtres humains, et pour lesquelles un dispositif
institutionnel de lutte a été mis en place pour réduire, voire éradiquer ces phénomènes. Il en est de même pour le droit à la sécurité qui constitue dans le contexte actuel, une préoccupation constante de mon gouvernement qui ne
ménage aucun effort pour l’assurer à nos différentes frontières et défendre l’intégrité territoriale ; le Niger comme vous le savez, fait face à de nombreux défis sécuritaires : celui du groupe terroriste boko haram dans le sud-
est du pays, aujourd’hui contenu grâce aux efforts conjugués des pays du bassin du lac Tchad, ainsi que ceux du nord Mali et de la Libye qui ont fortement accru les risques d’insécurité dans la partie septentrionale de notre pays.
Mesdames et Messieurs,
Les indicateurs de certains droits économiques, sociaux et culturels, notamment en matière de santé, d’éducation, à la liberté d’expression et du droit à l’alimentation pour ne citer que ceux-là sont en nette progression.
L’expérience inédite de l’I3N, mise en œuvre depuis 5 ans et dont l’objectif à l’horizon 2021 est la faim zéro, a permis au gouvernement d’obtenir des résultats significatifs (atteinte de l’OMD 1) et l’adhésion de nos concitoyens qui ont pris conscience qu’il n’y a pas de fatalité ou adversité à
laquelle l’homme, par un engagement résolu, ne puisse répondre. S’agissant de la liberté d’expression et de la Presse, il vous souviendra que la Président de la République, SEM Issoufou Mahamadou est le premier Chef d’Etat africain à avoir signé la Déclaration de la Montagne de la Table. Cet acte plein de symbole a été poursuivi par l’adoption d’une loi portant dépénalisation des délits commis par voie de presse, l’accroissement du Fonds d’Aide à la Presse et l’adoption très bientôt d’une Convention Collective pour le secteur de la Presse.
Mesdames et Messieurs,
La protection et la promotion des droits humains constituent un enjeu mondial et régional ; à l’échelle de notre continent, les actions menées révèlent une réelle prise de conscience quant à la nécessité de renforcer l’intégration et d’asseoir des regroupements économiques susceptibles de servir de leviers au développement de nos pays mais cela suppose de l’engagement. Le Président de la République à l’occasion de l’ouverture de la présente session ne déclarait-il pas, je cite « … je m’engage à poursuivre dans nos différentes instances, ce plaidoyer en faveur du renforcement de cette unité d’actions sur laquelle repose l’intégration des peuples au niveau du continent et de toutes les autres instances régionales et sous régionales, convaincu que seule cette unité peut nous permettre d’offrir à nos peuples l’espérance d’une vie meilleure et de réelles perspectives de développement ».
Cet engagement du Niger porté par son Président, est donc la meilleure illustration de la nécessité de renforcer l’unité, de promouvoir la démocratie et l’état de droit, pour qu’ensemble dans un même élan de solidarité, nous puissions tendre résolument vers la réalisation des aspirations de nos peuples. La promotion et la protection des droits de l’homme sur le Continent, Nous y croyons, nous y croyons parce que nous avons foi aux idéaux
de paix, d’intégration des peuples et des nations portés par les pères fondateurs de notre organisation continentale. Plus qu’une croyance, c’est un pari sur l’avenir que nous devons relever quant à nos capacités à réaliser les grands défis de l’unité et de l’intégration africaine.
Mesdames et Messieurs,
La session de Niamey s’achève certes, mais elle doit être l’occasion pour la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples, de poursuivre ses efforts en vue de la promotion et de la protection des droits de l’homme sur le Continent. Par ailleurs, le Niger se félicite de l’adoption d’une résolution, au cours de la session de Niamey, créant un cadre de concertation entre pays africains exploitant des ressources minières pour que les mines financent le développement de l’Afrique. Sur ce, je déclare clos les travaux de la 60ème session de la Commission Africaine des Droits de l’Homme et des Peuples.
Je vous remercie de votre aimable attention.
23 mai 2017
Source : http://lesahel.org/
(ONEP)