Arrestation de Max/volte-face de l’Opposition : Hama Amadou à la manœuvre

Hama AmadouL’interpellation à la Police judiciaire du président du FRDDR le lundi 15 mai 2017 a suscité dès le lendemain, une réaction énergique du front de l’Opposition qu’il préside. Un ultimatum coulant jusqu’à la fin du délai de garde-à-vue avait alors été donné au gouvernement. La réponse de ce dernier a été, sans surprise, un déploiement excessif des forces de l’ordre dans toute la ville de Niamey. Le régime du président Issoufou a ainsi dévoilé son extrémisme à aller jusqu’au bout, advienne que pourra. Le FRDDR, qui ne pouvait être surpris de cette réaction pour le moins nerveuse n’avait qu’à passer à l’action, du moins à l’affrontement avec la force publique. Telle était la dynamique du pouvoir conforté par le placement sous mandat de dépôt du président Max. Rien n’y fit pourtant. L’Opposition est restée dans son coin, provoquant le courroux de ses partisans, les plus extrémistes. Pourquoi cette volte-face ?

Nous tenons de sources non officielles que l’opposition FRDDR, après sa déclaration du 16 mai 2017, n’a pas transigé ni par peur, ni à cause de la fermeté dont le gouvernement a fait montre. L’opposition a dilué son vin parce que son patron Hama Amadou ne veut pas de casse et il l’a fait savoir. Le président du MODEN FA ne juge pas utile d’opposer les militants dans un affrontement avec les forces de l’ordre. Parce que c’est de cela qu’il s’agit. Les hommes qui animent le régime ne sont à la base des multiples provocations que, parce qu’ils se cachent derrière la force publique. Ils savent pertinemment que ce ne sont pas eux qui iront au « front » combattre l’Opposition politique mais ils enverraient les frères, fils, camarades et parents de ceux-ci pour les défendre. Dès lors, l’argument du courage est biaisé. C’est quelqu’un qui déclenche les hostilités mais, il envoie un autre se battre à sa place. Répondre aux provocations d’une nature n’est pas affronté le provocateur mais, bien accepté de tomber dans le piège de l’adversaire caché quelque part derrières les buissons. Ça, le FRDDR le savait avant de lancer son ultimatum. Mais, il n’avait certainement pas compté avec la nature pacifiste de Hama Amadou. On se rappelle, quelques temps après la rupture de son alliance avec le président de la République Issoufou Mahamadou, le président du MODEN FA Lumana, lors d’un meeting à la rive droite de Niamey, avait déclaré devant son public « si mes partisans doivent mourir pour que je sois président de la République, alors, je renonce à mon ambition ! » Cette profession de foi que l’on voyait, en son temps, comme de simples paroles d’un politicien est, aujourd’hui, démontrées, prouvées. Ce n’est d’ailleurs pas la première fois que Hama Amadou désamorce une escalade de violence dans le pays. Le mercredi 16 mars peu avant son évacuation de la prison civile de Fillingué en France pour raison de santé, le Président de Lumana avait dit aux belliqueux de son camp « je ne veux pas de troubles le 20 mars » date de la présidentielle deuxième tour qu’il disputait depuis sa prison au président de la République sortant Issoufou Mahamadou. Ce fut l’une de ses dernières instructions avant de monter à bord de l’hélicoptère devant l’amener dans les environs de 15 heures locales. Plus d’une année après, Hama Amadou préfère une fois de plus la stratégie politique à la confrontation.

 

Une finesse politique.

Au lieu de laisser ou pousser ses partisans du FRDDR à une confrontation avec la force publique et dont nul ne peut prédire les conséquences sur le pays, le chef de file de l’opposition nigérienne a préféré jouer en stratège. Ce qui contrarie sérieusement les plans du régime qui se voit obligé de garder ses muscles qu’il voulaient détendre pour décapiter ce qu’il en reste de son Opposition. Maintenant, Hama Amadou ne lui donne d’autres choix que d’affronter – cette fois sans le soutien de la force publique – les monstrueux défis qui l’attendent. Nul besoin d’être expert en quoi que ce soit pour savoir que des troubles politiques auraient permis à la Renaissance de gérer ou du moins de mettre en veilleuse beaucoup qui l’assaillent. En cas d’affrontements entre populations et force de l’ordre, toutes les revendications des syndicats, notamment, ceux des enseignants, des médecins spécialistes, des agents des régies financières et tutti quanti seront vite oubliées. La seule préoccupation de l’heure serait de ramener la sérénité. Autre avantage que le régime pourrait en tirer, c’est de pouvoir resserrer ses propres rangs. C’est un secret de polichinelle, le parti au pouvoir PNDS-Tarayya est au bord de l’éclatement tandis que la majorité présidentielle peine à cacher ses divergences. Les suspicions dans les entrailles de la Mouvance présidentielles sont criardes. Des troubles provoquées par l’opposition auraient permis de taire toutes ces divergences et faire front commun pour défendre le régime contre son principal « ennemi ». Mais en agissant comme il l’a fait, c’est comme si le FRDDR dit : « ne les aidons pas à régler leurs problèmes, laissons-les y faire face jusqu’à épuiser toute leur énergie ».

Et de problèmes, Dieu sait que la Renaissance en a. ils ne font que s’empirer, d’ailleurs. L’argent liquide manque de plus en plus ; la confiance des partenaires se perd progressivement au point où même obtenir une dette ou des obligations du Trésor est devenu compliqué ; la patience des partenaires sociaux pointe vers ses limites et, par-dessus tout, la cohésion s’effrite au jour le jour au sein de la coalition au pouvoir et du parti présidentiel. Autant dire, un cocktail instable capable de se passer de la brindille d’allumette. Désormais donc, la Renaissance ne peut que compter sur son propre génie pour résoudre ses problèmes, l’opposition ayant décidé de ne point l’en aider.

1er juin 2017
Source : L'Eclosion

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