La société civile nigérienne et la loi des finances 2018 : La prochaine lutte citoyenne prise au piège de la politique
La société civile ne désarme pas. Elle cherche son jour. Et, tout semble indiquer qu’elle veut le trouver dans la loi des finances 2018. Au risque de se faire prendre dans le piège de la classe politique.
L’opposition politique tapie dans l’ombre de la société civile
Aussitôt que la société civile a sonné la cloche de la mobilisation citoyenne contre le projet de loi des finances qui, selon elle, est truffé de mesures fiscales insupportables, aussitôt l’opposition politique a pointé son nez à la porte. Des sources affirment avoir aperçu des têtes bien connues dans le milieu du Front pour la Restauration de la Démocratie et la Défense de la République (FRDDR) à des réunions informelles de la société civile, avec des contributions qui vont au-delà du simple soutien. Si l’on prend ces informations largement sur des pincettes, sur les réseaux sociaux la connivence saute aux yeux. Ce sont des profils d’animateurs bien connus d’un parti membre du FRDDR qui partagent et relaient la manifestation projetée le 11 novembre prochain par la société civile contre les mesures fiscales annoncées dans le projet de loi des finances 2018. Comme quoi, la jonction société civile-société politique est en marche. Tout ce qui risque d’ôter aux prochaines actions citoyennes envisagées un caractère apolitique.
La Majorité au pouvoir pas du tout convaincue de la lutte citoyenne
Comment convaincre la majorité au pouvoir que les appels à la mobilisation lancés par les organisations de la société civile ne sont pas téléguidés par ses adversaires politiques ? C’est là, toute l’équation que doit résoudre la société civile pour pouvoir amener l’interlocuteur gouvernemental sur la table des pourparlers. C’est là, une équation difficile à résoudre au regard de plusieurs précédents notamment l’alliance nouée récemment entre le FRDDR et quelques organisations de la société civile au tour de la thématique dite « Restauration de la démocratie » dans un pays où l’opposition politique participe à tous les débats dans le cadre règlementaire à l’Assemblée Nationale.
Voilà donc la prochaine lutte citoyenne prise au piège de la politique. A quand l’émergence d’une société civile apolitique véritablement indépendante ? Histoire de donner suite à la préoccupation largement partagée quant au changement de la classe politique actuelle.
Oumarou Kané
19 octobre 2017
Source : La Nation