Déclaration du principal parti au pouvoir sur la situation du pays Qu’est-ce qui fait si peur aux responsables du PNDS-TARAYYA ?
Le 22 mars dernier, le Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-TARAYYA) a publié une déclaration à propos de la situation sociopolitique et économique nationale. La violence des mots et expressions utilisés dans cette déclaration traduisent une certaine peur qui semble s’être emparé des responsables du principal parti au pouvoir.
Si la déclaration du PNDS-TARAYYA du 22 mars dernier n’avait pas été faite lors d’une cérémonie à laquelle prenaient part les principaux responsables de ce parti, beaucoup de Nigériens allait soutenir qu’elle n’émanait pas du Comité exécutif national, mais d’une structure locale du parti. En effet, cette déclaration est, aussi bien dans la forme que dans le fond, indigne d’un parti dit des intellectuels et, qui plus est, a toujours eu comme slogan «la force des arguments». En lieu et place des arguments, c’est plutôt à des insultes qu’on a eu droit dans cette déclaration du PNDS-TARAYYA. Des mots et expressions qu’on ne retrouve plus même dans les tracts estudiantins ont été abondamment utilisés dans cette déclaration. C’est le cas des expressions comme «apprentis sorciers», «une presse spécialisée dans le faux», «ce parti réduit à l’état de secte», «ces ennemis de la Démocratie et ces traitres à la nation», «AFRICARD est devenu pour eux une véritable cause qui sert de carburant à leur moral gravement affecté»…On pourrait encore comprendre un tel déploiement de la violence verbale si le PNDS-TARAYYA était à l’opposition. On pourrait mettre cela dans le compte de l’aigritude.
Mais quand c’est après six (6) de gestion du pouvoir que le parti des «intellectuels» sert aux Nigériens une telle écolière déclaration, il y a de quoi s’y attarder. Et le moins qu’on puisse conclure est qu’en faisant une telle prestation, les responsables du principal parti au pouvoir tentent, comme cet enfant qui se retrouve nez-à-nez face à un chien qui cherche à le mordre, de chasser difficilement une certaine peur qui leur monte des pieds à la tête. De quoi le tout-puissant ministre de l’Intérieur Mohamed Bazoum et ses camarades peuvent donc avoir si peur ? De ce «petit parti» qui s’appelle Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN-FA/LUMANA-AFRICA), dont le leader n’a recueilli que quelque 7% des suffrages aux dernières élections présidentielles, alors même que leur candidat, lui, a recueilli plus de 92% qu’aucun autre Président nigérien n’a eus avant lui ? Les responsables du PNDS-TARAYYA peuvent-ils aussi avoir peu de ces petites organisations de la société civile et ces quelques syndicats des enseignants «manipulés» par une opposition qui n’a qu’une dizaine de partis politiques, alors que la majorité au pouvoir regroupe plus de quatre-vingt (80) partis politiques ? Quoi qu’il en soit, il y a bien quelque chose de très sérieux qui a dû pousser Mohamed Bazoum et ses amis à sortir le 22 mars dernier pour s’attaquer de manière inélégante à l’opposition, à une «certaine presse» et à certains syndicats des enseignants. Se sont-ils, enfin, rendus compte que malgré leur discours populiste les Nigériens ne les écoutent plus ? Si c’est la dénonciation des différentes affaires qui les rend si coléreux, qu’ils se rappellent qu’il y a seulement quelques années c’était cela leur exercice favori, quand ils étaient à l’opposition. A cette époque et s’appuyant sur une «certaine presse» - qui s’est même attribué le célèbre titre de presse d’investigation – ils passaient tout leur temps à fouiller dans les services de l’Etat pour trouver des documents compromettants qu’ils publiaient, de fois sans le moindre respect au caractère confidentiel de certains documents. C’est avec eux que les Nigériens ont connu l’affaire dite Zainab, les LAP, les PSOP et autres. Pourquoi eux vont vouloir qu’aujourd’hui d’autres Nigériens se taisent sur leurs forfaitures, surtout que les leurs portent toutes ou presque sur des milliards de francs CFA, alors qu’avant c’était des affaires de quelque dizaines de millions ? Autant les opposants actuels voudraient que le pays tombe dans l’abîme parce qu’ils ne seraient pas au pouvoir, autant eux les responsables du PNDS-TARAYYA veulent que tout le monde arrête d’émettre la moindre critique sur la gestion des affaires de l’Etat parce qu’ils sont au pouvoir. Mais il leur faut prendre davantage des antidépresseurs car les Nigériens ne sont pas prêts à renoncer à l’exercice des droits que leur confère la Constitution de leur pays.
Oumar Aboubacar Mohamed
31 mars 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui