Immatriculé au Niger, le camion faisait route vers le port de Cotonou pour l’entreprise Areva, transportant de l’uranate, un élément oxydé qui permet, une fois transformé, de produire de l’uranium. Il était encadré par un convoi de police qui roulait, selon les témoins, à trop vive allure.
Rapidement, l’inquiétude a gagné la population, plusieurs internautes s’interrogeant sur la radioactivité, ou non, du produit. Le maire de la ville lui-même a rapidement demandé des précisions auprès des autorités et a fait installer un périmètre de sécurité autour du camion.
Des analyses rassurantes, mais...
Sur place, une délégation du ministère de l’Environnement, de la police, et d’Areva a tenu à rassurer les populations lors d’une conférence-débat organisée lundi : selon les premières analyses, le produit transporté présentait des rayonnements alphas et gamma deux à six fois inférieurs aux normes maximum. Le container ne s’étant pas fissuré, le produit n’a pas pu se répandre, limitant les risques de toxicité. Par mesure de précaution en revanche, les marchandises détruites par le camion, et en contact indirect avec le produit toxique ont été jetées.
Malgré cette communication, plusieurs habitants de Dassa-Zoumé contactés par France 24 nous ont expliqué être toujours inquiet quant à la réelle dangerosité du produit. Mardi matin, près de 48 heures après l’incident, une grue a été acheminée dans la ville pour remettre le camion sur pied, et l’acheminer au port de Cotonou.
"Deux jours pour acheminer une grue, ce n’est pas normal"
Au-delà de la dangerosité du produit, d’autres activistes s’interrogent sur l’encadrement de ces convois réguliers : des camions transportant de l’uranium empruntent régulièrement cette route reliant les entreprises basées au Niger vers le port de Cotonou, où les marchandises sont acheminées vers l’Europe. Clément Kotan, président de l’Unité de protection de l’environnement, a déjà dénoncé cette situation.
Ce dossier amène un problème épineux : ce type de convoi qui passe du Niger au Bénin doit être strictement encadré. Il doit par exemple prévoir quoi faire en cas d’accident dans les heures suivant le problème. Le fait qu’une grue n’ait pas pu être acheminée 2 jours après l’accident est une entorse à ces règles [selon l’article 84 de la loi cadre sur l’environnement, NDLR].
Nous avons dénoncé à plusieurs reprises les conditions de transport de ces produits, et le manque d’anticipation sur d’éventuels accidents, au détriment de la santé des Béninois [déjà dans un article publié en 2010, Ndlr]. Dans ce cas, l’histoire finit bien, mais cela doit nous servir de leçon.
"Un incident qui montre des failles" selon les autorités béninoise
Contacté par France 24, le professeur Martin Pépin Aina , directeur général de l’environnement et du climat du Bénin, reconnait que l’accident soulève des questions :
Cet incident révèle les failles quant aux précautions prises. Il n’est pas normal qu’il faille deux jours pour acheminer une grue, et nous devons faire en sorte de renforcer les mécanismes entre le ministère de l’Environnement et celui des Transports pour protéger les populations. Des lois relatives à la sureté et à la sécurité de la radioprotection au Bénin sont en cours d’études pour les semaines à venir et devront introduire ces réflexions.
Clément Kotan
15 février 2017
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