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jeudi, 12 janvier 2017 10:52

Lettre à mes compatriotes / Marche et meeting des partis de la MRN Niamey : Maigre moisson au vu des moyens mobilisés

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Marche Soutien Issoufou Mahamadou 08 01 2017Comme ils l’ont décidé, les partis membres de la Mouvance pour la Renaissance du Niger (MRN) ont donc marché et tenu un meeting, le dimanche 8 janvier dernier à Niamey, afin de répondre aux manifestations organisées par des organisations de la société civile le 21 décembre 2016. Cependant, malgré toute la publicité dont elles ont bénéficié – notamment sur les médias d’Etat – et les moyens logistiques, les manifestations de ce 8 janvier 2017 n’ont pas connu une mobilisation exceptionnelle.

En plus d’être organisés par plus de soixante (60) partis politiques se réclamant de la mouvance présidentielle, la marche et le meeting du 8 janvier dernier avaient une autre raison de réunir un monde fou. Il s’agit de cette mobilisation impressionnante des moyens logistiques (bus et minibus) en vue de transporter les manifestants, notamment ceux vivant dans les quartiers périphériques. Il n’a pas un seul quartier de Niamey qui n’avait pas été envahi par les bus ou minibus dès les premières heures de cette mémorable journée du dimanche 8 janvier. Mais, au vu des images montrées par les différentes chaines de télévision – y compris celles qui ne disent jamais du mal du régime du Président Issoufou Mahamadou – la mobilisation dépassait de peu celle qu’on a observée le 21 décembre 2016, lors de la marche et du meeting de la société civile, où les manifestants s’étaient débrouillés eux-mêmes pour rallier les différents lieux de manifestations. Si comme le disent certaines langues, il y a encore de l’argent qui a été distribué à des manifestants ce 8 janvier, pour les motiver à venir, il faut dire que les organisateurs des manifestations de ce jour sont loin d’avoir atteint leur objectif : celui de montrer à la face du monde que le peuple nigérien est de leur côté ! A quoi auront donc servi toutes ces vociférations et autoflagellations verbales du président du Parti nigérien pour la démocratie et le socialisme (PNDS-TARAYYA), M. Bazoum Mohamed qui, plusieurs jours avant les manifestations, avait envahi les médias publics pour promettre une mobilisation inédite à Niamey ? Le politicien philosophe voulait même défier le Mouvement démocratique nigérien pour une fédération africaine (MODEN-FA/LUMANA-AFRICA) de l’ancien Président de l’Assemblée nationale Hama Amadou, dont Niamey reste un fief imprenable. Mais au vu de certaines photos prises lors de la marche et postées sur les réseaux sociaux, Bazoum Mohamed a dû sans doute se rendre compte qu’il avait placé la barre très haut quand il vociférait sur les médias. Ainsi, il y a cette photo où on le voyait la mine serrée, alors même que le président de l’Alliance des mouvements pour l’émergence du Niger (AMEN-AMIN), M. Omar Hamidou Tchiana s’adressait à lui en souriant. Il y a avait comme un sentiment d’insatisfaction dans les regards de ce Bazoum qui, quelques jours avant, rêvait de mobiliser un monde à faire tomber des murs de Niamey en marchant. Si le président du PNDS-TARAYYA et ses amis ont voulu ce qu’avait fait le Premier ministre Hama Amadou en 2005, quand la société civile a défié le régime de l’ancien Président Tandja face à la cherté de la vie, ils n’ont qu’à demander à la télévision nationale de rediffuser les images de la marche des partis de la mouvance présidentielle de l’époque et ils pourront eux-mêmes faire la différence avec la mobilisation du 8 janvier. Et à l’époque, il n’y avait même pas trente (30) partis politiques alliés au pouvoir. Dan Lamso

Le Président Issoufou Mahamadou a-t-il délibérément choisi de boycotter la marche de Bazoum ?

Tout comme l’ancien Premier ministre Hama Amadou en 2005, avec l’ancien Président de la République Tandja Mamadou, le président du PNDS-TARAYYA Bazoum Mohamed a sans doute souhaité serrer la main du Président Issoufou Mahamadou, juste après les manifestations du 8 janvier et lui transmettre les salutations et le soutien indéfectible des manifestants. Mais Bazoum Mohamed n’a pas eu cette chance car, à la veille des manifestations, le Président Issoufou Mahamadou a pris son avion pour se rendre en Arabie Saoudite, en compagnie de plusieurs membres du Gouvernement. Il s’agit certes d’une visite officielle pour laquelle un calendrier a certainement été établi. Mais si le Président Issoufou Mahamadou n’a pas la possibilité de demander une modification de ce calendrier auprès des autorités saoudiennes, en vue de recevoir les manifestants du 8 janvier, il pouvait – si tant est qu’il voulait de la marche et du meeting – demandé à leurs organisateurs de les reporter d’au moins une semaine, le temps qu’il finisse sa visite et qu’il rentre au pays. En laissant Bazoum et compagnie manifester pendant qu’il sera absent, le Président Issoufou Mahamadou a sans doute voulu dire aux Nigériens et au monde entier qu’il n’est pas demandeur des manifestations. Du reste, quel crédit peut-on lui accorder au plan international, si après s’être fait réélire à plus de 92% de suffrages, il doit encore solliciter des manifestations de rue pour prouver qu’il «n’est pas seul», à la suite d’une simple manifestation des organisations de la société civile ? Dès l’annonce de la tenue des manifestations, certains partisans du Président Issoufou Mahamadou n’ont pas d’ailleurs tardé à les juger d’inopportunes sur les réseaux sociaux. Certains observateurs estiment que l’insistance de Bazoum Mohamed à organiser ces manifestations cache mal le malaise dont souffrirait le personnage quant à son avenir politique, au vu de la détermination de certains ténors du PNDS-TARAYYA à lui barrer la route pour la succession du Président Issoufou en 2021. Dan Lamso

Quand une guriste compare la manifestation du 8 janvier au rite de la montée du Mont Arafat à la Mecque…

Parce qu’apparemment grisées par les délices du pouvoir, certaines personnes sont prêtes à tout, y compris à agresser la religion de D’Allah. Dans une vidéo qui circule depuis quelques jours sur Facebook, une militante du principal parti au pouvoir n’a pas hésité à qualifier leur marche du 8 janvier au rite consacré à la montée du Mont Arafat lors du pèlerinage à la Mecque. Si ces propos étaient sortis de la bouche d’une analphabète, il n’allait sans doute pas attirer l’attention de beaucoup de monde. Mais là il s’agit des propos tenus par une ancienne ministre et qui trône actuellement à la tête d’une prestigieuse boîte de la République. La dame en question n’est pas une athée pour qu’on pense qu’elle est dans son droit de ne pas trop s’encombrer des scrupules vis-à-vis des religions. Notre dame doit simplement souffrir d’un zèle démesuré dans la défense d’un pouvoir qui lui a apparemment tout donné. Mais la bonne dame oublie simplement que le pouvoir d’Etat n’est pas éternel et que des hommes et des femmes sont passés là où elles se trouvent aujourd’hui. Dan Lamso

Interdiction des manifestations de la société civile du 13 janvier

De quoi a donc peur le pouvoir de Bazoum Mohamed ? 

Selon des sources concordantes, le Maire central de Niamey a interdit la marche et le meeting que la société civile a décidé d’organiser le vendredi 13 janvier prochain. Le Maire Assane Seydou aurait demandé aux organisateurs desdites manifestations de choisir un autre jour et de renoncer à leur itinéraire qui devait les conduire de la place Toumo au rond-point de l’hôpital d’où les responsables de la société civile allaient parcourir quelques mètres pour remettre leur plateforme revendicative au Premier ministre. Pourquoi le Maire central de Niamey – qui a certainement agi sur injonction de ses supérieurs hiérarchiques – ne voudrait-il pas que la société civile manifeste ce vendredi 13 janvier et que les manifestants aillent jusqu’au rond-point de l’hôpital ? Serait-ce parce que le Maire Assane Seydou est-il si lié à l’Islam – pour ne pas vouloir d’une manifestation le jour saint de cette religion – et qu’il a tant pitié des manifestants, qu’il ne veut pas les voir parcourir les cinq kilomètres qui séparent la place Toumo et le rond-point de l’hôpital un après-midi généralement chaud les vendredis ? En tout cas les langues ne cessent de se délier depuis l’annonce de la mesure d’interdiction prise par le Maire. Mais, de nombreux observateurs se disent ne pas être surpris de cette mesure du Maire de Niamey, pour au moins deux raisons. La première est que le pouvoir a presque été pris de court par la réussite des manifestations de la société civile du 21 décembre dernier et la seconde est que la riposte qu’avait apporter la soixantaine des partis politiques de la majorité n’a pas été à la hauteur au niveau de Niamey. Le pouvoir a donc peur que les manifestations du 13 ne drainent encore plus de monde que celles du 21 décembre ; toute chose qui le mettrait encore mal à l’aise aux yeux d’une opinion internationale qui commence à suivre ce jeu de démonstration de forces dans lequel le régime du Président Issoufou Mahamadou – alors crédité de plus de 92% des suffrages lors des dernières élections présidentielles – s’est lancé avec quelques structures de la société civile. Il y a donc comme une volonté du pouvoir à mettre fin à ce jeu, en poussant les organisations de la société civile, soit à renoncer à leurs mouvements, soit à forcer les interdictions pour se faire accuser d’insurrection et tomber sous le coup de la violence de l’Etat. Oumar Aboubacar Mohamed

Mes chers compatriotes,

N’est-ce pas le comble du ridicule et de l’injure que ceux qui ont confisqué la démocratie prétendent être en train de la défendre ? Contre qui ? Contre les exilés forcés ou contre les prisonniers politiques ?

Vous avez probablement suivi la misérable et regrettable prestation d’un régime qui, de toute évidence, a fait le choix délibéré de faire pleurer le peuple nigérien plutôt que de lui donner du sourire. Un régime qui, en plus des actes antisociaux particulièrement révoltants, n’a rien trouvé de mieux à faire que d’acheter la preuve ostentatoire qu’il ne règne que par l’argent et l’abus de la force publique. Une honte ! Une grosse honte ! Incapable de résoudre les problèmes financiers et sociaux qu’il a engendrés par une irresponsabilité et une insouciance inégalées dans l’histoire politique du Niger, le régime des scandales aligne les victoires sur son propre peuple. Or, c’est connu : lorsqu’un régime agit ainsi, c’est qu’il est complètement pourri. Samedi et dimanche dernier, le régime des scandales a misé, encore une fois, sur l’argent ; l’argent qui lui a permis de vaincre tant de ventres mous, au MNSD Nassara et dans d’autres partis politiques, pour mobiliser des compatriotes ciblés dans une logique de manipulations et de corruption à grandes échelles. Les marches suivies de meetings de samedi 7 et dimanche 8 janvier 2017, sont la plus grande traduction de la pourriture de la société nigérienne. Oui, le Niger est gravement malade, miné par le cancer de la corruption et des infractions assimilées. Aucun pan n’est désormais épargné et il faut nécessairement craindre le pire.

Il y a eu les crimes économiques monstrueux dans lesquels plusieurs dizaines de milliards de nos francs étaient en jeu telle que cette frauduleuse transaction menée aux îles Caïman, un paradis fiscal où un avion a été acheté, en partie, à crédit au nom de l’Etat nigérien alors que des sommes astronomiques (28 milliards du budget et 35 milliards d’Areva) ont été affectés à cette rubrique ; une affaire sulfureuse qui a permis à des hommes publics de devenir milliardaires au point d’acheter villas et immeubles à tour de bras à coups de centaines de millions.

Il y a eu les évasions de devises, les fraudes fiscales et douanières, là également à coups de milliards où les mis en cause, formellement identifiés, ont plutôt bénéficié de promotions au sein de l’administration comme dans le cas des fraudes aux examens du baccalauréat de la session de juin 2016 ou encore, récemment, des containers de la Soraz. Là aussi, c’était des dizaines de milliards qui étaient en jeu. Rien que dans la seule affaire des devises saisies à l’aéroport de Niamey, c’était plus de neuf milliards qui étaient en cause tandis qu’à la Soraz, des individus ont fait dissiper plus de six milliards de francs CFA.

Il y a eu ces scandaleuses élections où ceux qui se prévalent de mérites qu’ils sont seuls à connaître et qui prétendent disposer d’une légitimité populaire, ont dû recourir à un vulgaire hold-up électoral, arrachant urnes et matériel électoral pour aller fabriquer des procès-verbaux en dehors des bureaux de vote, parfois sous des arbres, loin des regards inquisiteurs. Oui, un hold-up électoral à l’issue duquel, sur la base de procès-verbaux qui attribuent 100%, voire 101% de suffrages au candidat unique du second tour, mais validés sans honte par la Ceni la plus scandaleuse de l’histoire du Niger démocratique, Mahamadou Issoufou a été déclaré élu par 92,51% des électeurs nigériens.

Il y a eu ces concours d’entrée à la Fonction publique au titre des ministères de la Santé et des Finances qui ont été reconnus entachés de fraudes et de pratiques corruptives et dont les commanditaires sont exactement ceux qui ont le devoir moral et politique de donner l’exemple. Des concours pour lesquels des agents de la Fonction publique ont été pris comme boucs émissaires et jetés en prison tandis que Malika Issoufou Mahamadou, Seyni Garba, le chef d’Etat major général des armées, Kadidiatou Ly, la présidente de la Cour constitutionnelle, entre autres, cités dans le dossier, n’ont jamais été perturbés dans leur tranquillité.

Il y a eu enfin le trafic de drogue (cocaïne et autres) dans lequel un certain Chérif Ould Abidine est soupçonné d’avoir fait fortune tandis qu’un autre du même acabit, un certain Sidi Lamine, député à l’Assemblée nationale, a été clairement cité dans une gravissime affaire de trafic de drogue dure (cocaïne) qui aurait eu pour corollaire l’enlèvement, en octobre 2016, de l’américain Jeff Woodke, établi au Niger depuis deux décennies. Dans tous les cas, ces trafiquants de devises et de drogues sont toujours aux premières loges du régime, protégés alors que des citoyens qui manifestent ou expriment leur mécontentement, leur désaccord ou leur refus de cette justice à géométrie variable, sont systématiquement appréhendés et jetés en prison où ils sont maintenus durant plusieurs jours, semaines et mois interminables par des subterfuges fondés sur des reports incessants de leurs procès.

Mes chers compatriotes, par delà ces scandales cités à titre d’exemples qui enlèvent toute crédibilité à ceux qui sont actuellement à la tête de l’État et qui pensent que cela les autorise à tous les abus, les marches suivies de meeting du 7 et du 8 janvier 2017 ont étalé au grand jour le cancer de la corruption dont souffre le Niger sous Mahamadou Issoufou. Se sachant impopulaires mais disposant de beaucoup d’argent pour acheter la participation de beaucoup de citoyens, Mohamed Bazoum et les siens n’ont pas hésité à user de manœuvres dolosives pour transporter, tel du bétail, des milliers de compatriotes qui se sont retrouvés dans les rues de la capitale dans l’ignorance totale des véritables mobiles de leur présence à Niamey. Dans un pays où TAYI TAWRI au point où, pour gagner quelques billets de banque et tromper le quotidien difficile, il faut parfois, même à Niamey, courir à longueur de journée sous un soleil de plomb pour revenir souvent chez soi bredouille, quelle aubaine pour ces milliers de compatriotes vivant en campagne, d’accepter de venir dans la capitale et de crier TAYI TAPCHI pour gagner 2 000 FCFA. Dans de nombreux villages, pour un concitoyen qui perd ses longues heures dans des jeux futiles, passant banalement une semaine entière, voire deux, sans gagner le moindre billet de banque, une telle aubaine ne se refuse pas. Eh bien, ce sont ces compatriotes pauvres et qui ne comprennent rien aux actes qu’on leur demande de poser pour gagner ces misérables billets de banque, aux enjeux et à leur incidence éventuelle sur leur vie, des bambins ou des badauds désœuvrés, systématiquement pris en chasse avec comme appât le petit billet bleu (billet de 2000 FCFA), qui ont été ciblés pour montrer, parait-il, une légitimité populaire qui n’existe pas en réalité. A-t-on besoin de distribuer de l’argent pour convaincre des gens qui, semble-t-il, auraient voté, à hauteur de 92,51% selon la Cour de Kadidiatou Ly, pour Mahamadou Issoufou ? La distribution de billets de banque, tout comme ces centaines de bus, cars et camions loués pour aller chercher cette catégorie de compatriotes, parfois au-delà de 150 kilomètres de Niamey, est symptomatique de la mentalité de ceux qui règnent sur le Niger ainsi que de la déstructuration de la société nigérienne que leurs actes ont provoquée. Car, par delà ces Nigériens anonymes transportés de leurs lointains villages pour venir applaudir un régime aussi scabreux que celui de la 7e République, il y a tous ces hommes qui se sont, sans scrupule, portés au premier plan alors qu’ils n’ont pas à s’aventurer dans le champ politique, à plus forte raison, prendre parti pour tel ou tel camp.

Mes chers compatriotes, je ne parle pas de tous ces cadres de l’administration qui, à moins d’être hypocrite et partisan, ont toujours constitué l’ossature de toutes les manifestations politiques depuis 26 ans. Et c’est de bonne guerre. Cependant, il y a lieu de reconnaître que l’administration nigérienne n’a jamais connu un niveau de politisation aussi outrancier que sous Mahamadou Issoufou. Je ne parle pas, donc, de ces compatriotes-là, mais de ceux dont le parti pris est formellement interdit par la Constitution. Je parle, d’une part, des éléments des Forces de défense et de sécurité dont on a vu l’image éhontée des épouses qui exprimaient leur soutien à Mahamadou Issoufou ; d’autre part, de ces chefs traditionnels qui, sans vergogne, descendent dans l’arène politique, exprimant ainsi, soit une lâcheté à faire respecter leur statut de force sociale apolitique et non partisane, soit, justement, un parti pris politique flagrant et révoltant. Tous ceux qui ont eu la force morale de suivre ces marches ubuesques à travers les grandes villes du Niger ont pu voir les silhouettes honteuses de chefs traditionnels qui ne font honneur ni à leur titre, ni à leur héritage social. Ils ont banalisé leurs titres et ont accepté de rouler dans la boue pour faire plaisir à des individus qui, nonobstant les missions d’État qu’ils assument actuellement – et comment ? – ne restent pas moins leurs sujets. C’est à la fois une honte et une dramatique catastrophe pour le Niger qui voit ainsi un rempart social de première importance ruiné par le comportement des gardiens traditionnels désignés par les communautés. C’est un échec honteux pour ces chefs traditionnels qui, pour certains, ont fait le même numéro avec Ibrahim Maïnassara Baré, mais n’ont tiré aucune leçon puisqu’ils l’ont rejoué avec Mamadou Tanja avant de le faire aujourd’hui avec Mahamadou Issoufou. Personne ne refuse, au nom de leur mission sociale et de leur statut qui fait d’eux des auxiliaires de l’administration (ministère de l’Intérieur), qu’ils composent avec tous les régimes politiques en place. Mais il est totalement scandaleux qu’un chef traditionnel s’affiche publiquement comme un partisan politique. Un manque de respect total pour lui-même, pour la chefferie à laquelle il ne fait pas honneur et pour le Niger qu’il expose ainsi, par des actes pareils, à une dérive dangereuse. Car, si le chef traditionnel prend parti pour certains de ses sujets, que vaut-il pour les autres ? Sinon un adversaire politique de premier plan qu’il faut nécessairement combattre. C’est regrettable pour le Niger et je crois bien que l’Association des chefs traditionnels, composés aujourd’hui d’hommes éminemment instruits, doit nécessairement recadrer ses membres pour les amener à se mettre au dessus de la mêlée. C’est à ce prix qu’ils se verront conférer la respectabilité qu’ils méritent. Autrement, adieu la chefferie traditionnelle ! N’est-ce pas peut-être la fin poursuivie par ces hommes qui n’ont jamais porté la chefferie traditionnelle dans leurs cœurs ?

Je parle aussi de ces éléments des Forces de défense et de sécurité qui, au mépris total de leur statut et de leurs missions, se sont si compromis dans l’arène politique qu’ils feraient mieux de déposer la vareuse. Peut-on être un officier digne du nom, c’est à dire intègre alors que l’on a les mains noircies de cambouis ? Non, et pourtant, des officiers des FDS s’affichent clairement comme des soutiens actifs au régime. Si on ne peut jeter la pierre à tous ces militaires, officiers et hommes du rang dont les épouses ont manifesté, le 7 et le 8 janvier 2017, leur soutien à Mahamadou Issoufou, on ne peut qu’avoir des frissons dans le dos en pensant que ce régime pourri est soutenu par les FDS. Car, sur la base des images que les Nigériens ont vues sur les petits écrans, on peut légitimement penser et estimer que les FDS ont un parti pris politique et qu’elles ont tenu à le faire savoir par le biais de leurs épouses. Un autre scandale qui, ajouté à celui des chefs traditionnels qui s’encrassent de saletés politiques inutiles, traduit des risques majeur d’implosion sociale.

Mes chers compatriotes, telle est la situation catastrophique dont se sont réjoui Mohamed Bazoum, Seïni Oumarou et d’autres petits apprentis sorciers. «… si nous avons organisé cette marche, c’est justement pour défendre la démocratie, car l’histoire nous l’a enseigné depuis longtemps, les fossoyeurs de la démocratie ont toujours eu sur les lèvres ce noble terme, même lorsque précisément ils ont voulu en détruire le projet » dixit Bazoum le 8 janvier 2017. N’est-ce pas le comble du ridicule et de l’injure que ceux qui ont confisqué la démocratie prétendent être en train de la défendre ? Contre qui ? Contre les exilés forcés ou contre les prisonniers politiques ? Aberrant tout simplement mais utile pour comprendre toute la portée de cette sagesse populaire nigérienne : « on ne sent pas les odeurs nauséabondes qui se dégagent de ses aisselles ».

Mallami Boucar

12 janvier 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui

Dernière modification le jeudi, 12 janvier 2017 23:13

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