Le ministre d'Etat, en charge des Affaires Etrangères et de la Coopération, M. Bazoum Mohamed, a effectué il y a quelques jours une visite de travail dans quelques pays américains. A cette occasion, il s'est rendu en République de Cuba pour réchauffer les liens de coopération qui existe entre nos deux pays depuis 1994. Monsieur le directeur, vous avez assisté, la semaine dernière à la Havane à Cuba, à la signature d'un accord de coopération entre le Ministère de la Jeunesse et des Sports du Niger et le Ministère cubain des Sports. Est-ce que vous pouvez nous rappeler le processus qui a conduit à cette signature ?
Je pense qu'il faut remonter à l'année 1994 pour rappeler l'existence d'un mémorandum d'entente entre la République du Niger et Cuba relatif aux conditions de réalisation de l'assistance technique cubaine au Niger, et qui a jeté les bases de cette coopération. C'est donc sur la base de ce mémorandum que le processus de la signature de cet accord a été déclenché depuis 2010 avec les autorités ministérielles cubaines et nigériennes du moment, désireuses de promouvoir les relations bilatérales dans le domaine du sport et de l'éducation physique, afin de renforcer les liens de coopération et la compréhension mutuelle entre nos deux peuples.
La finalisation de cet accord n'est intervenue que le 15 novembre dernier, à l'occasion de la visite officielle qu'a effectuée le ministre d'Etat des Affaires Etrangères, de la Coopération, de l'Intégration Africaine et des Nigériens à l'Extérieur à la Havane, du 10 au 15 novembre 2013, avec sa signature, entre SE Bazoum Mohamed pour la partie nigérienne et le président Christian Jiménez Molina pour Cuba. Il faut tout de même noter que la signature de ce protocole d'accord est intervenue grâce au pragmatisme du ministre de la Jeunesse et des Sports, M. AbdoulKarim Dan Mallam, qui a tenu à parachever l'œuvre de ses prédécesseurs.
Venons-en au contenu. Quels sont les points saillants de cet accord de coopération ?
La République du Niger et Cuba, à travers cet accord, ont convenu, dans l'intérêt commun des deux nations, de favoriser, promouvoir et renforcer la coopération technique dans le domaine de l'éducation physique et du sport, conformément à la législation en vigueur dans les deux pays.
Les deux parties ont également convenu de promouvoir les échanges de délégations, d'entraîneurs, d'experts et de spécialistes en matière d'éducation physique, de sport et de sciences appliquées au sport. Elles se sont également engagées à assurer la promotion des échanges d'informations et de documentations, et d'étudier des possibilités d'accueil des étudiants et stagiaires nigériens à Cuba.
Le Niger et Cuba s'engagent aussi à élever le niveau du sport dans les deux pays par la formation et le perfectionnement des entraineurs dans différentes disciplines; la formation et le perfectionnement des spécialistes en médecine sportive, notamment en physiothérapie, en kinésithérapie et en cardiologie; le contrôle anti dopage ; le management du sport ; la participation des professeurs et des spécialistes à des séminaires, cours et conférences scientifiques organisés dans les deux pays dans le cadre de l'éducation physique et le sport ; le traitement des données appliquées au sport et autres activités à convenir ; l'administration et la gestion des infrastructures et équipements sportifs; et le développement du sport de masse.
Nos deux pays se sont aussi engagés à faire des propositions d'échanges chaque année pour des manifestations sportives sur la base des intérêts des fédérations sportives nationales de chaque pays.
Aussi, dans la perspective de la participation de notre pays aux futures échéances internationales, comme les prochains jeux olympiques de Rio 2016, Cuba s'est engagé à accueillir des athlètes nigériens dans des centres d'entraînement en vue de leur permettre de peaufiner leur préparation.
Il faut enfin préciser que ce protocole d'accord est conclu pour une période de 5 ans renouvelable par tacite reconduction chaque année, à moins que l'une des parties contractantes ne le dénonce avec un préavis de 6 mois avant son expiration.
Quelles sont les disciplines dans lesquelles le Niger compte mettre à profit cet accord ?
Les disciplines sportives que nous comptons mettre en exergue sont celles dans lesquelles Cuba excelle sur le plan international et pour lesquelles le Niger entend bénéficier de cette expertise en vue de mieux s'affirmer au plus haut niveau africain notamment, dans les années à venir. Il s'agit du volleyball, de la boxe, du judo et de l'athlétisme, précisément dans les concours de saut et de lancer.
Cet accord de coopération prend-il en compte le renforcement des capacités des techniciens nigériens ?
Nous avions souhaité, lors des échanges avec les responsables du sport cubain, que les assistants techniques qui seront mis à notre disposition pour l'encadrement de nos équipes nationales dans les disciplines sportives que j'ai évoquées plus haut, assurent également la formation des formateurs nigériens à travers des interventions au sein des fédérations sportives nationales et à l'Institut National de la Jeunesse, des Sports et de la Culture INJS/C. Ils nous feront parvenir, dans un bref délai, les curriculum vitae d'experts cubains en vue de porter notre choix sur ceux qui sont censés nous être d'un grand apport.
Comment le Ministère des Sports compte-t-il tirer le maximum de profit de cette opportunité pour le développement du sport nigérien ?
La signature de ce protocole d'accord constitue pour nous une véritable opportunité de diversification de nos partenaires. Cuba mettra à notre disposition une expertise mondialement reconnue dans des domaines précis, et à un moindre coût. Nous comptons effectivement sur la matérialisation en actes concrets de tous les points contenus dans cet accord en vue de l'amélioration de nos performances sur le plan sportif d'une manière générale. Cependant, je tiens à préciser que cet accord ne veut pas dire que nous allons tourner le dos à nos partenaires traditionnels.
Au Niger, le sport de haut niveau, dans beaucoup de disciplines, a du plomb dans l'aile. Quels sont les maux qui l'assaillent, et quelle thérapie préconisez-vous pour en venir à bout?
Les disciplines sportives auxquelles vous faites allusion sont précisément celles dont les fédérations rencontrent des difficultés d'ordre structurel et de gouvernance. Pour pallier ces insuffisances, il s'agira pour nous de les amener à mieux se structurer d'une part, et d'autre part, de faire en sorte que l'ensemble de leurs démembrements (ligues, districts, clubs) soit réellement opérationnel sur l'ensemble du territoire national. Ensuite, les personnes chargées d'animer ces structures devront scrupuleusement s'en tenir au respect des dispositions réglementaires des textes qui les régissent, seul gage d'une gouvernance saine au sein de nos fédérations sportives nationales.
Une telle démarche aura l'avantage de tendre vers la vulgarisation de la pratique sportive diversifiée dont pourrait bénéficier l'ensemble des Nigériens. Aussi, cette pratique généralisée pourra favoriser la pratique du ''Sport pour tous'' et l'émergence de jeunes talents qui alimenteront nos clubs et nos équipes nationales dans l'optique d'une pratique de haut niveau.
Le Ministère en charge des Sports mise sur le développement de la pratique sportive dans notre pays et l'amélioration des performances de nos athlètes pour une meilleure visibilité de notre pays au plan international. D'une manière générale, la Politique Nationale du Sport, en cours d'élaboration, déterminera de manière définitive les orientations stratégiques à donner à la pratique sportive sous toutes ses formes, et les moyens de leur accomplissement pour ainsi éviter une approche au coup par coup liée à des opportunités.
Le Niger brille souvent par son absence à certains grands rendez-vous du monde sportif. Quelles en sont les raisons, et que faut-il faire pour inverser la tendance ?
A travers la participation de notre pays aux compétitions internationales, nous avons toujours à cœur, entre autres objectifs, de réaliser de bonnes performances pour une meilleure visibilité du Niger sur la scène internationale. Dès lors, nous ne pouvons encourager que les fédérations dont les équipes sont réellement compétitives à représenter notre pays dans les compétitions internationales, même si par ailleurs, nous sommes convaincus qu'il faut permettre aux disciplines dont le niveau est en deçà du niveau international, de le relever en rivalisant avec les plus forts.
Nous invitons donc l'ensemble des fédérations sportives à travailler davantage au plan national pour améliorer le niveau de pratique de nos athlètes. Ce n'est qu'à cette condition que la tutelle pourrait leur permettre de représenter notre pays aux compétitions internationales avec un accompagnement multiforme adéquat.
Oumarou Moussa
22 novembre 2013
Publié le 22 novembre 2013
Source : http://www.lesahel.org
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