Quel est l’état de mise en œuvre du Programme de Développement Economique et Social 2012-2015 dans votre entité administrative ?
Nous avons anticipé sur ce programme-là. Nous avions prévu de mettre en place un cadre de concertation comprenant le Préfet, tous les services techniques, les maires, les ONG, les projets et les associations. Malheureusement, certains aléas nous ont empêchés, dans un premier temps, de mettre ce projet en action. Mais nous n’y avons pas renoncé, et depuis un certain temps, nous sommes en train de redynamiser ce cadre. Voilà un peu si vous voulez le premier point. Le second point concerne le programme d’urgence qui a réuni récemment le comité sous-régional pour voir, dans la mesure du possible, ce qu’il faut faire concrètement en termes d’actions pour le Plan de Développement Economique et Social (PDES), surtout pour l’année 2012-2013. Dieu merci, nous avons fait en sorte que toutes les communes que compte le département aient leur Plan de Développement Communal (PDC). Ces plans de développement communal ont intégré plusieurs données faisant référence au PDES qui est une déclinaison du Programme de Renaissance du Président de la République. Ensuite, nous avons demandé de ficeler un certain nombre de dossiers à soumettre à la Cellule Crise Alimentaire (CCA) et aux différents projets, toujours dans le cadre du PDES, l’objectif étant de parvenir au bien-être des populations nigériennes. Aussi, nous sommes en train de voir comment approcher les différents partenaires avec lesquels nous travaillons, et dont nous espérons gagner la confiance afin de pouvoir mettre en exécution ce programme, en attendant ce que l’Etat va faire de son coté. Pour notre part, ce sont les deux engagements que nous avons pris, et plaise à Dieu, nous allons essayer de les mettre en œuvre.
La campagne agricole 2013 est déficitaire. Qu’est-ce qui est fait ou quelles sont les dispositions prises pour combler les besoins des populations ?
C’est vrai que la campagne agricole a été déficitaire, bien que cette année, le département de Téra ait reçu beaucoup plus pluies que l’année passée, ces pluies ont été tardives et mal réparties dans le temps. En effet, elles ont commencé seulement en août, et se sont arrêtées en début septembre.
Toutefois, nous avons des partenaires qui sont en train de nous aider, notamment le Programme Alimentaire Mondiale (PAM) à travers les ONG. Ces dernières soutiennent nos populations avec le Food for Work ; le Food for assiette ; les filets sociaux avec les Cashs transfert. Pour notre part, nous sommes en train de redynamiser un certain nombre de sites comme ceux de Diagourou; Gountou-yéna dans la commune urbaine de Téra, et de Doumba.
Concernant l’agriculture, nous avons effectué une mission avec les services techniques sur un certain nombre de sites, afin de constater de visu ce qu’il en est. Effectivement, nous avons constaté que les populations avaient des besoins en produits phytosanitaires, et sur place, nous avons instruit le service technique de l’Agriculture pour qu’il puisse rapidement répondre aux besoins de ces populations.
Nous avons également évalué les différentes semences dont les populations ont besoin pour travailler sur les sites visités. Il faut ainsi noter que l’une des spécificités de notre département, c’est le Gorouol qui va de Yatakala jusqu’à Méhanna, et sur lequel, dans toute la zone, on cultive une variété de niébé. A ce niveau, on peut se féliciter parce que, dans tout le Niger, il n’y a pas un endroit où on cultive le niébé comme dans le Gorouol. Néanmoins, le seul problème auquel nous sommes confrontés réside dans l’acheminement de ce produit vers les différents marchés. Cela s’explique par le fait que nous n’avons pas assez des voies latéritiques. Nous avons des voies vétustes. C’est pourquoi nous sommes en train de lancer un appel aux différents partenaires. Tout dernièrement, nous avons rencontré les responsables de la Banque Africaine de Développement (BAD), et nous espérons une aide de la part de cette institution financière, en attendant que l’Etat fasse quelque chose. Nous sommes également en pourparlers avec un partenaire afin qu’il nous aménage les voies latéritiques dégradées. En outre, il faut souligner que le département de Téra est une zone de socle. Ce qui fait que nous avons énormément de problèmes d’eau. Par exemple, si vous vous rendez sur les sites auxquels je faisais allusion tantôt, le problème essentiel, c’est l’eau. Alors que depuis 2012, l’Etat avait octroyé des marchés pour construire des forages au niveau de ces sites. Il y a déjà des motos pompes qui sont au niveau de la direction départementale du Génie rural. Une fois que ces forages sont construits, on va les équiper en motos pompes.
Par ailleurs, nous avons envoyé beaucoup de dossiers à la Cellule Crise Alimentaire pour réaliser des bandes pare-feux ; des travaux de récupération des terres dégradées; des demi-lunes ou encore de l’embouche bovine. Je peux aujourd’hui vous assurer que, dans toutes les cinq communes qui compose le département, on ne sent pas encore les effets de ce déficit alimentaire, tout simplement parce qu’il y a des activités que les populations font pour gagner leur pain. Dans cette optique, l’Etat nous a aidé avec la vente à prix modérés, coupant ainsi court à la spéculation des prix sur certains produits alimentaires. Ainsi, le sac de 100 kg est cédé aux populations à 13.000 FCFA, celui de 50 kg à 6.500 FCFA. C’est dire que l’Etat est en train de déployer tous les efforts nécessaires pour atténuer les effets du déficit céréalier enregistré. L’Etat, lors d’un Conseil des ministres, a promis de commencer cette même vente à prix modérés dès février prochain. Ce qui est une bonne chose pour les populations du Niger. Mais il faut que nous trouvions des solutions idoines pour éradiquer cette crise alimentaire, ce à quoi s’attèle le Chef de l’Etat à travers la mise en œuvre de l’Initiative 3N. Une fois cet objectif atteint, nous n’aurons plus besoin de vente à prix modérés ou même de recourir à un partenaire quelconque.
Un autre casse-tête de vos administrés, c’est l’approvisionnement en eau potable. Quand peut-on espérer une couverture d’au moins 50% des besoins des populations ?
Nous espérons même plus de 50%, parce que nous avons un Etat qui honore ses engagements. Or, le Président de République, Chef de l’Etat actuel, SE. Issoufou Mahamadou, a pris l’engagement de tirer l’eau de Gothèye jusqu’à Téra. Ce qui permettra de désenclaver, en matière d’eau potable, tous les villages se trouvant au bord du goudron. Et plaise à Dieu, je pense qu’en 2014, ce projet sera réalisé. Le dossier est bien avancé. Ce ne sont pas les petits forages que nous sommes en train de faire ici et là qui peuvent palier cette insuffisance d’eau potable dans le département. La preuve, c’est que chez moi, à partir de février, je n’ai plus d’eau. Nous sommes obligés d’en acheter avec les revendeurs.
Comment se présente Téra sur le plan éducatif et sanitaire ?
Sur le plan éducatif, je suis vraiment ravi des actions du gouvernement, notamment le forum national sur l’éducation. A l’issue de ce forum, l’Etat a pris beaucoup d’engagements. A Téra, nous avons fait le tour d’un certain nombre d’établissements. Nous avons le personnel enseignant, même s’il y a nécessité de renforcement dans certaines zones. Au contraire, au niveau des infrastructures, nous avons un besoin criard en table-banc. C’est pourquoi, nous avons écrit immédiatement au ministre qui nous a donné satisfaction. Toujours dans le domaine éducatif, je voudrais interpeler le gouvernement par rapport à un engagement qu’il a eu à prendre, à savoir le payement des contractuels à terme échu. C’est une nécessité et il faut que le gouvernement concrétise cet engagement afin d’éviter tout mouvement dans notre système scolaire.
Sur le plan sanitaire, il faut dire que le district de Téra est l’un des districts sanitaires les plus grands du Niger. Il vient juste après celui de Mirriah. Récemment, le Ministère de la Santé Publique a dépêché une mission dans la perspective de perfectionner le district de la ville de Téra, en apportant le matériel nécessaire, le personnel et les médicaments. La politique sanitaire prévoit aussi de transformer toutes les cases de santé en Centre Sanitaire Intégré urbain (CSI). A ce niveau, je profite de cette occasion pour remercier le gouvernement, à travers le Ministère de la Santé, pour l’engagement qu’il vient de prendre.
Concernant la santé animale, il faut dire que le cheptel se porte bien. Il est vrai que le fourrage a pris un coup sérieux avec quelques incendies qui se sont déclarés çà et là. Cependant, il y a de quoi tenir les animaux jusqu’en avril-mai. Par ailleurs, l’Etat est en train de faire la vente à prix modérés du son et des tourteaux pour soulager les éleveurs.
Téra s’illustre bien dans le domaine de l’environnement, comme le prouve le site de Moundoum où les banquettes et les demi-lunes permettent une bonne régénération de l’écosystème; or les feux de brousse menacent dangereusement ce type de sites. Quelles sont les solutions envisagées pour préserver la nature de ces feux de brousse ?
Effectivement, les feux de brousse représentent un grand danger pour ces sites, et le pire, c’est que tous les feux de brousse que le département de Téra a connus ces derniers temps ont été déclenchés de façon volontaire. Par exemple, le feu brousse du site Moundoum a failli ravager l’ensemble du site, n’eût été la vigilance de la population. Maintenant, la solution à court terme pour éradiquer ces feux de brousse, c’est de clôturer les aires identifiées et sur lesquelles des actions de régénération de l’écosystème sont en train d’être menées.
Quel est votre mot de la fin ?
Notre pays a beaucoup souffert parce que nous venons de loin. Les gens doivent cesser de mettre en avant leurs intérêts personnels au détriment de l’intérêt général. La preuve, aujourd’hui, il faut seulement être aveugle pour ne pas constater que le Niger est en train de se redresser. Notre pays a besoin d’une stabilité afin qu’on puisse arriver à un réel décollage économique. On se souvient que dans les années 1984, le Niger venait en aide à certains pays de la sous-région, mais aujourd’hui, tous ces pays ont pris leur envol et sont plus développés que nous.
Sani Souley Manzo et Hassane Daouda
27 décembre 2013
Publié le 27 décembre 2013
Source : http://www.lesahel.org/
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