En effet, sur le plan coutumier, le département correspond au canton de Dargol composé de 84 villages administratifs et de nombreux villages traditionnels. D’un point de vue géographique, le département de Gothèye est limité au nord et à l’ouest par le département de Téra et le Burkina Faso, à l’est par le département de Tillabéry; au sud par les départements de Kollo et Torodi.
La population, même si elle très cosmopolite notamment au niveau du chef-lieu (ville de Gothèye) et sur les sites d’orpaillage, est majoritairement composée de zarma-sonrai et de peulhs. En 2013 la population du département est estimée à 206.930 habitants, dont 50,89 % de femmes. La densité est de 26,94 hts/km2, avec un taux d’accroissement naturel de 2,8% ; le département abrite actuellement 288.230 habitants. Plus de 49% de la population à moins de 15 ans.
Quelles sont les activités pratiquées par les populations de votre entité administrative ?
Les principales activités économiques du département sont l’agriculture pluviale dominée par la production vivrière (mil sorgho, niébé) ; les cultures irriguées comprenant la riziculture et le maraîchage. Le secteur agricole se caractérise surtout par la baisse drastique des rendements, notamment en ce qui concerne les cultures céréalières de subsistance que sont le mil et le sorgho. Concernant l’élevage, le cheptel du département a connu ces dernières années un accroissement remarquable, avec près de 450.000 têtes, toutes espèces confondues. Les modes d’exploitation des animaux restent l’élevage villageois, la transhumance intercommunale et transfrontalière, et l’embouche.
S’agissant du commerce, il faut souligner que le secteur commercial est, comme partout ailleurs au Niger, dominé par l’informel. L’essentiel des transactions commerciales s’effectue au niveau de seize (16) marchés ruraux que compte le département. Ces transactions concernent non seulement les produits manufacturés, mais aussi et surtout la vente de bétail sur pieds, qui est très fructueuse.
Le secteur artisanal, jadis dominé par la fabrication d’objets utilitaires ou d’ornement traditionnels, connaît de plus en plus un essor avec l’ouverture des ateliers bois et métalliques à la faveur de l’extension du réseau électrique. Sa contribution au développement du département n’est point à négliger avec l’insertion de sans-emplois, principalement les jeunes. Le volet de la pêche, au-delà des pratiques rituelles de pêche sur les affluents du fleuve Niger, draine un nombre important de professionnels dont l’essentiel est recensé sur le fleuve.
Le bilan de la campagne agricole 2013 est déficitaire. Qu’est-ce qui est fait, ou quelles sont les dispositions prises, pour minimiser les effets de la crise qui se pointe à l’horizon ?
Comme partout au Niger, la campagne agricole a bien démarré dans le département de Gothèye. Les paysans pensaient avoir une bonne année agricole. Malheureusement, leurs espoirs s’étaient estompés avec l’arrêt brusque des pluies en début septembre. Les cultures en ont beaucoup souffert. Toutefois, nous n’avons pas un bilan proprement dit, parce que l’évaluation est en cours. Elle fera certainement le point de la situation, le moment venu. Dans tous les cas, nous allons nous mobiliser avec ardeur à sur les sites des cultures irriguées pour réduire les effets du déficit de la campagne agricole.
Le département de Gothèye regorge aussi d’importantes potentialités en eau et en or avec l’exploitation de quelques sites aurifères. Pouvez-vous nous faire le point de ces potentialités ?
Le département regorge des eaux de surface surtout avec le fleuve Niger qui le traverse sur une distance de 80 km, l’affluent Dargol sur 60 km et l’affluent Sirba sur 96 km. A ceux-ci s’ajoutent de nombreuses mares permanentes et semi permanentes. Le sous-sol est riche parce que comportant de l’or qui fait non seulement l’objet d’exploitation industrielle, mais aussi traditionnelle sur de nombreux sites d’orpaillage. L’exemple du site de Samira est assez illustratif.
Monsieur le préfet, le département de Gothèye est très jeune, il manque de services techniques décentralisés de l’Etat. Quels sont actuellement les services qui vous manquent et en quoi ce manque i influe-t-il sur le développement du département ?
Quand nous sommes arrivés à Gothèye, nous avons trouvé les services techniques comme l’Agriculture, l’Elevage et l’Environnement. Ces services sont tous placés sous la coupe du département de Téra. Après, il a été affecté à Gothèye un agent de Génie Rural en tant que chef de service départemental, suivi d’un agent du Plan. Ce qui fait au total cinq (5) cadres techniques. Concernant les autres services tels que l’Hydraulique, la Santé, la Justice et la Police, le département n’en a pas. Au niveau de la préfecture, nous avons essayé de faire un plaidoyer auprès de la diaspora pour qu’elle puisse au moins créer les infrastructures en attendant l’affection de ces cadres-là. Malheureusement, jusqu’à présent, c’est le statu-quo. Notre souhait, c’est de doter ce département de tous ces services afin qu’il puisse bien fonctionner.
De façon globale, Monsieur le Préfet, quels sont les problèmes auxquels le département de Gothèye est confronté ?
Les problèmes du département sont multiples et multiformes. Il s’agit d’abord de la baisse des rendements agricoles inhérente aux changements climatiques ; de la persistance des pratiques traditionnelles de mise en valeur ; de la faible mobilisation des eaux, notamment pour la mise en valeur du potentiel irrigable ; de la dégradation de l’écosystème (déforestation, raréfaction de la faune, lessivage des terres, ensablement des points d’eau, formation des koris etc.); de l’enclavement de certains villages par manque d’ouvrages de franchissement en saison de pluies; de la difficulté d’accès au chef-lieu de la région (Tillabéry) par manque de pont et l’immobilisation du bac; de la faible couverture en eau potable qui est de 42,80%; de l’absence de formation professionnelle des jeunes; du mauvais maillage des partenaires techniques et financiers. Notre préfecture manque aussi de matériels informatiques, malgré la masse importante de données à gérer.
Sani Souley Manzo et Hassane Daouda
03 janvier 2014
Pubié le 03 janvier 2014
Source : http://lesahel.org/
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