« 502.993 emplois ont été créés dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de Renaissance du Président de la République, de 2011 au 1er trimestre 2014 »
Comme vous l’avez constaté, les visites que j’ai initiées depuis quelques semaines entrent dans le cadre du renforcement des relations partenariales entre l’administration du travail et les acteurs du monde du travail. Mais je voudrais d’emblée préciser que je ne part pas dans ces entreprises en gendarme, mais plutôt ces visites revêtent un caractère pédagogique. Par une telle démarche, j’entends créer les conditions pour asseoir un cadre de concertation consolidé sur toutes les questions se rapportant au travail, à l’emploi, à la sécurité sociale et au dialogue social.
Le constat que j’ai pu faire est que, dans l’ensemble, des efforts sont faits dans certaines entreprises visitées quant à l’amélioration des conditions de travail des salariés en termes de promotion de la sécurité et de la santé au travail (dotation en équipements de protection individuelle, mise en place des comités de sécurité et santé au travail, suivi médical des travailleurs, etc.), de protection de l’environnement et de promotion de dialogue social (institution des délégués du personnel et des délégués syndicaux notamment).
Par ailleurs, là où nous avons constaté quelques insuffisances, nous avons prodigué des conseils utiles et avons fait souvent des recommandations en vue d’améliorer les conditions de travail, condition sine qua non pour maintenir un climat social apaisé, et conséquemment, pour améliorer la production.
Dans les cas graves de constat de violation des dispositions du Code du Travail, des instructions sont données aux agents de l’Inspection du Travail de la Région de Niamey, de l’Agence Nationale pour la Promotion de l’Emploi et de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale à l’effet d’entreprendre immédiatement des visites de contrôle aux fins d’amener ces employeurs à se conformer aux dispositions légales et réglementaires en vigueur.
La sécurité de l’emploi fait partie des principales préoccupations de votre département ministériel. Mais il se trouve que beaucoup de travailleurs se plaignent du mauvais traitement, tant du point de vue salarial que de celui de la sécurité de leur emploi, que leur infligent leurs employeurs. Quel commentaire cela vous inspire?
Dans tous les pays du monde, le débat autour de la question de la sécurité de l’emploi est aujourd’hui d’actualité. C’est pourquoi le Président de la République au premier rang, et le Gouvernement, à travers mon département ministériel, font de la sécurité de l’emploi une de leurs principales préoccupations. Le Gouvernement agit au quotidien sur ces questions. Je citerai, pour preuves, entre autres, les mesures prises en termes de révisions du Code du travail, du Code minier, du Code des investissements, de la législation fiscale, de la mise en place du Centre des Formalités des entreprises, de la création de la maison de l’entreprise. Toutes ces actions consacrent bien la flexibilité d’un côté, et les mesures d’augmentation des revenus des salariés de l’autre (rehaussement des salaires et indemnités, réduction de l’ITS, exonération d’impôts des indemnités de départ à la retraite et des départs négociés, la poursuite des négociations avec les syndicats etc.).
En tout état de cause, le dialogue entre le Gouvernement, les travailleurs et les employeurs sur la politique à adopter en matière d’emploi et de protection sociale, sera le fondement de notre système axé sur la ‘’flexicurité’’ que prône l’OIT.
Maintenant, malgré les efforts du gouvernement que je viens de décliner, le fait que des travailleurs se plaignent de mauvais traitements que leur infligeraient leurs employeurs du point de vue salarial, ainsi que de la sécurité de leur emploi, ce sont des choses qu’il faut aborder ou examiner au cas par cas. Nos visites, par exemple, n’ont concerné qu’un échantillon du tissu industriel nigérien, mais ce n’est pas pour autant que dans toutes les unités visitées, les travailleurs se soient plaints de leurs conditions d’emploi et de travail. Nous sommes dans une société humaine où chacun a ses qualités et ses défauts, mais comme il y a des textes qui régulent tous ces rapports, nous veillons à ce que ces textes soient respectés en milieux du travail. Les visitent que nous effectuons participent aussi de cela, mais il ne faut pas oublier que les Inspecteurs du Travail font de leur mieux sur le terrain dans ce domaine. Je vois, à travers leurs rapports, tout ce qu’ils font en termes d’observations, de mises en demeure ou de constats d’infractions suite à des visites d’entreprises qu’ils effectuent, des séances de sensibilisation qu’ils organisent ou des conseils qu’ils donnent aux partenaires sociaux qui les consultent. Je voudrais, ici, les féliciter et les encourager à persévérer.
A tort ou à raison, l’inspection de travail est perçue par beaucoup d’employés comme un avocat des employeurs. Est-ce que, selon vous, cette perception est fondée ?
Je dirais que c’est relatif. Autant les employeurs perçoivent majoritairement l’Inspection du Travail comme l’avocat des travailleurs, autant les travailleurs ont la perception contraire. Donc, ça dépend du camp dans lequel on se trouve. Tout ce que je peux vous dire, en tant que ministre de tutelle, c’est que j’ai vraiment eu à connaître et à apprécier comment fonctionne cette institution. En effet, il faut l’approcher pour connaître que c’est une institution publique chargée d’assurer, de façon professionnelle, le contrôle, l’analyse et l’application équitable de la loi, non seulement, au moyen des sanctions, mais également, par des conseils avisés. Pour me résumer, elle a deux missions essentielles: veiller au respect des textes en matière de travail, d’emploi et de sécurité sociale; et conseiller les partenaires sociaux (employeurs et travailleurs) pour les aider à mieux appliquer la législation et la réglementation en vigueur.
J’aurais été tenté de répondre autrement si c’est un œil extérieur qui avait fait observer le contraire et ça même, pour lui dire que c’est le caractère social de cette branche du droit qu’est le droit du travail qui régit les rapports entre les travailleurs, partie faible, et les employeurs, investis de pouvoirs discrétionnaires qui vous donne cette impression.
La sécurité sociale est un autre maillon de votre ministère. Que faites vous pour la promouvoir dans un contexte où beaucoup d’employés ne sont pas très satisfaits de la prestation de la Caisse Nationale de Sécurité Sociale ?
La création d’un département ministériel, à part entière, dédié à l’emploi, au travail et à la sécurité sociale notamment, est l’expression illustrative de la volonté et de l’engagement politiques des autorités de la 7ème République à créer et assurer les conditions d’un accès du secteur de la sécurité sociale aux populations, aux infrastructures et services sociaux de base. C’est précisément dans ce but que mon département ministériel s’active à la mise en œuvre effective du volet de la Politique Nationale de Protection Sociale, consacrée au secteur de la sécurité sociale.
En termes d’actions visant la promotion de la sécurité sociale en l’occurrence, les activités déployées par mes services techniques tendent à assurer l’effectivité des droits, leur extension aux secteurs non couverts ainsi qu’à la promotion de la bonne gouvernance dans les institutions en charge du secteur. Présentement, il est diligenté un important chantier de refonte des textes de la sécurité sociale qui permettra, sous peu, de doter notre pays d’un code de la sécurité sociale. Parallèlement, il est envisagé de lancer, dans les prochains jours, l’étude de faisabilité de l’extension de la sécurité sociale à l’économie informelle et au secteur rural.
Parmi les actions significatives de promotion de la sécurité sociale, il y a la question de l’établissement d’un socle national de protection sociale qui est à l’étude en collaboration avec les autres départements ministériels et le Bureau International du Travail. La mutualité sociale constitue un autre volet important parmi les activités de mon département ministériel qui contribue à la promotion de la sécurité sociale. C’est ainsi qu’au cours de l’année 2015, il sera poursuivi l’installation des mutuelles sociales dans les établissements publics, parapublics et les entreprises privées. L’installation de la mutuelle sociale des agents de l’Etat, est aussi, prévue au cours de l’exercice 2015.
En ce qui concerne la Caisse Nationale de Sécurité Sociale (CNSS), il y a lieu de rappeler que les travailleurs, au même titre que les employeurs, participent à la gestion de cette institution à travers les sièges qui leur sont conférés au sein du Conseil d’Administration. Cela dit, d’importantes réformes ont été récemment diligentées dans le sens de l’amélioration des prestations de servies aux ressortissants des régimes qu’elle gère, à savoir les prestations familiales, les pensions, les accidents et les maladies professionnelles. Mieux, le volet Action Sanitaire et Sociale de la CNSS contribue, de manière substantielle, à la protection de la santé des membres des familles des ressortissants des régimes, mais plus généralement de celle des populations. Les efforts seront poursuivis à travers la modernisation des procédures et le renforcement des capacités de l’organisme pour mieux répondre aux attentes des assurés. D’ores et déjà, les services de la CNSS ont lancé, à l’échelle de toutes les Régions du pays, des campagnes de contrôle qui, à terme, permettront d’améliorer l’application des textes de la sécurité sociale, notamment les droits des travailleurs en la matière.
Quelle évaluation faites-vous de l’exécution du Programme de Renaissance du Président de la République, Chef de l’Etat, SEM. Issoufou Mahamadou, en matière d’emplois?
Le gouvernement nigérien a adopté, en mars 2009, la Politique Nationale de l’Emploi (PNE), qui est née de la vision du Gouvernement à créer un cadre harmonieux et cohérent pour la mise en œuvre efficiente des programmes et stratégies sectoriels en faveur de l’emploi, conformément aux recommandations du sommet de Ouagadougou en 2004 sur l’emploi et la pauvreté, et du Plan d’actions qui en est issu. L’objectif poursuivi, à travers la mise en œuvre de la PNE, est de créer les conditions d’accès à l’emploi productif, en plaçant la création d’emplois au centre des objectifs de développement économique et social aux niveaux national, régional et local, pour permettre la réduction durable de la pauvreté. C’est pourquoi, dans une démarche cohérente, concertée et compatible avec les grandes orientations de politiques économiques et sociales, le gouvernement entend lutter contre le chômage et le sous-emploi ; développer et soutenir la croissance économique; promouvoir le dialogue social et le partenariat entre l’Etat, les Organisations d’employeurs et de travailleurs et la société civile. Pour ce faire, les stratégies à mettre en œuvre sont fondées sur les principes directeurs tels que la création d’emplois dans le cadre de la politique macro-économique; le développement de l’employabilité des ressources humaines par l’acquisition d’une formation de base et le renforcement des qualifications; l’amélioration des mécanismes de connaissance du marché de l’emploi dans l’optique d’une meilleure adéquation de la formation à l’emploi; l’impulsion d’une dynamique entrepreneuriale au niveau de la jeunesse; le développement des stratégies d’accueil, d’orientation professionnelle et de stages des demandeurs d’emplois; le développement d’un environnement incitatif au plan administratif, juridique, fiscal et financier; l’accroissement de l’égalité des chances pour tous les demandeurs d’emplois, hommes, femmes, jeunes et handicapées ; et la valorisation du régime de protection sociale.
Le gouvernement, convaincu que les réformes structurelles ne peuvent pas être obtenues au moyen d’actions isolées et dispersées, a décidé, à travers la PNE et son plan d’actions, de mettre en œuvre un large éventail de stratégies et de mesures adaptées afin de répondre aux attentes et aspirations de la population.
Dans le cadre de la mise en œuvre du Programme de Renaissance du Président de la République, Chef de l’Etat, SEM Issoufou Mahamadou, en matière d’emplois, de 2011 au 1er trimestre 2014, selon les données collectées par l’Observatoire National de l’Emploi et de la Formation Professionnelle, 502.993 emplois ont été créés, dont 65.641 en 2011, 185.506 en 2012, 251.846 en 2013 et environ 100.000 en 2014, répartis en emplois permanents, emplois temporaires et auto-emplois dans le secteur public et le secteur privé.
Pour rappel, le Président de la République avait promis aux Nigériens, dans le Programme de la Renaissance, la création de deux-cent-cinquante mille (250.000) emplois durant ce mandat. A vous de juger !
Par ailleurs, pour l’année 2015, nous avons un important programme d’emplois des jeunes qui se met place, pour accompagner les efforts des plus hautes autorités de ce pays dans la lutte contre le chômage, particulièrement, le chômage des jeunes. Enfin, je salue l’engagement des cadres du Ministère, et des organismes sous tutelle (ANPE, ONEF, CNSS) pour le travail qu’ils abattent et qui nous a permis d’avoir tous ces résultats.
Oumarou Moussa
23 janvier 2015
Source : http://lesahel.org/