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mardi, 10 mars 2015 22:26

Entretien avec le ministre de l'Elevage, M. Mahaman El hadji Ousmane, sur l'édition 2015 du SAHEL : ''Il s'agit de montrer la place de l'élevage dans l'économie nationale, et particulièrement sa place dans l'atteinte des objectifs de l'Initiative 3N'

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Mahaman El hadji Ousmane 02Monsieur le ministre, le Niger, à l'instar des autres pays de la sous-région, dispose de son Salon de l'Agriculture. Pouvez-vous nous rappeler brièvement les objectifs de l'organisation d'un tel évènement par votre département ministériel?
Je voudrai tout d'abord vous remercier de l'occasion qui m'est offerte, à travers votre journal, d'entretenir les lecteurs sur des questions liées à l'organisation du Salon de l'Agriculture, de l'Hydraulique, de l'Environnement et de l'Elevage au Niger (SAHEL, édition 2015).
Comme vous le savez, SAHEL-NIGER 2015 se tient sous le thème '' valorisation des produits agro-sylvo-pastoraux et halieutiques locaux''.

Au regard du thème de l'évènement, vous comprenez bien que les objectifs sectoriels sont de faire connaitre aux différents acteurs de l'élevage, nationaux, sous-régionaux et internationaux, les potentialités de l'élevage, une activité pratiquée en général par 87% de la population, dont 20% de manière exclusive. Il s'agit de montrer la place de l'élevage dans l'économie nationale, et particulièrement sa place dans l'atteinte des objectifs de l'Initiative 3N, notamment sa contribution dans la lutte contre la pauvreté rurale et l'insécurité alimentaire et nutritionnelle des populations rurales.

L'élevage occupe donc une place de choix dans l'économie nigérienne. Quelle est sa place et son apport pour ce Salon de l'Agriculture, de l'Hydraulique, de l'Environnement et de l'Elevage?
En rappel, notre pays est à vocation essentiellement agro-pastorale, et l'élevage, comme je l'ai dit, occupe plus de 87% de la population. Cette activité séculaire a, de tous les temps, occupé une place de choix aussi bien dans l'économie nationale que dans l'économie familiale. En effet l'élevage, pour lequel le Niger a un avantage comparatif indéniable dans la sous-région ouest-africaine, contribue à plus de 11% au PIB national et à plus de 25% du budget des ménages. Cette forte contribution fait de ce sous-secteur une arme efficace dans l'inlassable lutte contre la pauvreté et l'insécurité alimentaire, en raison non seulement de son apport en produits animaux de haute valeur nutritive, mais aussi et surtout par la création d'emplois et de revenus substantiels en milieu rural.

Du point de vue de leur contribution à la balance commerciale, les ressources animales représentent la deuxième source de revenus d'exportation du pays, juste après les industries extractives. Les ressources animales représentent en effet 62 % des recettes d'exportation des produits du secteur rural et 21% de l'ensemble des produits d'exportation.


Comme je disais tantôt, il s'agit de montrer la place de l'élevage dans l'économie nationale. Il s'agit surtout d'attirer les investisseurs dans ce domaine afin de créer de la valeur ajoutée aux productions animales. Ceci améliorera les revenus des éleveurs, créera des emplois et améliorera la balance commerciale du pays. Donc, la participation d'un tel sous-secteur du monde rural ne sera que d'un apport appréciable pour le SAHEL, et au-delà, pour notre pays.


Monsieur le ministre, un des thèmes des différentes conférences animées au cours du Salon traite de l'eau en milieu pastoral. Quelle est la politique de votre département ministériel en matière d'hydraulique pastorale?

Le thème de la conférence, ''l'eau en milieu pastoral, enjeux et perspectives'', est d'actualité dans notre pays. En effet, au Niger, l'objectif global en matière d'hydraulique pastorale, tout comme celui de la politique d'élevage, vise à ''maintenir et sécuriser la transhumance par l'aménagement des points d'eau et l'exploitation rationnelle de l'espace pastoral, réduire les conflits et améliorer la qualité de vie des éleveurs''. C'est pourquoi notre pays, à travers le Ministère de l'Hydraulique et de l'Assainissement, vient de se doter d'une Stratégie Nationale de l'Hydraulique Pastorale (SNHP). Cette stratégie a comme vision ''Un Niger où l'accès à l'eau de qualité en quantité suffisante est assuré de façon équitable pour tous les usagers de l'espace pastoral dans la quiétude et la solidarité à l'horizon 2035''.

 

 

La mise en œuvre de cette stratégie permettra, à terme, d'améliorer l'accès à l'eau de qualité en quantité aux éleveurs et à leurs animaux. A cet effet, dans le cadre du Programme de Renaissance du Niger, il est prévu la réalisation de 1 000 points d'eau pastoraux par an. D'ores et déjà, plusieurs points d'eau ont été réalisés, cette réalisation sera intensifiée dans le cadre de la mise en œuvre du Plan d'Accélération de l'Initiative 3N, avec la mise en œuvre d'un Programme d'Hydraulique pastorale et de forages profonds par le Ministère de l'Hydraulique et de l'Assainissement.


Monsieur le ministre, le Ministère de l'Elevage s'est doté d'une Stratégie de Développement Durable de l'Elevage (SDDE-2013-2035). Quelle est la place de la valorisation des produits pastoraux dans cette stratégie?
Le Ministère s'est doté, en 2013, d'une Stratégie de Développement Durable de l'Elevage (SDDE 2013-2035) avec comme vision, ''Un Niger où l'élevage, à l'horizon 2035, contribue significativement à la sécurité alimentaire et nutritionnelle et améliore les conditions socio-économiques des populations à travers une gestion durable de l'environnement''. Trois (3) axes prioritaires sont retenus pour cette stratégie. Il s'agit de l'axe 1: Amélioration durable de la santé animale et de l'hygiène des produits d'origine animale. Il s'agira d'améliorer la santé animale et de garantir la qualité des denrées et des produits issus de l'élevage. Dans cette perspective, un accent sera mis sur le renforcement des capacités d'intervention des services publics et le développement d'un partenariat durable avec les services privés et les autres institutions impliqués dans la gestion des questions de santé animale. À terme, le Niger doit répondre aux normes internationales en matière de santé animale, selon les directives partagées de l'Organisation Mondiale de la Santé Animale. Axe 2 : Accroissement, diversification et valorisation des productions animales. Cet axe privilégiera une gestion durable des espaces pastoraux afin que l'accès aux ressources pastorales soit sécurisé. Il devra également accompagner la modernisation des élevages familiaux et appuyer la commercialisation des produits en vue d'un écoulement plus fluide des productions animales. Le développement de fermes modernes sera également envisagé, particulièrement à proximité des centres urbains en ce qui concerne la production laitière et l'aviculture. La maîtrise de la transformation et de l'accès aux sous- produits agricoles et agro-industriels permettra une sécurisation de l'élevage national et des unités de production intensive ou semi-intensive. Le rôle des organisations d'éleveurs et des opérateurs privés sera aussi déterminant afin que cette modernisation soit progressive et durable. Axe 3 : Création d'un environnement juridique et institutionnel favorable au développement durable de l'élevage. Ce troisième axe concerne le pilotage et la gouvernance du Ministère et de tout le secteur. Devant la complexité de sa mission et de sa position centrale vis-à-vis des différents réseaux d'acteurs, le Ministère doit assurer une meilleure gestion des ressources humaines (recrutements, plan de carrières, formations), une allocation optimale des moyens de travail (logistique, équipement, carburant, fournitures et consommables, etc.), une communication interne et externe efficace et une gestion davantage axée sur les résultats.

 

Comme vous pouvez le constater, l'axe 2, prévoit la maîtrise de la transformation et de l'accès aux sous- produits agricoles et agro-industriels, ce qui permettra une sécurisation de l'élevage national et des unités de production intensive ou semi-intensive.
A cet effet, dans le cadre du Programme de Renaissance du Niger et du Plan d'accélération de l'Initiative 3N, dont la Stratégie de Développement Durable de l'Elevage (SDDE 2013-2035), en est une déclinaison sectorielle, il est prévu la construction d'abattoirs tout au long de la frontière avec le Nigéria, la réalisation de laiteries et de tanneries modernes.


Monsieur le ministre, au regard du thème central du Salon, quelle place l'Initiative 3N réserve-t-elle à la transformation des produits de l'élevage ?
Comme je le disais plus haut, la Stratégie de Développement Durable de l'Elevage (SDDE 2013-2035) est une déclinaison sectorielle pour le Ministère de l'Elevage de l'Initiative 3N et du PDES. Ainsi, dans le Plan d'Accélération de l'I3N, il est prévu une composante ''Conservation, transformation et commercialisation des productions agro-sylvo-pastorales et halieutiques''. C'est ainsi que pour le secteur de l'élevage, notamment la transformation et la commercialisation des produits animaux, il est programmé, prioritairement, la construction et la réhabilitation des abattoirs à Niamey, Maradi, Dosso, Tillabéry et Tahoua. Il est également prévu la construction des laiteries modernes à Gaya, Tahoua et Diffa.


Quel est votre mot de fin, Monsieur le ministre ?
Notre mot de fin est qu'à partir de cet important évènement, ''le SAHEL'', une plus grande attention à l'élevage soit une réalité pour les investisseurs ainsi que nos Partenaires Techniques et Financiers afin qu'il constitue, outre la réduction de la pauvreté, un moyen d'amélioration de la balance commerciale de notre pays et de combat contre l'insécurité alimentaire et nutritionnelle des producteurs ruraux.

Oumarou Moussa

 

 

Dernière modification le mardi, 10 mars 2015 22:31

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