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vendredi, 22 mai 2015 05:23

Interview du Dr El -Back Adam sur l’avenir de la caravane de sel chez les éleveurs nomades de l’Aïr, du Tadress et de l’Azawak

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L’avenir de la caravane  de sel chez les éleveurs nomades de l’Aïr, du Tadress et de l’Azawak est d’actualité et demeure une des préoccupations des nomades de l’Aïr qui tiennent à perpétuer une tradition dont l’origine remonte à la nuit des temps. Depuis la nuit des temps en effet, les caravaniers  n’ont cessé de jouer un  rôle socio économique  par le commerce  du sel et des dattes du Kawar  en tant que cadre d’échange entre le Nord (l’Aïr) et le Sud du Niger et même le Nord du Nigeria.

Ils  entretiennent  de bons rapports avec les différents  groupes ethniques partageant l’espace géographique et culturel du sud nigérien, notamment Tessaoua où  les  populations  locales  tirent des profits substantiels  de la Taghlamt, la   caravane de sel.

‘’Le commerce des caravanes de sel est un atout culturel qui favorise la fraternité, l’intégration et l’unité nationale’’,  indique le Dr El-Back Adam


Selon le Dr El-Back Adam, Enseignant-chercheur aux universités de Niamey et de Zinder, et Tambari, Ayary ou Taghlamt est lié à l’existence du Ténéré, cette vaste étendue désertique qui  s’est formée il y a environ 7000 ans. Le commerce fut organisé dans le Sahara par les Grecs,  les  Phéniciens,  les Carthaginois  et les Romains. Des peuples  qui venaient en Afrique Noire chercher des plumes d’autruche, de l’ivoire et des esclaves, et  utilisaient les ânes, les bœufs ou les mulets comme moyens de transport. Au fil du temps, la nature,  le désert de sable s’est établi royalement, ce qui conduit les hommes de l’époque à recourir  au  dromadaire domestiqué en Arabie il y a 3000 ans, introduit en Afrique il y a 2600 ans environ, et  qui s’est avéré très  résistant et capable de transporter plus de bagages.  Ce sont plusieurs milliers de dromadaires qui traversaient le Sahara à l’époque, et la charge de trois  chameaux (Iffodans) suffisaient à nourrir une famille pendant un an.
La préparation d’une caravane peut durer plusieurs mois, et il  faut  deux mois de marche  aux caravaniers pour franchir 1500 à 2000 Kilomètres. Des zones du sud,  les hommes  fournissaient le nord en ambre, fer mil, haricot, arachide, bétail, viande séchée, peaux, gomme arabique, or  et tabac, et rapportaient  des bijoux, des tissus, des dattes, du blé, du sel, du natron, etc.
Ce commerce,  poursuit El-Back Adam, a fondé de grands centres commerciaux tels que Aoudagost, Sidjilmassa et Tahert, et donna naissance à beaucoup de cités comme   Djenné, Tombouctou, Gao, Agadez, Ingal, Tessaoua et Kano devenues de grands pôles d’attractions économiques. En 1998, la Lybie, le Mali, le Niger, le Soudan et le Tchad ont  créé  la Communauté des Etats Sahélo-Sahariens (CEN-SAD) dont l’un des objectifs est de faciliter et d’accroître le commerce transsaharien.


La réflexion sur l’avenir des  caravanes chez les nomades de l’Aïr, du Tadress et de l’Arawak, a suscité   beaucoup d’intérêts. Il est important  de savoir, entre autres, la vie du désert, le dromadaire, son histoire et ses vertus,  le turban et son historique, le sabre, la caravane elle-même, les exigences de l’organisation et de  la règlementation du métier de caravanier, l’orientation par les étoiles et la couleur du sable, le rôle du guide de la caravane ou  ‘’Madougou’’, la place et la pratique du commerce caravanier dans les secteurs de la vie active, son importance dans  l’histoire, la caravane dans la société moderne et les enjeux du commerce caravanier, l’avenir des éleveurs caravaniers, du commerce des dattes et du sel face aux moyens de transport modernes.


Pour le Dr El -Back Adam, au regard de l’importance de la Taghlamt, une rencontre a été  organisée en mars dernier par L’ONG HED TAMAT  à Tessaoua dans la région de Maradi afin de revaloriser le commerce des caravaniers de l’Aïr et  démontrer son impact  dans la vie socio-économique du pays à savoir: la complémentarité dans l’échange des produits; la mise sur le marché des produits tels que la viande, le lait, le  bétail, les dattes, le natron et le sel  échangés contre du mil; le brassage ethnique et culturel qui favorise la fraternité, l’intégration et l’unité nationale; la régularisation du marché du bétail par la baisse du prix
Les solutions à la relance du trafic caravanier  passent,  selon  Dr El -Back Adam, par l’organisation d’une fête annuelle des caravaniers à Tessaoua, couplée à une foire à leur intention à l’image de celles des agriculteurs et des artisans, la construction des hangars pour les caravaniers au marché de Tessaoua, leur alphabétisation, la création d’une   association de caravaniers capable de défendre partout les intérêts des ses membres (Union des groupements des caravaniers de l’Aïr par exemple ) et de promouvoir le commerce caravanier, la construction à Agadez de magasins où les caravaniers pourront stocker leurs produits (sel et dattes). Le Dr El -Back Adam estime qu’il faut penser  à  la sensibilisation des jeunes pour cultiver l’amour du  métier de caravanier qui constitue un facteur de renforcement de  l’unité nationale,  mais aussi  engager des réflexions sur la scolarisation des enfants des caravaniers, et impliquer pleinement les médias dans la promotion de l’ activité des caravaniers.

Abdoulaye Harouna ANP/ONEP Agadez

22 mai 2015
Source : http://lesahel.org/

 

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