Le programme sera un programme qui va reprendre l’essentiel de ce que nous avons mis en place dans le cadre du PDES 2012-2015 mais qui sera réactualisé en fonction d’un programme de société sur le long terme que nous allons développer. Et corriger ce que nous avons considéré dans le cadre de la gestion de ce PDES 2012-2015 qui n’a pas fonctionné comme on l’aurait souhaité, ou qui n’a pas été conçu dans le sens de la cohérence d’ensemble que nous voulons.
Le premier aspect, c’est l’ensemble des questions liées à la paix et à la sécurité. La sécurité suppose d’abord un rassemblement des Nigériens. Ce que je constate aujourd’hui et qui est pour nous comme un frein réel, c’est la division des Nigériens. Les Nigériens ne s’entendent pratiquement sur rien. Il faut qu’il y ait un minimum de consensus. Et ce minimum suppose que les Nigériens retrouvent leur fraternité, leur convivialité, le respect des uns et des autres pour créer un climat de confiance propice au travail. Les gens peuvent avoir des avis différents, peuvent avoir des conceptions de la vie différentes mais il faut que l’essentiel de nos valeurs puissent être celles que tout le monde accepte. Nous ne pouvons pas être dans une société ou il n’y a de respect pour personne, ou les insultes sont la panacée.
Moi je pense que cet élément est essentiel. C’est pour ça que je parle de rassemblement parce que ma conviction est réellement faite qu’il faut que les Nigériens dépassent ces petites préoccupations. Parce que ce sont des dérives que nous n’avons pas connue depuis longtemps. Dans ce rassemblement c’est aussi l’exaltation des valeurs réelles de notre société. Le travail, le mérite, la justice sociale en particulier. Donc cet aspect de question est éminemment lié à la question de sécurité d’ensemble. Parce que les germes de la division, des comportements irrespectueux des uns vis-à-vis des autres sont des éléments propices à créer des situations d’insécurité, au -delà de la lutte contre le terrorisme que nous avons tous acceptée.
« Le programme sur lequel je souhaite convaincre les Nigériens de nous élire (…),c’est ‘’Gouverner le Niger autrement’’ dans l’unité retrouvée, la justice sociale et le progrès »
Donc il faut créer un cadre général dans lequel les Nigériens retrouvent leur façon de vivre en symbiose entre eux. Il faut qu’il y’ait des institutions stables ; et celles-ci reposent sur une administration de développement qui refuse intégralement l’exclusion. Il faut que les bases de travail que nous allons mettre en place puissent être des bases qui respectent le travail bien fait et le mérite. Voilà la trame de départ. Sur cette base-là, nous voulons avons un développement économique accéléré qui est basé sur une croissance forte, saine et durable. Et cette croissance repose sur un certain nombre de secteur. D’abord un secteur primaire très fort. Donc il faut qu’il y ait une transformation rapide de notre économie qui permet véritablement à l’agriculture de se moderniser, de s’industrialiser, de créer un apport supplémentaire à notre produit intérieur brut, mais aussi de créer les emplois nécessaires pour compenser tout ce que cette démographie galopante ne nous permet pas de réaliser en termes d’emplois. Voilà le point principal.
Quelles sont les moteurs de cette croissance ?
D’abord l’aspect énergie qui est à la fois une opportunité et une urgence. Un pays qui veut s’industrialiser, doit nécessairement avoir une énergie abondante, forte, et à bon marché. Et nous avons une possibilité très large de diversifier ces énergies au point d’en faire des ressources d’exportation. Au niveau minier il est important que nous ayons une politique beaucoup plus scrupuleuse de l’intérêt du Niger. Nous ne faisons pas de la coopération qui ne puisse pas tenir compte d’abord de nos intérêts et ça c’est un élément fondamental.
Que ce soit pour les mines que pour autre chose, c’est un élément de patriotisme fort que nous devons avoir dans tout ce que nous allons faire. Tout ce que nous allons faire dans notre coopération avec l’extérieur doit absolument se faire dans le cadre de la préservation absolue de nos intérêts. Cela suppose que nous devons véritablement regarder tout ce qui ne fonctionne pas dans nos coopérations existantes et corriger ce qui peut l’être. Je suis persuadé qu’il y a des niches de performances qui peuvent être trouvées ; qui permettront d’abord de redynamiser un secteur qui doit participer de façon beaucoup plus large à la construction de notre produit intérieur brut et qui puisse aussi générer l’emploi. Au-delà du mythe uranium-pétrole, il y a d’autres possibilités qui peuvent permettre aux petites industries de renforcer l’emploi et la création d’une classe moyenne qui puisse commencer à créer les conditions pour développer le secteur tertiaire.
Nous avons aussi besoin des infrastructures (transport, sanitaires, énergétiques ou éducationnelles) qui devraient se faire dans un cadre d’aménagement du territoire bien élaboré pour que l’équilibre national puisse être respecté. Mais en parallèle, il faut revoir notre enseignement professionnel en particulier pour qu’il soit de plus en plus de qualité. Pour qu’il puisse aussi être le support de toute l’industrialisation que nous voulons faire en développant d’autres types de métiers, en développant les capacités des nigériens, non pas à savoir mais à savoir faire. Il faut bien entendu à coté de cela, continuer de soutenir par une protection sociale digne de ce nom.
Donc un système de santé qui puisse véritablement prendre en charge l’ensemble de notre société. Aujourd’hui la santé de nos populations est un élément fondamental et la manière dont nous sommes en train de faire évoluer cette question me parait de très loin peu satisfaisant. Pour que tout ceci fonctionne, il nous faut que nous ayons à côté de nous un certain nombre de diversification et en particulier créer les conditions pour que le secteur privé puisse générer un certain nombre de ressources. Et pour cela il faut que les conditions soient créées. Il faut qu’on ait une administration qui ne soit pas là simplement pour respecter les textes, mais pour faciliter le travail des autres, pour faciliter l’emploi et l’intégration économique de nos pays, puisque le Niger est dans un ensemble.
Le Niger doit continuer à renforcer sa capacité d’intégration en Afrique, d’ouvrir son marché vers l’Afrique et le reste du monde. Et nous avons pour cela des avantages comparatifs dans certains secteurs importants, l’agriculture, l’élevage par exemple. Nous avons bien sûr dans ce cadre là, un certain nombre de préoccupations particulières. Et dans ces préoccupations là, c’est la place de la jeunesse, de la femme, des couches vulnérables qui ne sont pas favorisées depuis longtemps. On ne peut pas imaginer dans un pays ou la jeunesse représente plus de 75% de notre population active, que nous ne puissions pas avoir un programme spécifique à cette frange de notre société. C’est donc là un point sur lequel nous allons présenter un programme très spécifique. Et de la même manière nous allons faire en sorte qu’un programme spécifique puisse être élaboré pour les femmes et qui prenne en compte à la fois la question de leur autonomisation et de leur leadership.
Monsieur Amadou Boubacar Cissé comment comptez-vous mobiliser les ressources nécessaires à la mise en œuvre de ce programme ?
Il faut que nous puissions d’abord mobiliser l’ensemble de nos capacités nationales. Je crois que c’est une idée forte de compter sur soit d’abord. Il faut mobiliser l’intégralité de nos ressources, augmenter l’assiette fiscale. Faire en sorte que nos ressources énergétiques, nos ressources minières soient mieux gérées et puissent apporter beaucoup plus pour favoriser le développement auquel nous aspirons. Evidemment il faut continuer de renforcer notre diplomatie, nos capacités de coopération économique et technique pour que nous puissions bénéficier de l’aide publique au développement. Oui pour les efforts supplémentaires qu’il faut faire à l’intérieure, oui pour les efforts extérieures. Tout ceci pour permettre un développement et un décollage rapide de notre pays.
Monsieur Amadou Boubacar Cissé si vous êtes élus Président de la République quelle sera la priorité des priorités du programme que vous venez de décliner ?
D’abord, il faut rétablir la confiance entre les Nigériens en ramenant la fraternité et le rassemblement. Que les Nigériens dans leur ensemble puissent considérer qu’ils ont en face d’eux un gouvernement responsable et qui s’occupe de leurs intérêts. ça pour moi ce n’est pas évident, parce qu’il y a de l’exclusion, il y a beaucoup d’autres choses.
On veut un gouvernement qui puisse travailler dans l’intérêt du pays. Et mettre en place un système qui permette d’éviter l’exclusion des Nigériens et d’avoir une administration dépolitisée dont le rôle principal sera de faire en sorte qu’on puisse mettre en place les conditions qui permettent aux Nigériens d’avoir confiance en leur administration et qui soit une administration de développement. Voilà les priorités : il faut un état des lieux, il faut une administration dépolitisée. Ca c’est la priorité des priorités, avant de démarrer quoi que ce soit !
Onep
11 février 2016
Source : http://lesahel.org/