Mais en réalité, pour les observateurs avertis, cette déconfiture des rapports entre les alliés d’hier n’a vraiment rien d’une surprise. C’était prévisible, et ce n’était qu’une simple question de temps, car ça sentait déjà le roussi. D’abord, parce que cette alliance entre djihadistes et séparatistes s’apparente, à tous points de vue, à une tresse tissée sur un amas… de poux ! Ceci, pour le simple fait qu’aucune raison objective, sinon que le souci de faire perdurer l’occupation du nord Mali, ne justifiait l’alliance entre ces deux forces aux ambitions différentes, voire même divergentes. Quand le MNLA parle de partition du territoire malien pour créer l’Etat indépendant de l’Azawad, les islamistes d’Ansa Dine, eux, parlent plutôt d’instauration de la charia dans la zone occupée. Et comme la charia devrait s’appliquer à tout le monde, les grincements de dents ont commencé à se faire entendre dans les rangs des combattants du MNLA, tout comme dans les rangs des habitants de la ville occupée. C’est ainsi que pour exprimer leur ras-le bol face aux islamistes qui leur imposaient le port du voile et l’abandon de toute activité économique, les femmes touareg sont sorties, en début juin, rejoignant ainsi la grande masse des jeunes de Gao qui étaient sortis auparavant pour s’opposer au joug des ‘’barbus’’. Déjà, un des responsables du MNLA avait haussé la voix pour condamner vivement ce qu’il qualifiait ‘’d’agression des femmes touareg par Ansar Dine’’. C’est dans ces entre-faits que des événements vont se succéder pour pourrir l’atmosphère entre les deux groupes. A partir de là, la jarre était déjà…percée. Et l’assassinat du conseiller municipal de Gao, suivi de la sortie massive des jeunes de la ville pour défier, mains nues, les hommes en arme, n’ont finalement été que le détonateur d’une situation déjà pourrie. Comme quoi, l’usure du temps et l’épreuve des faits ont réussi là où les hommes, sensés défendre l’intégrité du territoire malien, ont lamentablement échoué.
Assane Soumana
29 juin 2012
Publié le 29 juin 2012
Source : Sahel Dimanche