plus compliqué quand il faut, en plus de leurs propres moutons de sacrifice, en distribuer à d’autres personnes qui en font un droit. Et dans la plupart des cas, la quête du mouton implique le recours au système D. Le mouton n’étant accessible qu’à des coûts exorbitants, en cette période de forte demande sur le marché, il faut alors se ‘’débrouiller’’ pour se doter des moyens nécessaires à l’achat de béliers dignes de ce nom. Aussi, pour contenter madame et la progéniture, beaucoup ne reculeront devant aucun obstacle. Pour ces derniers, tous les moyens sont bons, pourvu que le mouton soit acquis : endettement, arnaque, et autres coups fourrés sont au menu des préparatifs de cette fête.
Et quand après avoir réussi le pari, au prix de mille sacrifices, de disposer du précieux animal, il reste encore à passer le cap d’une autre épreuve non moins stressante : celle de pouvoir mettre le bélier à l’abri de la tentation des indésirables visiteurs de nuit. Une équation à plusieurs inconnues, dira-t-on. Car, comme on a pu le constater, ces dernières années, la période qui précède la fête de tabaski correspond à une recrudescence du vol de bétail. En effet, l’occasion faisant le larron, beaucoup d’amateurs de gain facile se retrouvent subitement l’âme d’un voleur intrépide. Surtout que, à force de le faire au fil des années, certains sont passés maîtres dans l’art du vol de mouton. Ainsi, une fois qu’ils ont ciblé un mouton, ils se donneront tous les moyens de vous l’enlever. Maniant la ruse et la bestialité, ces maraudeurs au regard gluant redoublent d’ingéniosité dans leur modus opérandi. On se rappelle encore les hauts faits perpétrés, les années antérieures, par ces rôdeurs qui rasent les murs de jour comme de nuit, prêts à sauter sur la moindre inattention pour vous dépouiller de votre bélier. Devant une telle situation, d’aucuns ont cru trouver la solution radicale en hébergeant carrément, une fois la nuit tombée, le mouton dans un coin de leur maison, quitte à endurer de rudes nuits d’insomnie sur fond de bêlements incessants de l’animal, forcément dépaysé dans le confort d’un salon.
Devant tant de turbulences et de travers qui entourent l’acquisition du mouton de Tabaski, on est bien en droit de se demander si de nos jours les gens ne sont pas en train de dévier du sens même du sacrifice d’Abraham pour lui donner une autre dimension que celle strictement religieuse. Assurément, au regard de certaines pratiques qu’on observe, il y a lieu d’en douter.
Assane Soumana
19 octobre 2012
Publié le 19 octobre 2012
Source : Sahel Dimanche
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