Des prix hors de portée des petites bourses. Le mouton du sacrifice d’Abraham est donc devenu ce dernier temps le ‘’diamant’’ des musulmans. Les ‘’dilanes’’ (intermédiaires) et autres spéculateurs occasionnels ne font que rivaliser d’ardeur pour compliquer la vie aux pauvres clients, obligés de subir ce redoutable sort. Le plus marrant dans cette histoire, c’est que même les villages éloignés, d’où proviennent les moutons se sont mis dans la danse. En effet, forts de leurs bêtes sur pieds, les villageois ne sont pas toujours pressés de les céder au premier venu. Ils font eux aussi dans la surenchère et aggravent le sort des citadins. Mais quelque part, on est tenté de dire que ce n’est que justice. Car après une campagne agricole pas forcément des plus abondantes, n’est–il pas normal que les paysans réfléchissent plusieurs fois avant de brader leurs animaux? Et puis les citadins, eux, ne comptent jamais sur la clémence du ciel pour assurer leur pitance quotidienne. En plus, ils sont dans le business et les affaires, douze mois sur douze, et se tapent beaucoup d’espèces sonnantes et trébuchantes dont les villageois blottis au fond de leurs brousses lointaines ne sentent même pas l’odeur. Convaincus de ces évidences, les citadins sont obligés de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Le budget familial étant déjà sérieusement grevé par les dépenses inhérentes à la rentrée des classes, il faut davantage se serrer la ceinture pour satisfaire cette recommandation divine. Car, au-delà de son caractère religieux, la fête du mouton est une véritable institution sociale aimée de tous les enfants. En effet, dans chaque foyer, les bambins attendent de pieds fermes que Papa revienne du marché avec le précieux mouton de la Tabaski. Sinon, il aura droit aux interminables récriminations de ses tendres chérubins. On n’a donc pas tellement le choix, et on se saigne pour accomplir son devoir de bon musulman, tout en faisant plaisir à ses gentils poupons. L’ambiance des grands jours est déjà perceptible autour des marchés, et elle en rajoute à la quête effrénée de la petite bête à cornes. A chacun son mouton … de Tabaski. Bonne fête à tous !
Oumarou Moussa
11 octobre 2013
Publié le 11 octobre 2013
Source : http://lesahel.org/
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