Les présidents Africains aux ordres : Issoufou et son penchant français au détriment de son peuple…
Jamais le Niger n’a connu un président de la République aussi attaché, pour ne pas dire, soumis à la France que le président Issoufou Mahamadou. Aucun président nigérien n’a autant visité la grande France que ce membre de l’Internationale socialiste. Actuellement il est dans la Métropole et ce, depuis samedi dernier.
Lorsqu’il y a, quelques années, à la suite d’un message à la Nation, nous avions titré: « à quelle Nation s’est adressé le président Issoufou », beaucoup nous en avait voulu à mort. Trouvant notre interrogation insensée voire même apatride. A l’épreuve des faits, l’histoire nous a donné raison. Quand Tandja Mamadou, alors président de la République avait exigé et obtenu du géant français du nucléaire AREVA, obligeant Nicolas Sarkozy à venir s’agenouiller à Niamey, les Nigériens avaient pensé que le top départ était donné pour des relations d’égal à égal entre leur pays et son ancien colonisateur. Mais aussitôt que le socialiste Issoufou prenait les rênes du pouvoir, les espoirs sont trahis, déçus. Ce fût d’abord, l’ensevelissement de la loi minière de 2006 au profit d’un accord de partenariat stratégique signé, non pas, entre le ministère des Mines et AREVA mais entre cette multinationale française et son ancien employé devenu Directeur de cabinet du chef de l’État Nigérien, Hassoumi Massoudou. C’était des années de lutte, de bras de fer et de courage politique du régime Tandja qui venait d’être enterré au seul profit d’AREVA et de sa France natale.
Lorsque des citoyens français sont enlevés dans notre pays, le régime des socialistes nigériens était prêt à toutes les compromissions pour les faire libérer. Mais quand des citoyens du Niger tombent sous les balles meurtrières des terroristes, souvent c’est difficilement qu’un deuil est décrété à leur mémoire.
Depuis quinze mois que des déclarations publiques, des marches pacifiques et des meetings sont organisés pour réclamer la libération des cadres du parti MODEN FA Lumana de Hama Amadou, incarcérés à la veille des élections de 2016, il a fallu une simple visite du simple président de l’Assemblée nationale française pour que les infortunés hommes politiques recouvrent leur liberté. Certains n’en revenaient tout simplement pas lorsque, vers 22 heures, ce vendredi 24 mars 2017, un message radio informait les régisseurs de prison de leur libération. Cela, au lendemain de la visite de Claude Bartolone, président du parlement français. Ils sont donc libres à la faveur d’un non-lieu prononcé non pas à l’issu d’un procès, pas non plus au nom de leur nationalité Nigérienne et des droits qui s’y attachent conformément à la Constitution du 25 novembre 2010, mais simplement à la suite de la visite d’une personnalité de la grande France. Et juste après, le président Issoufou s’envole pour Paris comme s’il y avait des dividendes – politique, s’entend – à y retirer après la libération de ceux qui sont considérés comme des prisonniers politiques.
Ah oui ! N’oublions pas que Mahamadou Issoufou est le seul président du Niger a avoir autorisé l’implantation de bases militaires étrangères dans le pays. Là, aussi il l’a fait en toute illégalité puisque l’article 169 du TITRE 10 de la Constitution du Niger dit ceci : « les traités de défense et de paix, les traités et accords relatifs aux organisations internationales, ceux qui modifient les lois internes de l'Etat et ceux qui portent engagement financier de l'Etat, ne peuvent être ratifiés qu'à la suite d'une loi autorisant leur ratification. »
Or, l’Assemblée nationale a soigneusement été tenue à l’écart de la présence militaire étrangère dans notre pays. Ayant permis aux français de s’installer, le régime du président Issoufou n’a eu de choix que laisser les américains venir avec leurs drones suivi immédiatement des allemands. Les russes et les chinois ne cracheraient probablement pas non plus sur cette générosité présidentielle du pouvoir de Niamey.
Alors question : pourquoi cette propension à privilégier les intérêts d’autres pays au détriment du sien ?
Tout porte à croire que le président Issoufou et son entourage ont tiré les leçons d’une vérité immuable : la France ne serait pas étrangère à presque tous les changements brusques de régime dans l’Afrique francophone. Les services français maintiennent qui ils veulent et débarquer qui bon leur semble dans les pays sous leur tutelle. La logique est donc toute simple : contenter vaille que vaille la puissante tutelle au détriment du peuple quitte à arracher des victoires électorales. Après tout c’est elle – la tutelle – qui décide de la légitimité ou non des élections au plan internationale. Quant à la légalité, elle est facile à obtenir. Quelques manœuvres stratégiques et financières feront l’affaire. C’est malheureusement la vision assez simpliste de bien de chefs d’État africains. Ce qui expliquerait également la spoliation des ressources africaines par la France et ses semblables. D’où l’éternel sous-développement et la place de « meilleur » dernier qu’occupe notre Niger depuis l’avènement de Mahamadou Issoufou au sommet de l’État.
Ibrahim A. YERO
31 mars 2017
Source : Le Monde d'Aujourd'hui