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Financer l'Afrique : Appel urgent pour une gestion plus intelligente des ressources financières et une réforme systémique

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Dans un rapport crucial et complet publié par la Fondation Mo Ibrahim, les besoins financiers pressants et les défis auxquels l'Afrique est confrontée sont examinés de manière approfondie. Le rapport souligne que l'Afrique nécessite entre 900 milliards et 1,3 trillion de dollars par an pour atteindre les objectifs ambitieux fixés par l'Agenda 2030 des Nations Unies et l'Agenda 2063 de l'Union Africaine. Ce besoin financier est exacerbé par les besoins substantiels de financement climatique du continent, estimés entre 250 et 300 milliards de dollars par an d'ici 2030.

Les taux actuels d'investissement et d'épargne nationale de l'Afrique s'élèvent à 22 % et 20 % du PIB, respectivement. Cependant, pour atteindre une croissance économique significative et le niveau de développement souhaité, le continent doit viser et maintenir un taux d'investissement de 30 % du PIB pendant au moins deux décennies. Cela se traduit par un besoin d'investissement de 300 milliards de dollars par an, mettant en évidence un déficit de financement de 10 % du PIB.

Malgré les chiffres peu encourageants, le rapport souligne que la disponibilité mondiale de capitaux n'est pas le principal problème. Le problème réside dans l'accessibilité et l'utilisation efficace de ces fonds. Par exemple, la part de l'Afrique dans l'Investissement Direct Étranger (IDE) mondial reste disproportionnellement faible, à 3,3 %. Un effort est donc nécessaire pour transformer l’Afrique en une destination attractive pour les capitaux internationaux à la recherche d’investissements rentables tout en accroissant l’aide publique au développement en direction du continent.

Le rapport appelle à la fois à une amélioration du climat des affaires, à des approches améliorées de l'évaluation des risques en Afrique et à une révision radicale du système financier multilatéral actuel, plaidant pour une augmentation de la concessionalité et une représentation africaine accrue aux niveaux décisionnels. De plus, il insiste sur l'importance de ne pas seulement rechercher plus d'argent, mais de garantir la mobilisation d’un meilleur et plus intelligent argent grâce à des solutions financières innovantes.

En plus des ressources externes, la mobilisation des ressources domestiques est cruciale. L'Union Africaine prévoit que les ressources domestiques couvriront  jusqu'à 90 % du financement nécessaire pour l'Agenda 2063. Cela implique de lutter contre les flux financiers illicites, de renforcer les systèmes fiscaux et de tirer parti des envois de fonds, des fonds souverains et de la richesse privée. La monétisation des actifs verts de l'Afrique, tels que la biodiversité et les minéraux critiques, est également essentielle.

La dette publique de l'Afrique a triplé depuis 2009, créant un défi majeur qui nécessite une attention urgente. Le rapport met en lumière les complexités du service de la dette et la nécessité de conditions d'emprunt plus favorables. Il note également la montée en puissance des investisseurs du Golfe et les avantages potentiels d'une amélioration des notations de risque souverain pour 21 pays africains qui n'ont jamais reçu de telles notations.

Le rapport de la Fondation Mo Ibrahim est clair : les besoins financiers de l'Afrique sont immenses mais pas insurmontables. La solution réside dans des stratégies financières plus intelligentes, une réforme systémique et un changement significatif vers l'autosuffisance appuyée par une plus grande mobilisation des ressources internes. En tirant profit à la fois des mécanismes financiers externes et domestiques, l'Afrique peut progresser vers un développement durable et une résilience climatique.

Mieux ces ressources seront utilisées au service du développement du continent, plus elles attireront d’autres ressources dans une spirale vertueuses pour l’accroissement du bien être des populations africaines. A cet égard, les réformes et les investissements qui améliorent le climat des affaires et qui renforcent les capacités des administrations publiques à mobiliser les ressources internes doivent être couplés avec des politiques économiques qui visent à propulser les secteurs à grand impacts sur l’environnement économique, le bien-être des populations et la réduction de la pauvreté comme l’énergie, les infrastructures, la productivité agricole, la sécurité alimentaire, l’industrie légère et la digitalisation de l’économie. L’intégration régionale et l’exploitation de l’intelligence artificielle seront les leviers indispensables à l’accélération de ce processus.

L'appel à l'action est urgent et clair : il est temps que la communauté internationale et les dirigeants africains collaborent de manière plus efficace et innovante pour répondre aux besoins financiers critiques du continent et libérer son plein potentiel.

Abdoul Salam Bello