Un bus des travailleurs de Samira saute sur une mine et fait huit morts : Pourquoi laisser Samira dans les mains d’expatriés?
Le vendredi 09 mai 2025, un bus transportant des employés de la Société minière du Liptako, exploitant la mine d’or de Samira, dans le département de Gotheye, Canton de Dargol, a sauté sur engin explosif meurtrier. Le bilan macabre est lourd : 08 morts. Ces huit travailleurs ont été tués froidement par des mains meurtrières et des coeurs assassins qui ont sciemment placé cette mine pour donner la mort. Ils sont morts parce que des criminels, se mettant à la place de Dieu, ont décidé que de paisibles travailleurs et d’honorables chefs de famille ne sont pas dignes de vivre. Car, à l’évidence, cet engin explosif, d’une capacité meurtrière extraordinaire, a été surement placé sur leur chemin, sachant l’heure de leur passage, par les terroristes qui écument la Sirba, et la zone des trois frontières depuis quelques années. Pillant, massacrant, volant, incendiant, ces criminels sèment la mort et la désolation tant parmi les civils que les militaires.Ce n’est pas la première fois que Samira, l’unique site d’exploitation industrielle d’or du Niger, est visée par ces meurtriers qui ne sont mus que par la soif de la mort, au service d’intérêts étrangers. L’exploitation industrielle de cette mine aurifère a débuté en 2003, censée apporter une contribution substantielle à l’économie nationale, et à même d’améliorer sensiblement les conditions de vie des nigériens. Mais, bien malin qui peut dire, au juste, à quoi servent les lingots d’or qui sortent de Samira et celui qui en tire profit au Niger. Dans les mains d’un conglomérat de canadiens (SEMAFO) et de marocains (Managem), Samira est passée en 2013 dans l’escarcelle de l’Etat, sous la coupe de la SOPAMIN qui, en 2016, cède 80 % les actions de la SML à un groupe mafieux nigérian dénommé ‘’A Group International’’. Après un contentieux à la Africard, mais dans une moindre mesure, la SOPAMIN reprend la gestion de la SML et le Niger conclut, en 2019, un contrat de cession d’actions avec MCKINEL Ressources Limited, détenu par l’australien Paul List représenté par Angela List, métisse ghanéenne et épouse de Paul List. Depuis l’arrivée de cette dame à la tête de la société, les recettes seraient versées directement dans des comptes à l’extérieur du Niger, en violation flagrante de la règlementation nationale et des dispositions de l’UEMOA. La BCEAO a d’ailleurs, à travers des correspondances, attiré l’attention des autorités nigériennes sur de fortes probables fuites de capitaux. Donc, des lingots d’or sont bien extraits de Samira et effectivement sortis du Niger, de manière quelque peu frauduleuse. Dans le même temps, les travailleurs de la mine, main d’oeuvre non qualifiée comme celle qualifiée, sont toujours menacés de licenciement, fréquemment mis en chômage technique. L’usine est très souvent aux arrêts, faut de…gasoil et d’explosifs. Ce qui a amené, en février 2024, le Syndicat des travailleurs des mines du Niger (SYNTRAMIN) à dénoncer, dans une déclaration, ‘’une gestion caractérisée par l’amateurisme à travers le non-respect du paiement de la redevance minière, le non-respect du paiement de l’IUTS, le non-respect du paiement des cotisations à la CNSS, le non-respect du paiement du salaire à terme échu, une mise en chômage technique d’une partie des employés de la SML à deux reprises pendant 6 mois en 2019 et 2 mois en 2023 et 2024, et sans aucun investissement de la société’’. C’est dire que la survie de la mine est menacée car, depuis 13 ans, il n’y a pas eu de l’exploration’’, ont-ils conclu.
Le syndicat alors lancé un SOS à l’endroit du CNSP. Car, l’on est en droit de se demander, au fond, à quoi sert l’or de Samira. A enrichir des privés étrangers et quelques hauts placés tapis dans les hautes sphères de l’Etat ? En vérité, les nigériens ne sentent pas l’impact de l’or sur leurs vies et le poids de l’or dans le budget, ne serait-ce qu’en termes de redevances. Alors, pourquoi ne pas carrément fermer Samira puisque ses bienfaits ne sont manifestement pas visibles jusqu’à trouver un gérant sérieux ? A moins que l’Etat nigérien décide de la nationaliser et l’exploiter pour le bien du peuple nigérien, tout en permettant à des privés nigériens d’y prendre des actions. Car, il est inadmissible que, dans un contexte de lutte pour la souveraineté et l’indépendance véritable du pays, un contexte oû le contenu local s’impose à tout investisseur étranger au Niger, que des expatriés viennent s’approprier les ressources du pays, s’en empiffrer, et pire, les sortir du pays, en raison du mépris qu’ils ont pour les nigériens, au point de leur cacher même les quantités réelles des richesses qu’ils tirent du sous-sol nigérien ; parce qu’ils jouiraient de complicités internes, de bras puissants qui les protègent, moyennant surement une part considérable, au détriment de l’intérêt général, spoliant le peuple de ses moyens de subsistance. Le CNSP est interpellé pour avoir un droit, mieux un devoir de regard, sur ce qui se passe à Samira, et
partout oû des richesses nationales sont exploitées, afin de décider ce qu’il y a de mieux pour les nigériens qui, jusqu’ici, ne savent pas oû va l’or de Samira depuis qu’a débuté son exploitation industrielle. .
Bisso (Le Courrier)