Accéder au contenu principal

Niger - Scandale financier au SNAT : plus d’1,3 milliard FCFA introuvables, les agents du Trésor réclament justice

Tresor NigerTempêtes syndicales au Trésor : Les casseroles bruyantes du BEN SNAT
Ce n’est pas courant, mais ça arrive que des hommes, élus et investis de la mission de défendre les intérêts matériels et moraux de leurs camarades abusent de la confiance de ces derniers et détournent les fonds mis à disposition pour ladite mission. C’est ce dont les agents du Trésor accusent le Bureau exécutif national (Ben) du Syndicat national des agents du Trésor (SNAT). La crise de confiance couvait depuis le plus récent congrès de Maradi tenu en mars 2025. Dès le 7 mars 2025, les représentants de plus de 2/3 des agents, avec mandats et constat d’huissier en annexe, ont adressé une lettre au BEN SNAT avec ampliations au ministre délégué des Finances, au Secrétaire général du ministère des Finances, à l’administration de la Direction générale du Trésor et de la comptabilité publique (DGT/CP) ainsi qu’à la Confédération démocratique des travailleurs du Niger (CDTN), centrale d’affiliation du SNAT. Dans cette correspondance qui étale clairement les griefs des agents du Trésor à l’encontre du BEN/SNAT, on note notamment l’opacité qui entoure la gestion des ressources financières mises à disposition ainsi que la violation des conclusions et la trituration des textes issus du congrès de Maradi. Ce qui, relève-t-on dans la lettre, a conduit les agents du Trésor à exiger, entre autres, la suspension des prélèvements des 6% sur les ristournes jusqu’à nouvel ordre et une inspection des fonds publics mis à la disposition du BEN dont ils ont par ailleurs demandé la démission. Et comme il n’y a jamais deux sans trois, le collectif a averti qu’il se réserve le droit de porter l’affaire devant les juridictions compétentes.

Cette lettre, qui traduit toute la défiance des agents du Trésor vis-à-vis du BEN a curieusement attiré le courroux de Djibrilla Idrissa, Secrétaire général de la CDTN à laquelle est affilié le SNAT. Pourquoi ? Nul ne saurait le dire. En revanche, on sait qu’il a réagi à cette lettre qui ne lui était pas destinée et qui ne le mettait nullement en cause. Djibrilla Idrissa a-t-il commis une grosse maladresse ou menait-il un combat d’arrière-garde ? Mystère et boule de gomme ! Il écrit, non pas au collectif auteur de la correspondance ou même au ministre délégué qui a été mis en ampliation, mais au Premier ministre, ministre des Finances qu’il a entretenu de tout, sauf de ce qui était à l’ordre du jour selon les agents du Trésor. C’était le 21 mars 2025. Et dès le 24 mars suivant, c’est la réponse du berger à la bergère. Le collectif des agents du Trésor qui s’est mué plus tard, apprend-on, en syndicat autonome des agents du Trésor (SAAT), a aussi adressé une lettre au Premier ministre. Dans cette correspondance dont Le Courrier a obtenu copie et portant en objet ″Réponses aux allégations mensongères du Secrétaire général de la CDTN″, le collectif des représentants des structures comptables et directions techniques de la DGT/CP a étalé ses critiques, condamnations et désapprobations à l’encontre du BEN.

Les fautes et manquements du BEN/SNAT, s’ils sont fondés, sont innommables car frisant les délits. Les agents du Trésor décident de mettre en place une mutuelle et un montant conséquent de 136 498 129 FCFA ont été prélevés pour ce faire. Pour tout et en tout, c’est une infirmerie qui est brandie à la place de la mutuelle. Furieux, ils exigent une Assemblée générale pour faire la lumière sur la destination des fonds destinés à la mutuelle. Mais, le BEN fait du dilatoire, reportant sans cesse le rendez-vous de la vérité avant de plier finalement le 22 février 2025. Ce jour-là, pendant neuf heures d’horloge, les discussions ont été animées, voire houleuses, mais la fumée n’a pu être dissipée. Alors, le collectif a décidé, pour contraindre le BEN à s’expliquer, de lui couper le jus. C’est ainsi que dans la correspondance du 7 mars 2025, il a entre autres demandé à l’administration de la DGT/CP la suspension de tout décaissement en faveur du BEN/SNAT jusqu’à la justification des fonds déjà encaissés. Ce n’est pas moins de 1 363 880 954 FCFA palpés entre 2020 et 2025 qui sont mis en cause. Un montant faramineux pour un bureau syndical et que le secrétaire général du BEN, le sieur Zabeirou Ibrahima et ses camarades sont sommés de justifier. De ce montant, en plus de la mutuelle, il est prévu le financement du fonds social pour 803 147 190 FCFA. Rien que le fonctionnement du BEN a été approvisionné pour un montant de 424 235 637 FCFA, ce qui est plus que suffisant pour ne pas toucher à ce qu’il est défendu de destiner à autre chose.

Dans leur correspondance adressée au Premier ministre qui a été parfaitement édifié sur les casseroles bruyantes du BEN/SNAT, le collectif des agents du Trésor a informé Ali Mahaman Lamine Zeine qu’il a bien voulu laver le linge sale en famille en gérant cette crise de confiance à l’interne. Mais, outre qu’il est convaincu d’une dilapidation des ressources communes des agents du Trésor, il est surpris, pour ne pas dire choqué de constater que ce sont ceux qui sont appelés à faire profil bas qui s’agitent en premier. Aux dernières nouvelles, le collectif, dans saquête de transparence et de manifestation de la vérité, un des grands principes budgétaires en matière de finances publiques, a saisi les tribunaux. Affaire, donc, à suivre.

Laboukoye (Le Courrier)