Accéder au contenu principal

Examens 2025 au Niger : L’éducation en alerte pour le Bac général, d’autres filières en progrès

Résultat Bac Niger 2025

Des résultats alarmants des examens de fin de cycle

L’année scolaire est arrivée à son terme. Tous les examens scolaires- enseignement général, enseignement professionnel et technique-ont eu lieu. Et les ministres concernés ont fait le point des résultats. Au niveau de l’enseignement professionnel et technique, les résultats sont globalement satisfaisants : 93, 82% de réussite pour le Certificat de qualification professionnelle (CQP) ; 76,46% au niveau du Certificat d’aptitude professionnelle (CAP) ; et 69,73% pour le Brevet d’aptitude professionnelle (BEP). Contrairement aux résultats des examens du baccalauréat : enseignement général, enseignement professionnel et enseignement technique, où les résultats sont alarmants, particulièrement bas pour le Bac de l’enseignent général. Les taux de réussite rendus publics le 1er aout 2025, à l’occasion d’un point de presse, par le ministre de l’enseignement supérieur, de la recherche et de l’innovation technologique, Pr Mamadou Saidou, sont : 69, 38% pour le Bac professionnel ; 56,38% pour le Bac de l’enseignement technique ; et seulement 29,37% pour le Bac général. Ces résultats sont inquiétants et doivent interpeller toute la nation, en particulier les acteurs, de l’Etat jusqu’aux partenaires sociaux en passant par les pédagogues et techniciens. Car, en termes économiques, les pertes sont énormes. Au regard du très faible taux de réussite du Bac général, c’est carrément un désastre économique que malheureusement notre pays accuse chaque année sans que cela n’émeuve personne. Et pourtant, ces résultats doivent susciter des interrogations et des réactions.

Sur 70 364 candidats présents dans les salles d’examens sur l’ensemble du territoire, ils seront moins de 21 000 à décrocher le fameux parchemin. Ce qui fait que sur 100 élèves de terminale de l’enseignement général, moins de 30 ont pu avoir le Bac. Ces chiffres glaçants doivent faire réfléchir. Comme l’a d’ailleurs évoqué brièvement le ministre, en parlant d’investissement comparativement aux résultats. Que voulons-nous que les candidats au Bac maitrisent ? Qu’est-ce qu’il faut corriger chez l’élève ? Quel est l’objectif du Bac en termes de taux national de réussite? Comment procèdent les pays où le taux de réussite le plus bas, quand on prend l’ensemble des académies du pays, dépasse au moins les 70% ? Sont-ils plus intelligents que les élèves nigériens ? Assurément non. Ce sont là quelques questions innocentes, mais pertinentes, qui devraient être obligatoirement nous posées pour éviter une catastrophe, pédagogique et économique nationale chaque année.

Un redoublant coûte cher à l’Etat, plus encore une exclusion qui est une perte considérable, car tout l’investissement injecté tombe à l’eau. Parce qu’il est justement question d’investissement. A supposer qu’un élève de terminale coute 200 000 F à l’Etat, en termes de salaires des enseignants qui l’encadrent, les infrastructures, le matériel didactique, entre autres, plus de 50 000 élèves reprendront le Bac l’année prochaine, quand on considère les résultats de cette année. L’Etat reconduira le même montant, dans le meilleur des cas, c’est-à-dire si le cout de la vie n’augmente pas, pour tous ceux du public qui ont échoué et qui n’ont pas épuisé leur scolarité. Et les parents, pour leurs enfants qui sont dans les écoles privées qui n’ont pas pu décrocher leur Bac. Donc pas moins de 50 000. Ce qui fait banalement 10 milliards. Dix milliards pour l’éducation, ce n’est pas énorme, il est vrai, mais quand on perd 10 milliards chaque année parce qu’on ne s’arrête pas pour s’interroger sur un échec récurrent et voir comment y remédier, c’est une attitude anti économique. Alors que l’école est le lieu du meilleur investissement. Pour cette raison, l’investissement doit être rationnel et optimisé. il y a lieu de revoir certaines choses : les programmes pour n’enseigner et n’évaluer les enfants que sur des choses vraiment utiles dans leurs vies et pour le pays, basées sur nos réalités, nos valeurs ; choisir des sujets non pas pour sanctionner ou punir les candidats mais en vue d’évaluer les acquis sur ce qu’on lui a réellement enseigné ; fixer des barèmes précis pour que le correcteur ne corrige pas comme il l’entend ; donner assez de temps pour la correction des copies et ne pas mettre la pression sur les correcteurs ; former tous les enseignants en évaluation afin qu’ils ne tiennent compte que du niveau de classe comparé au niveau réel de l’apprenant et non pas en fonction de leur propre niveau ; fixer un taux obligatoire de réussite au Bac, faute de sanction ; réfléchir également sur la langue d’enseignement.

Ce dernier point est capital, car tout le monde sait qu’on apprend mieux dans sa langue que dans la langue d’autrui. Les élèves des pays qui enregistrent un taux annuel minimal de 80% de réussite au Bac ne sont pas plus intelligents que les enfants nigériens . Seulement, dans ces pays, le premier obstacle est levé : la langue. Il est donc important et même urgent de réfléchir sur ces taux très bas de réussite aux examens, en déterminer les causes, relever leurs impacts négatifs sur l’économie nationale, et proposer des solutions. Cela concerne tous les acteurs. C’est une nécessité impérieuse de tenir compte de l’économie de l’éducation pour un usage rationnel des ressources nationales en opérant de bons choix pour un développement endogène durable.
Bisso (Le Courrier)