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Double nationalité au Niger : ce que dit la loi

certificat de nationalite NigerienneDepuis 2014, la législation nigérienne a franchi un pas important en reconnaissant officiellement la double nationalité pour les Nigériens d’origine. Une réforme saluée par la diaspora, qui vient répondre à des réalités humaines et sociales de plus en plus fréquentes, dans un monde où la mobilité est devenue incontournable.

Une réforme majeure : la loi n°2014-60
Jusqu’en 2014, tout Nigérien qui acquérait une autre nationalité devait, en principe, renoncer à sa citoyenneté nigérienne. Mais avec l’adoption à l’unanimité de la loi n°2014-60, modifiant le Code de la nationalité nigérienne, cette restriction a été levée. Depuis lors, tout Nigérien de naissance peut posséder une ou plusieurs autres nationalités, sans perdre la sienne.

Cette réforme met fin à une injustice souvent dénoncée par la diaspora nigérienne, et s’inscrit dans une dynamique panafricaine de modernisation des législations relatives à la nationalité.

Transmission facilitée et égalité de genre
La loi introduit également des avancées majeures en matière d’égalité entre les sexes. Désormais, les femmes nigériennes peuvent transmettre leur nationalité à leurs enfants et à leur conjoint au même titre que les hommes. Un progrès salué par les organisations de défense des droits, qui rappellent que la nationalité est un droit fondamental et un vecteur d’identité, de protection et d’accès à la citoyenneté pleine.

Qui est concerné par la double nationalité ?
La reconnaissance de la double nationalité s’applique uniquement aux Nigériens d’origine, c’est-à-dire :

  • ceux nés sur le territoire nigérien de parents nigériens ;
  • ou ceux dont au moins un des parents est nigérien d’origine.

Les personnes ayant acquis la nationalité par naturalisation, adoption ou mariage ne sont pas directement concernées par cette disposition. Elles peuvent cependant accéder à la nationalité nigérienne à travers des procédures spécifiques, mais sans bénéficier du droit automatique à la double nationalité.

Quels droits pour les binationaux ?
Les Nigériens ayant une autre nationalité conservent l’ensemble de leurs droits civils et politiques, à l’exception de quelques cas spécifiques prévus par la Constitution. Par exemple, la fonction de Président de la République est réservée aux Nigériens de nationalité d’origine exclusivement, ce qui peut exclure certaines personnes ayant acquis une autre nationalité par naturalisation.

Mais en dehors de cette exception, les binationaux peuvent voter, se présenter à des élections locales, accéder à des postes dans la fonction publique et transmettre leur nationalité à leurs enfants.

Que se passe-t-il en cas de séjour ou de retour au Niger ?
Lorsqu’un binational se trouve sur le territoire nigérien, il est considéré comme exclusivement nigérien par les autorités nationales, conformément à la règle internationale dite du Master Nationality Rule. Cela signifie que sa seconde nationalité n’est pas prise en compte dans ses relations avec l’administration nigérienne : obligations fiscales, droits civiques, etc.

Cette règle protège à la fois la souveraineté du pays et l’intégrité juridique de ses citoyens.

De Paris à Hambourg, de Bruxelles à Rome, mais aussi de New York à Washington, d’Atlanta à Greensboro, ville américaine où réside une forte communauté nigérienne, la réforme de 2014 a été chaleureusement saluée par les Nigériens. Pour cette diaspora, souvent installée dans le cadre d’un parcours universitaire, professionnel ou familial, la reconnaissance de la double nationalité représente à la fois un acquis juridique majeur et un signal symbolique fort. Elle permet à chacun d’assumer une double appartenance, pleinement nigérienne et intégrée dans la société d’accueil, sans rompre le lien administratif et affectif avec la patrie d’origine. Un pas important vers une meilleure reconnaissance institutionnelle de cette communauté transnationale, profondément attachée au destin du Niger.

Pour beaucoup, cette avancée est aussi un pas vers une meilleure reconnaissance de la diaspora, et un appel à renforcer les ponts entre le Niger et ses ressortissants à l’étranger.
La double nationalité est une richesse humaine, juridique et culturelle. Elle permet de mieux vivre sa citoyenneté dans un monde en mouvement. Le Niger, en réformant sa législation, a fait le choix de l’inclusion et du respect de ses enfants où qu’ils soient dans le monde.

Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)