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L'air du temps : Sortie de Ramadan

Le mois de Ramadan tire à sa fin. Tout au long de ce mois de piété, l’on a, pour ainsi dire, quelque peu ‘’soufflé’’ avec des journées monotones et les longues nuits de recueillement au sein des mosquées. Les bouches étant ‘’cousues’’ et les langues ayant tout perdu de leur ‘’venin’’, la vie sur terre a été tout au long de ce mois de totale absolution, ce long fleuve tranquille dont rêve l’humanité. Un monde sans bagarres ni injures où tout le monde est doux comme un agneau! Dommage que tout ceci ne relève que d’un bref passage !...

La dernière semaine du mois de Ramadan, qui vient nous replonger dans l’atmosphère surchauffée des préparatifs de la Fête de l’Aïd El-fitr, annonce déjà le réveil de certains vieux démons. Dans les foyers, la discorde s’installe entre mari et femme, voire entre père et enfants, autour des frais d’habits de fête et autres sources de dépenses insupportables. Dans les ateliers de couture ou de coiffure, le jeu du chat et de la souris retrouve toute sa vivacité entre clients(es) et fournisseurs de services, avec en toile de fond les rendez-vous manqués.

Dans les marchés, véritables centres de convergence de la clientèle, l’affluence devient inouïe à mesure qu’on va vers la date butoir de la fête de Ramadan. Une véritable aubaine pour les étalagistes, les vendeurs ambulants, les charretiers colporteurs, qui fourmillent dans tous les compartiments du marché. Et, comme l’occasion fait le larron, les petits voleurs à la tire et autres bandits de tout acabit affluent de partout pour se faufiler dans la foule et s’adonner à leur sport favori : le vol et toutes sortes d’arnaques !

Profitant de l’empressement général des clients et des scènes d’embouteillage, souvent subtilement provoquées par eux-mêmes, les petits voleurs, qui prennent d’assaut les marchés, font des veilles de fête une véritable période de traite.Usant d’astuces dont eux seuls détiennent le secret, ces maraudeurs au regard louvoyant, lançant des coups d’œil furtifs par-ci et par-là, arrivent à profiter d’un petit instant d’inattention de leurs cibles pour les débarrasser de leur fortune.

Dans certains cas, ils se transforment carrément en talibés très serviables qui vous proposent gentiment de vous porter le colis de marchandises achetées. En fait, le jeu consiste, en fin de compte, à fausser compagnie aux propriétaires des colis, en se faufilant dans les couloirs sinueux des marchés. Hélas, ce mode opératoire de vol qui fait beaucoup recette dans nos marchés continue de faire beaucoup de malheureuses. Rien que la semaine dernière, une jeune dame a payé cash les frais de sa crédulité. Un jeune n’a eu aucun mal à se faire la malle avec un gros paquet contenant les habits de fête des enfants de la famille. Il fallait alors retourner à la maison les mains vides, quitte à solliciter de ‘’Maïguida’’ un effort supplémentaire. Car, avec les enfants, il est des choses, comme les beaux habits de fête, qui ne se négocient jamais.

Assane Soumana(onep)

30 mars 2024
Article publié le 1er juillet 2016
Source : http://lesahel.org/