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L’air du temps : Une loi sur les ingérences étrangères

Siradji Sanda Onep La non-ingérence dans les affaires intérieures d’un Etat : un des vieux principes des relations inter-Etats. Cependant, ce principe élémentaire ne semble pas avoir été respecté ces derniers temps dans le cas des pays du Sahel et particulièrement au Niger où certaines puissances et organisations régionales, ‘’se sont cru en devoir’’ d’interférer pour soi-disant régler une crise politique nigéro-nigérienne.

Ce fameux et prétentieux ‘’droit d’ingérence’’, justifié par le tout aussi obscur argument de ‘’restauration de la démocratie’’, cache mal les vraies intentions des puissances extra-africaines qui, cherchent à nous imposer une conduite. Une conduite conforme à leurs intérêts.

Mais voilà que depuis quelques jours, une curieuse loi est en discussion en France. Il s’agit de la loi visant à prévenir les ingérences étrangères. En effet, selon les parlementaires français, la question des ingérences étrangères prend une ampleur nouvelle avec le changement radical de contexte géopolitique dans le monde.

Pour nous, l’initiative d’une telle loi traduit à la fois les contradictions et les incohérences de la politique africaine de la France. En effet, c’est ce pays qui est passé maître dans l’ingérence dans les affaires intérieures des Etats francophones qui initient une loi pour se protéger contre la même pratique.

C’est dire qu’il est temps que les Africains francophones ouvrent les yeux et fassent fonctionner leurs méninges. Sinon comment comprendre que la même attitude combattue en France, soit érigée en norme chez-nous. Ici, les acteurs locaux qui facilitent pour ne pas dire institutionnalisent l’ingérence étrangère en particulier celle de la France sont des ‘’amis’’ et des ‘’démocrates’’. Mais en France, ceux qui adoptent la même attitude sont des apatrides et ‘’des agents de l’étranger’’, en particulier ‘’russes’’.

Cela doit changer. Entre nous Nigériens on peut se dire tout et se comprendre après parce que nous sommes une famille. Mais, il n’est pas normal qu’une puissance extra-africaine veuille nous imposer une conduite, nous choisir des modèles de gouvernance et même des dirigeants. On peut consentir que tel ou tel autre leader politique puisse avoir des amis en Europe, en Amérique, en Asie et même en Antarctique, mais ces amitiés ne doivent en aucun cas primer sur les intérêts vitaux de la Nation et de l’Etat du Niger.

Du reste, dans le monde multipolaire actuel, l’ère de cette prétention à un universalisme béat est révolue. Il faut que ces puissances qui cherchent à nous imposer le modèle de leur choix revoient leurs conceptions des relations internationales. Elles doivent, comme le dit si bien Laurent Bigot « passer d’une diplomatie de la puissance, à une diplomatie d’influence ». L’influence s’entend discuter sur la base du respect mutuel, de l’égalité et des intérêts partagés. Toute tentative pour maintenir l’ordre établi fondé sur l’inégalité des nations et le mépris de l’autre est vouée à l’échec.

Siradji Sanda (ONEP)
Source : https://www.lesahel.org