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Crise de la démocratie au Niger : Abus politiques et appels à la réforme

Election Présidentielle 2016 2etour NigerImage d'illustrationDepuis qu'à la suite de la Conférence nationale, le Niger entrait en démocratie, nous avons pu apprécier l'impréparation de nos intellectuels à jouer la démocratie, à comprendre et à s'approprier ses principes et règes, réduisant l'adversité en une inimitié qui a impacté les relations humaines et corrompu le lien social. Ils donnaient presque raison à l'ancien président français, Jacques Chirac, qui disait que l'Afrique n'est pas mûre pour la démocratie. L'adversité politique a poussé les hommes politiques à se porter des haines inextinguibles, allant à des détestations auxquelles rien, humainement, ne saurait donner sens. L'autre, tant qu'il n'est pas politiquement aligné sur vos lignes et vos positions, est systématiquement considéré comme un ennemi, quelqu'un à abattre, tant pis pour l'arme qu'il faille utiliser, conventionnelle ou non, pour l'enterrer politiquement. L'idéologie, ainsi qu'on l'a vu avec le PNDS, ne sert que de vernis, non de conviction, pour tromper sur les choix doctrinaires d'une certaine classe qui s'en sert comme masque pour se donner une certaine visibilité politique sur un échiquier où l'on a vu toutes les compositions et recompositions, alliances contre nature et insolites qui ont monté que les hommes politiques nigériens, dans bien de cas, n'ont pas d'idées à défendre, ni même de conviction à défendre sur le champ politique. Le parti politique ne sert que de moyen pour arriver au pouvoir. Et dès qu'on y arrive, la veille, avant de grimper dans l'échelle des hautes fonctions, l'on se débarrasse de son déguisement idéologique, pour reprendre sa nature animale, politique, qui en fait des bêtes politiques qui n'ont de conviction que l'argent facile et sale, car pour ceux-là l'éthique ne compte pas. Les pères volent et trichent, et se lamentent curieusement que les enfants, leurs dignes héritiers, à l'école, usent des mêmes moyens pour réussir par la facilité. Nous éduquons nos enfants avec les actes que nous posons au quotidien. Ils nous regardent et ils veulent nous ressembler. Légitime, n'est-ce pas ?

Les relations entre bords et camps politiques s'étaient surtout dégradées dans la dernière décennie où, venant enfin au pouvoir après quelques années d'opposition, les socialistes planifièrent leurs stratégies pour se maintenir au pouvoir, notamment en réussissant à taire toute contradiction dans la démocratie. Quelques moyens sont alors utilisés à cette fin.

L'argent…
Ils ont cru qu'en volant et pillant pour s'enrichir, ils créeraient une nouvelle élite économique, une nouvelle classe bourgeoise qui, par le pouvoir de l'argent, pourrait s'imposer sur l'échiquier en corrompant toues les consciences. Pour certains, avant les événements du 26 juillet 2023, ils étaient en passe de le réussir, car l'opposition tétanisée, a fini par se morfondre dans la résignation et par se complaire dans un certain mutisme qui frise la capitulation et dans un fatalisme qui sonnait et signait sa fin tragique, surtout quand, nombre de ses responsables, las de combat et de résistance, mirent nuitamment leurs clignotant pour des migrations politiques alimentaires et douteuses qui les conduisaient vers les prairies roses où certains allaient brouter l'herbe vénéneuse de la concussion et de la corruption organisée de la part d'un système qui s'est gangstérisé. Ils se sont enrichis, mais sans doute ont-ils fini par comprendre que l'argent ne peut permettre de corrompre toutes les consciences. En 2016, ils ont buté contre la résistance du peuple qui a refusé leur agent et pour gagner une élection, ils n'avaient eu de choix que de voler l'élection alors largement boycottée pour se déclarer élus au moyen de résultats tronqués, invraisemblables, quand, pourtant, le jour du vote, les bureaux étaient restés tristement vides, laissant voir des agents de vote las d'attendre des électeurs qui ne venaient pas et sans doute ennuyés, dormant, inquiets pour leur pays et sa démocratie en agonie, ce pendant que l'industrie de la fraude se mettait en place. Les Nigériens sont dignes, mais ils n'avaient pas eu les dirigeants qu'ils méritent.

L'exclusion barbare
Le " Namouné " a fini par prendre le dessus sur tout si bien que certaines structures étatiques avaient été catégorisées pour être la chasse gardée de certains milieux. Les Nigériens de seconde zone devraient se contenter de vivre dans les marges de la société : leurs compétences ne comptent plus et devront rester là à ne servir à rien, venant au service souvent sans avoir de bureau et quand ils en ont, pour n'avoir jamais de tâches à exécuter. Alors qu'ils avaient combattu l'exclusion, il l'avait conceptualisée quand ils arrivaient au pouvoir, C'est ainsi que beaucoup de Nigériens ont vécu les douze années et demi de gouvernance des socialistes. Pire, dans l'administration, l'on a créé des lobbys qui, seuls, ont à travailler, à aller en mission, volant souvent les idées des autres, pour les exécuter à leur insu, si dans certains cas, on ne se sert pas de leurs noms pour des ordres de mission dont ils n'ont jamais connaissance, pour prendre, par-dessus leurs têtes, des frais de missions indus qu'ils s'arrangent à justifier aux moyens de pièces comptables qui ne sont que du faux. C'était cela la Renaissance telle qu'on l'a vue et vécue sous ses trois versions gémellaires. Combien étaientils, ces cadres qui, pendant ces années de marginalité, avaient vécu le sentiment d'être devenus inutiles pour leur pays, obligés de vivre sur les frontières de l'administration, et payant, par un tel ostracisme, leur différences et leurs choix - les deux mots disent bien des réalités différentes. Comment donc ces socialistes peuvent-ils ne pas comprendre, avec de tels comportement, que les Nigériens ne puissent pas les rejeter ? Peuvent-ils avoir compris que leur péché avait été de ne pas gouverner pour tous, venant pour un certain clan qui s'était accroché à la chair du pays pour la dépiécer et la dévorer. Et ces gens veulent faire croire qu'aucun régime n'aura réussi, en cinquante ans, ce qu'ils réussirent, aux dires d'Issoufou, en deux ans, considérant dans leurs comparaisons fantaisistes celui de Hamani Diori qui avant la responsabilité historique d'assoir les bases d'un nouvel Etat à construire, et celui de Seini Kountché qui a âprement travaillé à cimenter le lien social dans le pays pour renforcer la nation dans ses différences et dans sa cohésion, donnant à tous ce sentiment d'appartenir au même destin, au même pays, alors indivisible.

La violence et la prison…
Lorsque l'argent ne peut permettre de vaincre les adversaires et les libres-pensants, et lorsque, même victimes d'exclusion, ils gardent le lien qui les lie au peuple pour jouir d'une certaine légitimité, en staliniens réincarnés, les socialistes utilisent l'artillerie lourde pour les vaincre. Ils avaient alors, usant de brutalités policières et d'abus divers, éprouvé ces derniers, traqués, frappés, poussés en exil, et jetés de manière malpropre en prison, sans aucun égard ni pour leurs âges ni pour leurs rangs. Aujourd'hui, plus d'un an après le coup d'Etat, certains gardent prison, peut-être pour mourir là, sans comprendre ce qui leur arrivait. Est-ce donc un principe de la démocratie de vouloir coûte que coûte se débarrasser d'adversaires, de concurrents politiques en instrumentalisant la justice pour s'inventer des crimes à leur faire porter et justifier leur bannissement et leur persécution ?

Non, la démocratie demande aux hommes d'avoir de grands coeurs…
Cette démocratie rabaissée que défend la France dans les pays du Sahel en apportant des soutiens aveugles à des hommes dont elle sait pourtant qu'ils n'ont rien d'un démocrate, en vérité, n'en est pas une, même quand, ce chercheur égaré - Jean-Olivier de Sardan - qu'une fibre patriotique a obligé à travestir sa science pour servir des intérêts coloniaux, en vient, pour aider sa France, à trouver la voie perdue au Sahel, lui sert une réflexion alambiquée, très éloignée de la rationalité et des rigueur de la science. Le régime Bazoum n'a jamais été une démocratie car, en vérité, il ne venait même pas au pouvoir, par les principes de la démocratie. Les Nigériens en savent quelque chose. N'est-ce pas Général Toumba ?

Aujourd'hui, la classe politique nigérienne, avant que ne sonnent les cloches, doit faire son examen de conscience, pour comprendre que c'est par ses fautes, et ses seules fautes, qu'elle impose au pays ces remises en cause incessantes de l'expérience démocratique et donc ces coups d'Etat à n'en point finir qui obligent à toujours recommencer pour nous retarder quand, tous les pays sérieux, travaillent à triompher sur les défis du développement. Ladémocratie, c'est un jeu qui requiert de la part de ses acteurs fair-play et fraternité car, dans le faux, tous, quelle que soit leur idéologie, prétendent vouloir oeuvrer au bonheur du peuple. Quand aux temps fort de la Renaissance, et notamment sous Issoufou, s'approcher de militants de certains partis de l'opposition devenait un crime de lèse-majesté, il y avait à avoir peur pour ce pays et pour sa cohésion. Comment ne pas se rappeler de Siradji Issa, cet acteur de la société civile qui, avant que le sérum de la Renaissance ne le prenne pour lui faire perdre ses engagements citoyens, se plaignait lors d'un débat télévisuel, qu'un de ses parents, rencontré à une cérémonie de mariage, ne voulait même resté longtemps avec lui, de peur que les camarades ne le voient en sa compagnie pour douter de lui par une telle fréquentation. L'humain, dans cette république bananière, n'avait plus de sens. Mais, celui-là avait fini par être happé par le système. Il partait manger aussi, car la marche devenait longue…

Ne parlons pas de cet autre qui, dans les secrets de ses intrigues, seraient en train de mettre sur pied une nouvelle garde présidentielle formée essentiellement d'étrangers. La recolonisation du pays, aux mains de ses nouveaux conquérants, n'était pas si loin…. L'armée, franchement libérait ce pays. Les richesses cachées du pays en étaient pour quelque chose dans cette phobie à ne pas perdre le Niger et à le ramener à tout pris dans le giron français. Heureusement que le coup d'Etat venait à mettre fin à ces déviances politiques et ces errements. Peut-être que le forum national abordera tant de questions importantes qui ont mis à mal notre démocratie. Mais le renouvellement générationnel n'est pas si loin.

Alpha (Le Courrier)