Editorial - Aimer l’autre dans la vérité : Par Ali Soumana
Dans le contexte que vit notre pays, il y a pour chacun, la responsabilité de ne pas trahir sa part de rôle à jouer pour accompagner le pays dans la réalisation du dessein que les militaires sont venus accomplir à sa tête. Mais encore faut-il que ceux-ci ne dévient pas de cette trajectoire pour faire le choix d’un autre agenda. Notre rôle de journaliste est encore plus délicat quand on sait combien, comme l’ensemble du peuple qui a tant souffert d’une démocratie dévoyée et d’un socialisme dévalué, nous voudrions voir cette transition mettre ce pays en orbite pour gagner le pari de la réécriture de notre histoire pour devenir une nation respectable. Ces militaires qui ont une chance unique de rentrer dans l’Histoire, nous les voulons pour la légende pour que leurs noms brillent dans le ciel du Sahel comme des étoiles de pionniers à l’image d’un Sankara, à jamais éternels. Nous ne voulons pas qu’ils échouent et pour ça, nous interpellerons même quand, cela, pourrait souvent déplaire. Mais ils ont les armes dans les mains : construire ou démolir. C’est aussi son rôle pour le nom qu’ils voudraient que la postérité retienne d’eux. Nous avons le devoir de sonner l’alerte. Nous ne l’abandonnerons pas. Aviser quand ça ne va pas, c’est une responsabilité à laquelle nous n’entendons pas nous dérober car, avouons-le encore, nous voulons la réussite de cette nième transition pour ce peuple qui a trop souffert et dont il faut écouter le martyr afin de lui donner la chance de sourire dans la vie. C’est assez, ce qu’il a vécu et enduré. Réveillons les sagesses sans lesquelles même les patriotismes ne serviront à rien surtout quand on les vide de la rationalité nécessaire qui leur donne sens et pertinence. On peut compter sur les âges de deux qui sont aux commandes du pays pour espérer avoir la Sophia qui permette d’éviter les raccourcis dangereux et les solutions trop faciles. Nous avons à écouter nos consciences, pas une conscience, pour nous diriger par leurs lumières, non par un autre qui pourrait être dans d’autres calculs qui ne peuvent être les nôtres ; ceux du pays tout entier. De plus en plus, le CNSP doit tendre l’oreille et entendre les complantes, tous ces cris diffus venant de milieux divers qui avaient assiégé, de bonne foi, l’Escadrille, et qui avaient fait face à l’impérialisme, devenant des soldats de la résistance citoyenne, ce quand, d’autres, et notamment ceux qui s’agitent et semblent être aujourd’hui dans les bonnes grâces de certains milieux du pouvoir, appelaient à nous bombarder, à bombarder notre pays, le seul que nous ayons et pour lequel nous étions prêts à nous battre et à mourir quand certains, dans la prédiction du chaos qu’ils pourraient présager pour le pays, se faisaient construire des palaces, des châteaux et autres maisons dorées, loin du pays, loin de nos misères et nos angoisses quotidiennes à jamais attisées par un socialisme cannibale. Dans le rétroviseur de l’histoire, nous pouvons voir et tirer bien d’enseignements. D’autres à des moments où ils avaient cru à leur toute-puissance, n’écoutaient pas, n’entendit rien que les bruits des laudateurs. Ils n’en faisaient qu’à leur tête. Au risque de frustrer, nous nous gardons de donner des exemples. Mais tout le monde peut lire notre histoire récente pour comprendre qu’on est dans le même pays avec ses mêmes réalités, souvent avec les mêmes acteurs et les mêmes héritages. Ecoutons-nous et avançons. Le CNSP, peut-il arriver à ne plus avoir besoin du soutien des Nigériens ?On ne peut pas oublier et saluer les décisions courageuses que le CNSP prenait pour marquer sa volonté de rupture avec l’ordre ancien et une certaine manière de gouverner le pays dans la cohésion depuis que la démocratie dont une certaine compréhension étriquée avait amené à légitimer le clanisme au nom du pluralisme qui est, par son essence, du fait des idées, non de considérations d’un tel genre et notamment dans un pays qui se veut être une nation qui assume ses différences, les sublime et les porte comme la part enrichissante de sa diversité. Mais des signes, depuis des semaines ne rassurent pas et la transition doit forcément ajuster son volant : pendant que certaines de ces décisions rouvrent les fractures qu’elle venait fermer, voici que d’autres, comme un aveu d’échec, viennent apprendre que des partenariats dénoués se renouent avec les mêmes acteurs souvent vilipendés.
Ali Soumana (Ali Soumana)