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Editorial : Entendre le cri de cœur du peuple - Par Ali Soumana

Ali Soumana Le CourrierLes Nigériens parlent. Ils parlent beaucoup ces derniers temps. Il y en a même qui râlent, très déçus. On les entend qui déversent leur ire sur les réseaux sociaux. Et, dans bien de cas, leur parole dérange. Elle fâche même. Ils disent leurs malaises. Ils disent leurs inquiétudes. Leurs angoisses. Leurs peurs. Certains signes envoyés par la refondation, en effet, préoccupent. Où allons-nous, se demandent-ils ? Il y a pourtant des raisons objectives pour prendre au sérieux ces colères et grognements qui couvent depuis quelques temps dans le tissu social. Les raisons, tout le monde les reconnait et il s’agit, dans bien de cas, de raisons défendables. La transition n’avait pas besoin que son peuple se retourne contre elle. Le peuple veut qu’elle réussisse et qu’elle parvienne à libérer ce pays, à le placer sur des voies nouvelles, plus rassurantes.Quand, à la suite de chaque discours, les Nigériens sortent déçus de ce que les sujets essentiels sur lesquels ils attendent une parole du Président sont soigneusement escamotés, l’on ne peut que lire un certain extrémisme qui ne veut ouvrir aucune brèche pour apaiser des tensions, et rassurer des populations qui s’effraient de perdre leurs espoirs et leur héros et, avec eux, la confiance qu’ils avaient eux pour les militaires qui venaient sauver la patrie.Il s’agit quand même de ceux qui ont cru et qui ont soutenu, de ceux qui, succombant au charme de la refondation, donnaient toute leur âme, mobilisaient toute leur énergie, débordant d’optimisme pour voir leur pays échapper aux loups pour renaitre. Ceux-là, à la vérité, ne peuvent pas ne pas aimer que réussisse la transition et que le CNSP porte aux sommets le nom d’un pays pour lequel, à l’extérieur, déjà, l’on peut voir s’exprimer tant d’admiration. N’est-ce pas vrai, ainsi que le disent les adages du terroir, « c’est parce que l’on aime que l’on critique », que l’on châtie.C’est donc la peur de l’échec qui justifie chez tous, bien de propos discourtois, bien de critiques qui sont faites à l’encontre de la gouvernance actuelle pour appeler au ressaisissement. Pour ces Nigériens inquiets, et à juste titre, il y a à préserver la transition de déraillements qui pourraient s’avérer dommageables pour le pays et pour sa stabilité. Il s’agit d’alerter. Le CNSP doit donc communier encore et toujours avec son peuple. L’écouter et l’entendre pour gérer dans les mêmes fraternités et les mêmes solidarités qui ont effrayé des partenaires qui voulaient nous résister et que l’on avait eues ensemble pour nous battre pour la dignité. Mais, il faut de la Justice. C’est un impératif de l’époque.
Ali Soumana (Le Courrier)