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Grand entretien du Général d’Armée Abdourahamane Tiani sur la RTN : Des sous-entendus qui enfoncent Issoufou !

 Tiani Abdourahamane 3Le samedi 31 mai 2025, la Radio et Télévision du Niger (RTN) diffusait le grand entretien du Président de la république, le Général d’Armée Tiani. Faut-il le rappeler, c’était un entretien-fleuve de plus de trois heures chronos que le Chef de l’Etat avait accordé à la chaîne nationale.

Répondant à la question relative à l’exploitation pétrolière, notamment les dernières tensions entre le gouvernement du Niger et l’investisseur privé chinois, le Général d’Armée Tiani avait surpris les téléspectateurs et auditeurs par l’hommage rendu au Président Mamadou Tandja, dans le cadre de l’exploitation pétrolière au Niger. Cela avait paru surprenant, lorsque l’on sait que, politiquement parlant, le Général d’Armée Tiani fut plus proche d’un certain Issoufou Mahamadou que de Mamadou Tandja. Mais, comment alors expliquer ce paradoxe troublant ? Que faudrait-il comprendre dans les allusions perfides du Général d’Armée Tiani, en ressusciter le passé (‘’Taïwan ou le chaos’’). En effet, au-delà de l’auteur de cette expression passée à la postérité depuis, qui n’était autre que Mohamed Bazoum, ministre des Affaires étrangères sous la Transition de Cheiffou Amadou, les propos du Général d’Armée Tiani pourraient viser également le Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (Pnds/Tarayya). En réalité, quoi que Mohamed Bazoum et Hassoumi Massaoudou aient pu dire ou poser comme actes à cette époque, ceux-ci n’étaient que des lieutenants va-t-en-guerre d’Issoufou Mahamadou.

En pointant Mohamed Bazoum et Hassoumi Massaoudou, les deux francs-tireurs d’Issoufou Mahamadou de cette période, le Général d’Armée Tiani ne voulaitil pas viser, par-là, Issoufou Mahamadou lui-même en personne ?

Des allusions qui pourraient viser aussi Issoufou Mahamadou
Dans sa réponse à la question relative à l’expulsion de responsables chinois de la chaîne d’exploitation pétrolière, le Général d’Armée Tiani avait tenu à rendre un vibrant hommage au président Mamadou Tandja pour deux raisons essentielles : premièrement, pour avoir réalisé la voie bitumée Agadez-Arlit, sur budget propre de l’Etat du Niger ; secundo, pour avoir posé les jalons de l’exploitation pétrolière ultérieure au Niger. On pourrait le comprendre, cet hommage pourrait avoir pour justification probable le corporatisme, l’esprit militaire, car tous les deux personnages appartenaient aux FAN. Sinon, en dehors de ce point commun, du corporatisme militaire, l’on ne voit pas ce qui aurait pu amener le Général d’Armée Tiani à honorer la mémoire de celui qui avait été l’adversaire politique numéro un d’Issoufou Mahamadou, l’homme sur la sécurité duquel il avait veillé durant une décennie, tous ceux là qui se moquaient de Tandja, lorsque la CNPC avait lancé, en 2008, ses prospections pétrolières dans la région de Diffa, qui disaient que ces explorations chinoises ne déboucheraient que sur de l’eau au lieu du pétrole, puisque selon eux, l’or noir n’était pas présent dans cette zone ? Qui traitaient Tandja ‘’ d’illuminé’’ pour croire que les Chinois pouvaient être des ‘’magiciens’’ capables de sortir du sous/sol nigérien un gisement pétrolier qui n’existait que dans un ‘’esprit fou’’ comme celui de Mamadou Tandja ? N’est-ce pas Issoufou Mahamadou et ses deux principaux lieutenants que l’on connaît ? En effet, il faudrait bien le comprendre et l’admettre, tous les agissements et tous les actes posés par ces deux lieutenants d’Issoufou Mahamadou étaient pour le compte exclusif de ce dernier, quand ce n’était pas luimême, dans l’ombre, qui les dictait ou les inspirait. Hassoumi Massaoudou et Mohamed Bazoum étaient, en quelque sorte, ‘’les chiens de chasse ou de garde’’ d’Issoufou Mahamadou, qui étaient prêts à mordre tout le monde, si cela pouvait faire plaisir au ‘’Maître’’, ou faire ses affaires, comme on dit souvent.

Par ironie de l’Histoire, ce sont ces mêmes, à l’origine de tous ces sarcasmes sur Mamadou Tandja et les recherches pétrolières chinoises en leur temps, qui auront bénéficié des rentes pétrolières issues de cette exploitation pétrolière qu’ils avaient pourtant raillée au départ.

Ces piques sonnent-elles comme une remise en cause de la gestion du Pnds ?
On l’aura compris, ces derniers temps, sans nommer directement Issoufou Mahamadou dans le désastre économique national actuel, le Président du CNSP, en bon stratège militaire, détricote, progressivement, dans un premier temps, les actes reprochables d’Issoufou Mahamadou en procédant à certaines dénonciations juridiques, telles que celles qui se passent dans l’exploitation pétrolière avec les Chinois.

On peut le comprendre, tout ce que le Président du Cnsp dénonce, aujourd’hui, dans le partenariat avec les Chinois, n’avait été rendu possible que par la bénédiction d’Issoufou.

Ainsi, les piques lancées par le Général d’Armée Tiani pourraient sonner comme un tournant important dans le sentiment général que le Pnds/Tarayya serait ménagé par le Cnsp et son Président. En effet, jamais, en 22 mois de gestion du pouvoir suprême, le Général d’Armée ne se sera montré aussi virulent à l’endroit des anciens ténors du Pnds/Tarayya. Même pas un seul mot gentil à l’égard de celui sur la sécurité duquel il avait veillé durant une dizaine d’années, mais que de fleurs jetées à l’opposant politique de celui-ci ! Pour certains analystes, cela constitue, sans doute, un revirement dans le statut privilégié accordé à l’ancien président Issoufou Mahamadou depuis le 26 juillet 2023.

En réalité, pour ces observateurs avertis de la vie politique nigérienne, le Général d’Armée Tiani serait confronté à un véritable dilemme cornélien entre protéger Issoufou Mahamadou, auquel cas il risquerait de s’aliéner un soutien populaire qui lui permettrait de régenter le pays durant les cinq (5) années à venir, et prendre ses distances vis-à-vis de celui-ci en démontant la théorie du complot entre les deux personnages pour écarter Mohamed Bazoum de la Présidence de la république ! En tout état de cause, le choix ne serait guère facile pour le natif de Toukounous, pris entre le marteau et l’enclume. Mais, si son destin présidentiel devait passer par un tel sacrifice, l’hésitation n’aurait plus droit de cité dans sa démarche actuelle. Les semaines et mois à venir nous montreront s’il peut avoir un scénario à la Brutus et Jules César, du temps de la splendeur de l’empire romain !

Halidou Maiga (Le Monde d’Aujourd’hui)