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Les clauses du contrat, qui ont fâché les militaires nigériens : Les militaires américains ne sont pas obligés d’intervenir en faveur du Niger même en cas d’une attaque terroriste d’envergure…

NIGER USA 01Les événements du 26 juillet 2023 ont fini par conduire le Niger, face aux extrémismes de la France et de certains partenaires et leurs suppôts africains, à faire des choix dont la hardiesse à décider de nouvelles alliances et à tourner le dos à certains partenaires traditionnels qui sont incapables de comprendre le pays dans les moments difficiles et complexes qu’il traverse et par la faute de ceux qu’ils soutiennent aveuglément chez nous. Face à une France qui croit qu’elle a un droit indéfini de mattraiter le Niger, de décider pour lui, de lui imposer des choix, le Niger est poussé à en être exaspéré, par en être excédé pour décider de divorcer avec la France qu’il sommait de quitter le pays avec ses militaires et toute son armada. Cette décision des nouvelles autorités du pays a poussé l’ensemble du pays à se mobiliser, excepté ceux qui, déchus, demandaient à des forces extérieures coalisées de venir attaquer militairement le Niger. Ils maintenaient la pression sur la France qui, par ses relents condescendants et paternalistes, s’appuyant sur des arguments farfelus, se refusait à quitter le pays, arguant l’illégitimité insultante pour les Nigériens d’autorités qu’elle ne reconnaît pas. Avons-nous besoin de la caution de la France pour légitimer nos dirigeants ? Mais face à la hargne du peuple qui s’était mis debout et l’engagement des nouvelles autorités, Emmanuel Macron qui partait avec ses expatriés travaillant au Niger, a fini par obtempérer et procéder au désengagement de ses troupes installées au Niger et à les rapatrier en France. C’est ainsi que depuis décembre 2023, la France, qui voulut revenir sans savoir comment que le CNSP lui fermait toutes les portes d’entrée dans le pays, était partie du Niger, le Niger n’ayant plus rien à partager avec cette France qui paie ainsi pour ses arrogances et ses erreurs politiques.

Depuis quelques jours, ce sont les Etats-Unis qui sont sur la liste, sommés à leur tour de faire quitter leurs bases militaires du pays. Cela a été demandé aux Etats-Unis que l’on considérait jusque-là comme un partenaire sérieux après que le CNSP ait dénoncé des accords militaires léonins qui les lient au Niger et dans lesquels, le Niger n’avait aucun intérêt à préserver, tout s’étant fait pour les seuls intérêts de la puissance des USA. Pourtant, au départ, rien ne pouvait faire croire qu’avec cet autre pays les nouvelles autorités allaient arriver à une telle décision d’autant que les relations semblaient au beau fixe. Mais tout le monde savait aussi, lorsque après le coup d’Etat, les Etats-Unis s’étaient contentés de condamnations de principe, restant au Niger quand même et nommant même un nouvel ambassadeur dans le pays, que le pays de l’Oncle Sam jouait ainsi ses intérêts, redoutant après les investissements colossaux consentis dans le désert nigérien où il a construit l’une des plus grandes bases de drones dans le monde qu’on ne lui demande de plier bagages et de s’en aller comme ce fut le cas de son allié de l’Otan. Ses gentillesses calculées, finalement, ne lui auront servi à rien car, après avoir lu le contenu d’un accord isolé qui n’a pas respecté les procédures consacrées, les militaires nigériens étaient obligés, pour ne pas aliéner notre souveraineté sur une part de notre territoire, de demander aux troupes américaines de quitter le pays surtout quand, dans les clauses du contrat, l’on apprend que les militaires américains ne sont pas obligés d’intervenir en faveur du Niger même quand, ce pays arrivait à être la cible d’une attaque terroriste d’envergure. Ils sont là pour autre chose, pas pour nous. Ils doivent donc s’en aller. C’est une question de logique.

Mais puisqu’il s’agit de la plus grande puissance du monde, la demande du Niger a fait place à une certaine polémique avec des gens qui soutiennent que les Etats-Unis ne s’en iront pas et que les choses pouvaient être plus compliquées avec ce pays par rapport à ce que l’on a vécu avec la France, oubliant que cette Amérique n’a rien à se prévaloir chez nous d’un passé colonial dont elle aurait honte d’ailleurs, pour faire de la résistance et refuser de partir. Ils oubliaient que les Etats-Unis ce n’est pas comme la France car cette Amérique croit à la démocratie, à certaines valeurs universellement admises qu’elle peut défendre autant pour elle que pour les autres.

Surtout, elle sait que l’opinion de son peuple est inviolable et qu’elle pourrait s’opposer à ces velléités impérialistes surtout en cette période de précampagne. Cette Amérique sait donc, ce que c’est que la souveraineté inviolable d’un autre pays à décider pour lui-même pour s’éviter des ingérences qui peuvent nuire à sa réputation de gendarme du monde.

L’Amérique, dans la conjoncture actuelle, et notamment dans le contexte de la campagne électorale américaine, se sait vulnérable politiquement pour ne pas s’entêter à vouloir rester malgré tout dans un pays qui lui a demandé ouvertement, et peut-être vertement, de partir. Après avoir eu, par voie diplomatique, la notification de quitter le pays, le dernier prétexte que les Etats-Unis mettaient en avant pour justifier qu’ils ne puissent pas s’exécuter tout de suite, l’Amérique avait maintenu le dialogue avec les autorités du pays pour s’entendre sur les conditions et les modalités du retrait des troupes américaines.

L’Amérique a alors décidé de partir…

C’est pendant que le Premier Ministre Nigérien était en visite aux Etats-Unis où il rencontrait les institutions de Bretton Woods et qu’il profitait pour être reçu par des responsables américains avec lesquels il s’était entretenu pour discuter des sujets concernant les relations entre nos deux pays qu’on apprenait que les Etats-Unis, finalement, décidaient de s’en aller et même qu’une délégation américaine se rendrait à Niamey au cours de cette semaine pour discuter, on l’imagine, d’une part des contours que devraient revêtir les relations entre les deux pays et d’autre part pour s’entendre sur un calendrier de retrait puisque désormais, et officiellement, l’Amérique a décidé de partir du Niger.

Même si certains encore sceptiques, redoutant les duplicités de l’Américaine qu’ils disent craindre plus que la France, il reste que le monde entier a observé, entendu pour juger demain, quant à une autre attitude qui trahira ce choix des Etats-Unis de laisser tranquille un pays qui fait aujourd’hui le choix souverain de partenariats plus équilibrés et dans lesquels il peut mieux se retrouver pour ne plus signer, par lui-même, des clauses qui aliènent sa souveraineté et permettent sa recolonisation territoriale et politique.

Et le peuple veillera…

Il est vrai que vers la fin de l’autre semaine, après une manifestation qui a été organisée avec une nouvelle société civile par laquelle un certain CNSP se chercherait un nouveau peuple pour le soutenir et notamment dans sa décision de faire quitter les troupes américaines, formées de plus du millier de soldats du Niger, l’on a vu la mobilisation s’émousser depuis que des doutes et des appréhensions venaient démobiliser les Nigériens. Dans presque tout le pays, la déception gagnait les esprits et le CNSP s’en est vite rendu compte et on voit depuis des jours, des tentatives, ici et là, à Niamey comme dans les autres régions du pays, de la part du CNSP et des gouverneurs, à ramener la sérénité, appelant à de nouvelles mobilisations afin que les Nigériens restent ensemble pour mener le combat jusqu’à sa fin. On prenait alors des risques en tentant cette voie risquée où, après neuf mois, le CNSP pourrait croire qu’il s’est incrusté pour avoir son peuple et se passer d’un autre qui a pourtant soutenu sincèrement, ne demandant rien que le changement qu’on leur a refusé par des élections détournées qui avaient pourtant annoncé une alternance vite contrariée par Issoufou au moyen de résultats électoraux truqués. Les uns et les autres peuvent facilement oublier que c’est leur action que les Nigériens saluaient, moins leurs personnes.

Mais, on apprenait il y a quelques jours qu’après la bourde, les sages qui gouvernent le pays au sein du CNSP, ont appelé à la conciliation pour faire à ce pays encore fragile l’économie de nouveaux déchirements dont il n’a nullement besoin. Ainsi la fracture a été refermée et l’on espère que le peuple retrouvera sa cohésion autour du CNSP désormais contraint de jouer franc jeu pour rassurer les Nigériens et conduire les différentes transformations souhaitées pour refonder un Niger nouveau, fait de justices et de fraternités nouvelles. Les individus comptent peu. Le Niger seul compte. Il faut donc faire attention à ceux qui, à gauche et à droite, disent de faire ceci ou cela. Il faut faire attention à ne pas retomber dans les mêmes erreurs pour les mêmes recommencements. Aucun calcul ne doit pousser un jour ou l’autre à remettre le Niger dans les mains d’un autre si ce n’est de considérer que c’est la personne, la seule capable de rassembler et de gérer bien le pays ; tant pis qui qu’il soit. On veut un leader et un vrai. Les oiseaux rares sont difficiles à trouver sur un échiquier où presque tous se sont compromis, par leurs médiocrités et par leurs retournements de veste. Mais il en reste encore dans le pays. Il faut faire attention aux bêtises des autres qui ont dérouté ce pays et l’ont plongé dans les confusions que l’on sait et que l’on vit aujourd’hui encore.

Et l’Histoire nous jugera.

Par Gobandy (Le Monde d’Aujourd’hui)