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Litige Niger-Orano : Niamey conteste l’arbitrage du CIRDI et défend sa souveraineté nationale

Uranium Niger

À Niamey, les autorités de la transition réaffirment leur détermination à maîtriser pleinement les ressources stratégiques du pays, malgré la décision annoncée par le groupe français Orano. Le 26 septembre 2025, dans un communiqué officiel, Orano a indiqué que le tribunal arbitral du CIRDI (Centre international pour le règlement des différends relatifs aux investissements) s’était opposé à la vente par l’État du Niger de l’uranium produit par la Société des Mines de l’Aïr (SOMAÏR). Le tribunal a estimé que toute cession de cet uranium porterait atteinte aux droits contractuels du groupe.

La souveraineté, pilier de la refondation
Pour Niamey, cette décision arbitrale ne remet pas en cause l’engagement pris depuis le 26 juillet 2023 : replacer la souveraineté économique au centre de l’action nationale. La nationalisation de la SOMAÏR, annoncée en juin 2025, s’inscrit dans cette logique de refondation. Les autorités rappellent que les richesses de l’uranium doivent avant tout servir au développement du pays — éducation, santé, infrastructures — plutôt que d’alimenter des intérêts extérieurs.

La lecture faite par Orano de la décision du CIRDI apparaît ainsi comme une tentative de limiter le droit légitime d’un État à contrôler ses propres ressources. Le gouvernement insiste sur la primauté de la Constitution et des lois nationales sur les conventions internationales jugées désuètes.


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Un différend ancien et structurant
Le bras de fer avec Orano ne date pas d’hier. En décembre 2024, le groupe avait déjà initié un premier arbitrage après la reprise par le Niger du permis d’Imouraren, l’un des plus grands gisements mondiaux d’uranium. En janvier 2025, une nouvelle procédure a suivi autour de SOMAÏR, l’État nigérien reprochant à son partenaire le manque de retombées concrètes pour les populations locales.

À ce titre, Niamey a assumé la pleine gestion de la filière uranium, estimant que cette ressource stratégique devait être mise au service de l’indépendance économique et énergétique du pays.

Une orientation tournée vers l’avenir
Le Niger ne cherche pas le conflit permanent mais une redéfinition des bases de la coopération. Dans le cadre de l’Alliance des États du Sahel (AES) et à travers de nouveaux partenariats internationaux, les autorités visent à diversifier leurs alliés, sécuriser la continuité de l’exploitation et renforcer la transformation locale.

Cette orientation stratégique vise à garantir que l’uranium contribue directement au financement du développement national et à l’amélioration des conditions de vie des citoyens.

Une bataille juridique et politique
Si le contentieux avec Orano se poursuit devant les instances internationales, Niamey assume sa position. Les arbitrages internationaux ne sauraient entraver la souveraineté nationale. Le choix est clair : placer l’uranium au cœur de la refondation et affirmer, face au monde, que les nations africaines sont en droit de contrôler et valoriser elles-mêmes leurs richesses.

Aïssa Altiné (Nigerdiaspora)