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Lutte contre l’impunité au Niger - Le grand ménage : plus qu’une nécessité, un impératif !

Palais de justice NigerAujourd’hui, l’invasion militaire que la CEDEAO, avec sa force dite en attente qui du reste ne finit jamais d’attendre, envisageait de porter en terre nigérienne parce que les intérêts de la France étaient menacés, est loin derrière nous. Les effets de l’embargo, malgré la fermeture de certaines frontières, se font de moins en moins sentir. La vie a repris de plus belle au Niger, de même que les activités économiques. Des projets et programmes structurants, initiatives des plus hautes autorités du Niger, se mettent en place et certains commencent déjà à porter leurs fruits, notamment dans les domaines alimentaire et énergétique. Quand on sait que l’énergie dirige le monde, on peut dire que le Niger est en passe de recouvrer sa souveraineté, son indépendance véritable, étant en position de décider par lui-même et pour lui-même, soit dit de choisir les partenaires avec lesquels il veut cheminer, commercer et travailler. Mais l’homme ne vit pas que de pain. La justice est une aspiration fondamentale de l’être humain. Le sentiment de sa privation peut être source de démotivation et de désespoir pour un peuple engagé, depuis plus de deux ans, dans le noble combat de la souveraineté.

Quand le peuple sent que la justice est appliquée, que tous les Nigériens sont égaux devant la loi et que la justice n’est pas sélective, il est galvanisé derrière ses gouvernants et devient leur forteresse, leur protection comme une digue imprenable en béton. Un dirigeant qui a le soutien de son peuple ne peut que réussir. Sur le plan collectif, « la justice est l’honneur d’un pays », comme dit l’écrivain nigérien Amadou Ousmane. C’est pourquoi, depuis les événements du 26 juillet 2023, le peuple réclame justice et veut voir clair dans certains dossiers de scandales financiers qui ont défrayé la chronique nationale comme internationale, des dossiers où des personnalités de la nomenklatura de la renaissance étaient régulièrement citées. Le peuple nigérien n’oublie pas les raisons avancées par le CNSP pour justifier le coup d’État : « la dégradation continue de la situation sécuritaire » et « la mauvaise gouvernance économique et sociale ». Il n’oublie donc pas ces promesses, car elles sont porteuses d’espoir et de lendemains meilleurs, pour un peuple qui a tant souffert et trimé pendant presque treize ans entre les mains des « renaissants », promoteurs d’une gouvernance chaotique et prédatrice des deniers publics comme des libertés et droits fondamentaux des citoyens. Il faut donc un grand ménage qui, aujourd’hui, plus qu’une nécessité, s’avère un impératif, en permettant aux juridictions compétentes de connaître certains dossiers, de les juger afin de situer les responsabilités. Cela permettra, d’une part, de sanctionner les indélicats et, d’autre part, de laver l’honneur d’innocents cités à tort, probablement par ignorance, dans ces dossiers. Quand la justice sera rendue, le peuple sera réconcilié avec lui-même, les rancœurs et les rancunes apaisées, et il regardera dans la même direction, pour ne viser que la même chose, ses membres se sachant sur le même pied d’égalité, tous jouissant de la même considération. Il est connu de tous qu’une société ne peut jamais prospérer dans l’injustice qui, du reste, constitue le lit de la violence.
Le CNSP a promis de corriger la gouvernance économique et sociale passée afin d’instaurer une gouvernance vertueuse. Le Président Abdourahamane Tiani l’a dit et répété : « Je ne protègerai personne. » Et, depuis un certain temps, le peuple nigérien reçoit, de la part des plus hautes autorités du pays, des signaux positifs et des indices probants de la concrétisation de cette promesse : de hauts fonctionnaires ayant probablement posé des actes indélicats ont été relevés ; des espaces publics, bâtis par des particuliers auparavant intouchables, ont été récupérés, les immeubles qui y étaient construits rasés. Autant d’indices qui laissent présager l’imminence du grand ménage voulu et attendu par le peuple.
Ce grand ménage, ce sera aussi un nettoyage en profondeur d’une administration grippée et gangrénée afin de la relancer et d’en faire un outil de développement du pays, une administration efficace où les promotions et nominations se feront sur la base de la compétence, de la probité et de l’expérience avérée. Ce grand ménage attendu par le peuple est plus qu’une nécessité : c’est un impératif.
Bisso (Le Courrier)