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Nationalisation de la SML : le Niger reprend enfin le contrôle de son or

nationalisation de la sml le niger reprend enfin le controle de son orNationalisation de la SML : Tard, mais mieux que jamais !
Le Mali et le Burkina Faso avaient fait les meilleurs choix pour résister aux conséquences des sanctions qu’on prenait contre leurs pays : gérer avec parcimonie l’or. Producteurs d’or, ces deux pays ont compris tout de suite que cette ressource pouvait bien les aider à sortir de la merde. Aussi prennent-ils la décision lucide de maîtriser l’activité qui se fait dans le domaine, interdisant la sortie de l’or dont le seul maître, désormais, reste l’Etat. Ainsi, on apprend ici et là qu’au Mali ou au Burkina Faso, sur telle ou telle période, ce sont quelques 40 tonnes d’or qui ont été recueillies quand, au Niger, comme pour le pétrole, c’est encore le grand flou. Pire, au lieu d’optimaliser la gestion de l’or noir, la transition est allée brouillée sa relation avec la Chine alors que le soutien de la Chine dans ce domaine aura permis au Niger d’éviter, pour un moment, des catastrophes. Toute la brutalité connue, avait été faite contre la France alors qu’il existe dans le pays des gens qui sont la racine du mal nigérien. Mais comment, logiquement, peut-on combattre la France sans s’attaquer à ses ouvriers nigériens qui lui ont donné jusqu’à ce qu’on ne peut pas donner à un autre si tant est que l’on peut aimer son pays ?

Et pour revenir à l’or, l’on sait que les acteurs de l’ancien régime l’avaient d’autant investi qu’une partie importante des revenus de l’exploitation de l’or leur revenait, par le biais d’opérateurs étrangers qu’ils utilisaient, ce, sans avoir à payer un kopek au fisc nigérien. Après tout ce qui a été rapporté sur l’exploitation de l’or, l’on ne peut pas comprendre qu’un gouvernement militaire arrive et qu’il puisse fermer l’oeil sur ce qui se faisait dans le domaine, une vraie pagaille laissant souvent de grandes quantités d’or sortir frauduleusement du pays. On se souvient qu’aux premières heures de l’accession des militaires au pouvoir, ils avaient été alertés de la saisie scandaleuse d’une importante quantité d’or en Ethiopie, mais le régime feignant de ne rien entendre, n’en pipa mot, pire, lorsque ça fait grand bruit dans le pays, il allait jusqu’à défendre une exportation d’or qui a toute l’allure d’un gangstérisme, minimisant l’affaire alors qu’elle était grave. Tout le monde était pourtant unanime que c’était une sortie clandestine et c’est depuis ce moment que certains observateurs avaient commencé par douter. Dans l’exploitation semi-mécanisée, l’on trouvait tant d’hommes proches de l’ancien régime . Dans certaines de ses sorties, au moins peut-on avoir entendu de la part de Tiani que des acteurs du cabinet du président déchu seraient impliqués dans l’orpaillage.
Mais, qu’est-ce que le régime a fait pur profiter comme les autres pays, de l’exploitation de cette manne dont la vente ne lui causera aucun problème comme c’es le cas de l’uranium dont des quantités sont aujourd’hui stockées dans le pays, l’exportation vers un client potentiel posant encore problème ? Pourquoi laissait-on partir de telles quantités d’or comme en d’autres temps, sous la même mafia soupçonnée dans ses transactions, l’on laissait partir, alors que la douane alertait, des quantités énormes de devises internationales qui partaient à partir de l’aéroport de Niamey qui devenait alors une plaque tournante de la mafia locale. Pourquoi, ne veut-on pas réparer tout cela quand on sait que c’est la richesse du pays que des gens pillaient ainsi, avec la complicité de gens tapis dans les arcanes du pouvoir ?

Par ailleurs, depuis Issoufou Mahamadou, Le Courrier évoquait une lettre de la BCEAO qui informait le gouvernement nigérien qu’elle avait noté la sortie d’une importante quantité d’or mais que les devises y correspondant n’étaient jamais rentrées au Niger, donnant à penser à une mafia qui siphonnait l’or nigérien qu’elle sortait du pays pour son confort sans que cela profite au pays, même pour payer des redevances.

Peut-on continuer à regarder cette situation prospérer ?
C’est pour cela aussi qu’en d’autres temps, il avait dénoncé une autre mafia – celle-ci plus légalisée – quand on sait que c’est une société qui a régulièrement signé avec le Niger qui venait exploiter la seule mine exploitée industriellement. On avait à l’époque parlé d’une Ghanéenne et de son mari qui tenaient la mine, développant des pratiques malsaines qu’on ne saurait admettre dans un pays normal. Constituaient-ils la face cachée de l’iceberg pour n’être que les acteurs visibles qui ne travaillent que pour cacher des visages nigériens avides d’argent qui ne s’en satisfont jamais ? Peut-on aimer son pays et accepter qu’on lui fasse ça ? La France a ses fautes. D’autres ont les leurs et parmi eux, des hommes et des femmes de l’ancien régime. C’est connu de tous.
Mais alors que l’attitude passive de la transition par rapport à la gestion infestée de l’or dans le pays intriguait, l’on apprenait la semaine dernière qu’enfin, le Niger décidait de nationaliser la SML, la seule mine d’or exploitée de manière industrielle, ce après avoir décidé de nationaliser la Somaïr pour en chasser la France qui y était depuis plusieurs décennies. La décision tombait, et on l’attendait depuis des temps. Sans doute que si l’on avait pris cette décision depuis le temps où les militaires prenaient le pouvoir, le CNSP serait aujourd’hui assis, comme le Mali et le Burkina, sur des tonnes d’or qui, d’une part, pourraient mieux sécuriser la transition en termes de financement de ses projets, mais aussi, d’autre part, pourraient permettre au pays d’avoir des réserves importantes qui pourraient facilement permettre, lorsque les deux autres pays étaient déjà dans un tel choix, d’aller plus rapidement à la souveraineté monétaire.
C’est donc une option souverainiste dont on ne peut que se réjouir. L’or, contrairement à l’uranium, est facilement vendable et ce sans que personne ne vous reproche de commercer avec des partenaires infréquentables.

Nouvelle ère…
Le Niger est aussi riche en or. C’est connu. Le journal annonçait qu’il y avait un champ d’or qui avait été délimité dans les années 1997-98 par des ingénieurs géomètres nigériens, de Sakoira jusqu’à la rive droite du fleuve, pour revenir aux confins de la commune de Tillabéri pour aller sur les hauteurs Ouest de Sakoira. Est-ce donc pour cela que, même quand aucun trafic aérien plausible ne peut rendre rentable le projet, la France voulait quand même construire un aéroport à Sakoira, prétextant la mobilité de ses aéronefs militaires engagés dans la lutte contre le terrorisme ?
Par cette nationalisation, l’or nigérien va donc revenir dans les mains du Niger, mais quelles mains ? Là est toute la question. Se peut-il que la même pègre qui a volé de nombreux milliards dans le pays puisse trouver un moyen de blanchir l’argent sale qu’elle a amassé pendant 12 années de pillage, investissant bien de secteurs à l’image de celui-là pour placer « son » argent protégé provisoirement par le pardon ?

On apprend, selon certaines sources, que la SML pourrait être cédée ou pourrait voir son capital ouvert à des privés nigériens et notamment à Salé le Boss, patron de SOS Logistique, un opérateur de la région d’Agadez qui travaille dans le domaine de l’or. Pour le moment, rien n’a encore été dit des suites de la nationalisation alors que, pour le cas de la Somaïr, l’on a vu un partenaire potentiel arriver dans le pays – la Russie – exprimant son intérêt pour le minerai stratégique pour ainsi trouver une place dans le secteur uranifère nigérien.
C’est donc des moments cruciaux dans la refondation qui appellent à ne pas se tromper de partenaire pour chaque domaine. Mairiga (Le Courrier)