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Niger - Affaire Houdou Younoussa : un scandale fiscal de plusieurs centaines de millions secoue la DGI

DGI NIAMEYEnquête sur le paiement des droits fiscaux : Des agents des impôts et les Etablissements Houdou Younoussa dans une sale affaire de plusieurs centaines de millions de FCFA
Des agents des impôts et les Etablissements Houdou Younoussa dans une sale affaire de plusieurs centaines de millions de FCFA
Une enquête journalistique, menée sur l’enregistrement des contrats et autres droits fiscaux dans les services des impôts du Niger, a découvert des présumés cas de tricheries et détournements des fonds publics dans la procédure et dans le fond. Des cas de tricheries qui, apparemment, sont des pratiques dans lesquelles excellent certains agents des services de la DGI. Ce, malgré le système informatique installé à grands frais par l’Etat. Du reste, l’enquête révèle que le procédé utilisé par les agents soupçonnés d’être impliqués dans la forfaiture consistait à écraser les enregistrements des droits fiscaux aussitôt que les quittances sont imprimées. Après quoi, les chèques de paiement sont revendus à des opérateurs économiques véreux. Cette supercherie aura permis aux agents malhonnêtes d’empocher de l’argent, beaucoup d’argent. Mais, les pots aux roses finissent toujours pas être dévoilés. Le premier cas de la tricherie fut décelé aux services des impôts de Lazaret. Cela, après l’enregistrement d’un contrat signé le 1er juin 2023 entre l’Agence du Barrage de Kandaji dadji et une société française dénommée SOFRECO. Au cours de ladite opération, des paiements ont été effectués avec des chèques certifiés estampillés BOA Niger S.A. A cet effet, trois chèques ont été émis, les numéros 33 744 du 19 juin 2023 ; 35744 du 6 juillet 2023 et 35159 du 7 juillet 2023. Les trois chèques cumulent un montant global de 648.197.145FCFA. Ces chèques qui devraient être remis au Trésor national, pour servir au paiement des droits fiscaux de la société SOFRECO, auraient été vendus aux établissements HOUDOU Younoussa par des agents des impôts contre une commission de 38%. Des chèques que Houdou Younoussa aurait réutilisés pour payer ses impôts. L’enquête dévoile également que Houdou Younoussa aurait fait une remise de chèque BOA d’un montant de 259 878 858 F à la SONIBANK. Tous les chèques qui ont servi au paiement des impôts de Houdou Younoussa portent le libellé DGI et Trésor public. L’enquête met donc en lumière une pratique frauduleuse de vente des chèques des contribuables. Manifestement, il s’agit d’un vaste réseau de type mafieux qu’il convient de démanteler dans les plus brefs délais. Toujours dans le cadre de l’enquête, il a été découvert qu’en faisant suite à une requête, la BOA confirme que tous les chèques émis par la société SOFRECO n’ont aucun lien avec Houdou Younoussa. Aussi, le 27 juin 2025, la Direction générale du Trésor confirme par voie d’huissier que deux chèques certifiés ont été encaissés à la BOA. Le premier d’un montant de 198 318 287 FCFA à la date du 6 octobre 2023 et un autre d’un montant de 190 000 000 FCFA à la même date. Dans cette honteuse affaire, l’enquête relève qu’outre Houdou Younoussa, seraient impliqués un Inspecteur central des impôts, actuellement membre du Conseil consultatif de la refondation et qui serait déjà relevé des ses fonctions à la DGI, et un autre agent qui jouerait le rôle d’intermédiaire. Dans cette affaire, l’enquête découvre qu’il existe des services parallèles des impôts à Niamey. En tout cas, des sources crédibles de la DGI indiquent que les quittances délivrées à la société SOFRECO ne sont pas authentiques et que les chèques libellés DGI n’ont pas été encaissés par ses régies. Ce qui pousse à dire, qu’apparemment, il y a d’autres services des impôts non étatiques au Niger. D’autant que les agents impliqués dans l’affaire semblent avoir agi en dehors du circuit officiel. L’enquête pousse également à s’interroger sur la crédibilité de la Banque (BOA) qui aurait joué un rôle trouble avec l’émission de différents types de chèques.
Cette rocambolesque affaire des droits d’enregistrement met en relief la turpitude de certains agents des services des impôts qui, sans vergogne, posent des actes délictueux contre les intérêts de l’Etat. Des véritables crimes économiques qui ne doivent pas rester impunis. Surtout que, dans le cadre de l’enquête, il a été constaté, sur la base de témoignages, que des personnalités semblent décidées à faire obstruction à la manifestation de la vérité. A suivre !

Ali Soumana (Le Courrier)