Niger – Conseil Consultatif de la Refondation (CCR) : justice et langues nationales, premiers défis face à un peuple inquiet
Bientôt, le Conseil Consultatif de la Refondation, même s’il n’est que consultatif, s’installera et pourrait jouer un rôle important de stabilisateur dans la marche du pays. Si ce rôle ne peut être celui d’une assemblée légiférante, il pourrait lui permettre, sur des questions importantes, de donner l’éclairage qui puisse permettre de ne pas tomber dans des situations dommageables à la quiétude du pays. A un moment où le pays traverse des moments de doute l’on ne peut que penser au rôle que le CCR pourrait être amené à jouer pour accompagner la transition à éviter les embuches et à tenir au milieu des précipices. Les Nigériens attendent donc énormément de cette transition qui intervenait à un moment où, le peuple presque anesthésié par 10 années de Gurisme violent, d’exclusion et de mépris, sort avec de nouveaux rêves qui renforçaient ses optimismes. Comment ne pas le croire quand on sait que tant qu’on n’est pas du clan l’on ne peut que subir le bannissement et la marginalité. Et cela pendant treize années d’ostracisme et d’iniquité.
C’est ce pays que l’on a voulu que les militaires changent en corrigeant les comportements de ceux qui gouvernement, non de venir les perpétuer sinon de les aider à revenir pour des vengeances auxquelles tous les Nigériens devront s’attendre, y compris tous ceux qui ont joué à défaire le destin de piètres dirigeants qui voulaient s’incruster au pouvoir ; ils payeront pour avoir exprimé, à un moment ou à un autre, de l’antipathie pour l’ancien régime sinon du dégoût par la qualité de sa gestion qui rebutait. Face à ce qui semble bloquer le pays et la transition aujourd’hui, le Conseil Consultatif de la Refondation doit impérativement prendre des initiatives dès qu’il sera installé pour dénouer les crises silencieuses dans lesquelles semble s’embourber la transition.
Premier défi…
La cohésion de ce pays ruinée par une démocratie de façade, du clanisme et de la division est aujourd’hui fragile. Et il y a à faire attention pour ne pas briser les fils fragiles et sensibles d’une unité sur laquelle des politiciens sans idéal avaient souvent surfé, jouant au quitte-au-double pour s’affirmer dans une démocratie où le combat des idées a fait place au combat d’un identitarisme suranné. C’est donc pourquoi, entre autres premiers actes à initier, il y a un texte de loi qui abroge l’article 12 aujourd’hui au coeur de graves polémiques qui secouent actuellement le pays sans que l’intervention du ministre-directeur de cabinet ne puisse éteindre les débats qui ont tendance à se raviver même, ce, alors que le pays a mieux à utiliser ailleurs son énergie. C’est d’autant important qu’il s’agit de préserver le pays de déchirements inutiles et ce d’autant que les Assises Nationales dont bien de membres se retrouvent aujourd’hui dans le conseil sait qu’elles n’ont pas écrit cet article tel qu’on l’a lu dans la charte de la transition.Mais alors qu’on se demandait qui a pu, et pour quel intérêt, jouer à cette manipulation aux relents pyromanes dans un pays qui a aujourd’hui besoin de paix et de cohésion, voilà que le Directeur de cabinet vient clore la polémique, du moins sur un tel aspect du sujet.
L’article 12, quoi qu’on dise, ouvre une autre épreuve pour le pays et la transition aurait pu lui en faire l’économie. C’est déjà aider le CNSP que de lui trouver le moyen de sortir de cette histoire de langue nationale qu’un autre, pour ses agendas, a dû glisser, oublieux de ce que les militaires ne sont pas venus pour des particularismes mais pour ce qui rassemble, non ce qui divise. Ils ne peuvent pas, logiquement, s’inscrire dans le sillage d’une Renaissance qui a passé tout son temps, par divers moyens, à compartimenter les Nigériens, à les catégoriser, ce, dans le mépris de ce qui fait de ce pays une nation. Il est absolument important de revenir aux anciens statuts des langues à qui, personne, à moins que ce ne soit pour quelques malveillances machiavéliques, ne peut denier leur statut inaliénable de langues nationales. L’acceptation de ce fait reste en même une manière de valoriser les peuples et de préserver des langues qui sont un patrimoine immense de ce qui porte bien de leurs valeurs et cultures. Ne pas les reconnaitre, c’est vouloir éteindre des pans importants des cultures qui ne peuvent pas retrouver leur expression avec une seule langue imposée qui pourrait s’assimiler à une volonté sournoise d’une colonisation internerampante qui ne saurait avoir de sens que lorsque tous, ensemble, les nigériens ont opté de vivre en tant que nation où chacun prendra sa place. Il va sans que cette modification isolée de l’article 12 dans cette écriture controversée ne fera pas du bien au Niger, malgré les explications débitées par le Directeur comme ce forcing ne peut aider la transition car, ce faisant, tout le monde a compris qu’on lui cherche, par une telle manipulation, des problèmes alors que ce ne devrait pas être ce qui lui manque aujourd’hui.
Deuxième défit…
Le deuxième problème qui a entamé la popularité du CNSP, c’est le traitement qu’il a réservé aux questions qui sont liées à la lutte contre l’impunité. Il ne faut pas oublier – et les militaires l’avaient bien promis aux Nigériens – que le CNSP s’engageait à s’attaquer à l’épineuse question de la lutte vigoureuse à mener contre la corruption, l’enrichissement illicite, le détournement des deniers publics, etc. Au-delà de la vocation pédagogique d’une telle entreprise dont la transition ne saurait faire l’économie, il s’agit de faire en sorte que l’Etat rentre dans ses droits et que jamais de telles pratiques n’aient cours dans le pays. Il est en effet moralement inacceptable que des gens viennent, volent et cachent des milliards et des quantités des milliards, s’en aillent et sachant que cet argent ne pouvait pas leur appartenir, comment comprendre qu’on demande aux Nigériens de « pardonner » ? On voit les différents placements qui sont faits dans le pays, au moyen de sociétés écrans, de prête-noms et autres investissements qui permettent de dissimuler des fortunes immenses, ahurissantes, et pour des gens qui n’ont que des salaires pour justifier un patrimoine. Des personnes ne peuvent pas venir, organisés en bandes de malfaiteurs, pour assiéger le pays et racheter l’administration et les sociétés d’Etat, les projets et programmes, et s’en aller penauds.
On se rappelle que les Assises Nationales, très préoccupées par cette question, avaient expressément demandé à la transition, de sévir et de rendre justice aux Nigériens. Mais pour avoir lu la déclaration qui en fait cas, sur son ton d’avocate que l’on sait, celle qui avait cette faveur de la lecture, selon certains observateurs, payait pour cette audace qui finalement, elle seule, avait été recalée pour ne pas siéger au Conseil. Les Nigériens étaient alors très remontés contre le CNSP, quand, au lieu de cette attitude, et contre toute attente, les militaires, se sont permis de mettre en liberté des gens qui, au-delà de leur régime, deviennent intouchables alors que cela ne se doit pas. C’est pourquoi, le Conseil Consultatif doit, pour montrer qu’il y a désormais dans le pays une justice égale pour tous et que personne ne peut être au-dessus de la loi, saisir le gouvernement par rapport à bien de dossiers bien connus pour que, tous aient le traitement qui sied, on nom de l’équité.
Pour que le Niger se réconcilie avec lui-même il faut que cette justice soit rendue. On sait tous ceux qui se sont enrichis en l’espace de deux mandats et rien, par le salariat, ne peut justifier chez eux, de tels niveaux d’embourgeoisement. Ces gens, ne peuvent pas, au nom d’un pardon décrété, échapper à la Justice pour ne pas rendre ce qu’ils ont indument acquis ces dernières années dans les conditions que l’on sait. Les Nigériens le veulent. La Justice aussi.
Mairiga (Le Courrier)