Niger : des pavés citoyens pour reconstruire les villes et refonder l’esprit collectif

Après avoir lancé une offensive contre les inondations et la dégradation des routes à Niamey, le collectif Action Citoyenne pour la Reconstruction des Villes du Niger (ACRN-Sahel) poursuit sa mobilisation. Cette fois, l’accent est mis sur la production artisanale de pavés, symbole d’une prise en main populaire et d’un patriotisme en actes.

Quand l’action supplante la critique
Dans un contexte où les débats se déplacent souvent sur les réseaux sociaux, certains jeunes Nigériens ont choisi d’« associer la parole à l’action ». D’abord initiée par trois volontaires, l’idée a rapidement pris de l’ampleur. De deux tonnes de pavés produits au départ, l’initiative est passée à plus de quarante tonnes grâce à une adhésion massive de la population. La diaspora n’est pas en reste : elle a offert du matériel, comme une bétonnière financée par un Nigérien de la diaspora.

Une mobilisation inclusive et intergénérationnelle
Femmes, enfants, personnes âgées et même retraités se joignent aux jeunes pour modeler, transporter et poser les pavés. « Je suis à la retraite depuis vingt ans, mais j’ai tenu à participer », explique un citoyen impliqué. Loin d’être une simple opération technique, cette action est devenue une expérience collective, où chaque geste est perçu comme une contribution à la refondation nationale.

Le rôle moteur des organisations locales
Associations, ONG, coopératives et le Conseil régional de la jeunesse de Niamey ont mobilisé leurs membres pour épauler l’initiative. Certains offrent du ciment, d’autres du matériel de sonorisation ou des rafraîchissements, chacun trouvant une manière de participer. Cette diversité d’apports démontre que l’engagement citoyen dépasse la seule dimension physique : il s’agit d’un partage de ressources, de temps et d’énergie.

Un projet à vocation nationale
Au-delà de l’embellissement de la capitale, les initiateurs ambitionnent d’étendre la dynamique à toutes les grandes villes du pays. Les pavés confectionnés seront bientôt installés sur des sites stratégiques déjà identifiés. L’objectif est clair : démontrer que la reconstruction du Niger ne peut être l’apanage des seules autorités, mais doit aussi s’appuyer sur la volonté et la créativité des citoyens.

Un modèle de refondation participative
Cette nouvelle étape de l’ACRN-Sahel illustre la montée en puissance d’un patriotisme pratique, où la solidarité et le civisme se conjuguent pour répondre aux besoins immédiats des communautés. En transformant la pierre et le ciment en symboles de renaissance, les Nigériens affirment que la véritable refondation commence par eux-mêmes.
Boubé G. (Nigerdiaspora)