Niger : des signes de malaise dans le secteur pétrolier ?
À Niamey, deux nouveaux communiqués du Secrétariat général du Gouvernement pourraient nourrir, selon plusieurs observateurs, l’idée d’un certain remous au sein du secteur pétrolier. Les décrets signés par le Président de la République, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, datés des 3 et 4 décembre 2025, annoncent en effet la fin des fonctions de plusieurs cadres clés du ministère du Pétrole, dont un secrétaire général adjoint et un directeur général des hydrocarbures.
Ces mouvements pourraient, selon des sources concordantes, s’inscrire dans une vaste recomposition interne destinée à renforcer la gouvernance du secteur. Mais ils pourraient aussi refléter, de l’avis de nombreux internautes nigériens, une période de tension ou d’ajustement stratégique au moment où le pays cherche à consolider ses capacités dans un domaine hautement sensible.
Un contexte déjà marqué par d’autres interrogations
Ces changements surviennent alors que la disparition prolongée de l’ancien ministre du Pétrole, Mahaman Moustapha Barké, continue d’alimenter débats et spéculations.
Pour une partie des commentateurs actifs sur les réseaux sociaux, l’enchaînement rapide de décisions administratives au ministère du Pétrole pourrait être lié, de près ou de loin, à cette situation exceptionnelle.
Rien ne permet toutefois d’affirmer officiellement un lien direct : aucune communication du Gouvernement ne va en ce sens. Mais l’opinion publique nigérienne établit, elle, un parallèle temporel troublant.
Une recomposition administrative ou un signal d’alerte ?
Les décrets publiés concernent aussi d’autres ministères, notamment les Affaires étrangères et la Fonction publique. S’ils relèvent officiellement de simples mouvements individuels, leur simultanéité pourrait, selon certains analystes, traduire une volonté de réorganisation plus profonde dans plusieurs secteurs clés.
Dans le domaine pétrolier, où les enjeux économiques et géopolitiques sont majeurs, la rotation des cadres pourrait être interprétée comme un resserrement disciplinaire, un nettoyage administratif ou encore une tentative de stabilisation face à des tensions internes.
Toutes ces hypothèses circulent actuellement sur les réseaux sociaux nigériens, où les discussions sont particulièrement actives ces derniers jours. Le public cherche à comprendre, à relier les faits, à interpréter les signaux.
Un secteur stratégique sous surveillance
Le pétrole constitue l’un des piliers de la stratégie souverainiste du Niger : pipeline vers le Bénin, litige avec WAPCO, augmentation de la production, valorisation locale… Chaque décision administrative y prend donc une dimension politique.
Dans ce contexte, les remaniements annoncés pourraient être perçus comme des ajustements nécessaires à la bonne marche d’un secteur en pleine mutation, ou au contraire comme le symptôme d’un malaise plus profond, encore non explicité publiquement.
Pour l’heure, aucune crise officielle n’est déclarée. Mais le climat reste scruté de près par l'opinion nationale, très attentive à tout ce qui touche au secteur pétrolier.
Boubé G. (Nigerdiaspora)