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Niger : l’appel des enfants de Mohamed Bazoum ravive un débat sensible

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Bazoum Mohamed Nationalité NigerLes enfants de l’ancien président Mohamed Bazoum ont publié une nouvelle tribune pour réclamer la libération de leurs parents, détenus depuis le 26 juillet 2023. Cette prise de parole, relayée par de nombreux médias internationaux, vise à rompre le silence qui entoure l’un des dossiers politiques et juridiques les plus sensibles du Niger

Deux ans de détention sous haute surveillance
Depuis leur éviction, Mohamed Bazoum et son épouse Hadiza sont maintenus en détention dans une aile du palais présidentiel à Niamey, sous la garde du Conseil national pour la sauvegarde de la patrie (CNSP). Les autorités les accusent de complot contre la sûreté de l’État et de haute trahison, des charges lourdes en droit nigérien. Plusieurs organisations internationales et défenseurs des droits humains ont dénoncé les conditions de leur détention, évoquant un isolement prolongé, des communications strictement limitées, l’absence de contact direct avec les avocats, ainsi qu’un accès restreint aux soins et à une alimentation adéquate. Les enfants Bazoum contestent l’ensemble de ces accusations et affirment qu’elles relèvent d’une instrumentalisation politique.

Une tribune pour dénoncer une “injustice prolongée”
Dans leur appel, les enfants décrivent la détention de leurs parents comme un calvaire moral et physique. Ils rappellent l’absence totale de téléphone depuis octobre 2023, les rares appels autorisés avec leur famille à un rythme bimensuel et la décision de leur mère, en août 2024, de rester auprès de son mari lorsqu’il lui a été proposé de quitter le lieu de détention. À leurs yeux, cette situation ne concerne plus seulement une famille, mais soulève une question essentielle : celle des droits fondamentaux et du traitement judiciaire accordé à un dirigeant déchu, même en période de transition politique.

La position des autorités de transition
Les autorités nigériennes estiment que la détention de Mohamed Bazoum s’impose pour des raisons de sécurité nationale. Elles l’accusent d’avoir encouragé ou envisagé une intervention étrangère destinée à le réinstaller au pouvoir, un scénario qui, selon elles, menaçait la stabilité du pays. La junte réaffirme par ailleurs sa volonté de conduire la transition vers un ordre constitutionnel réorganisé, selon un calendrier qu’elle considère relever exclusivement de la souveraineté du Niger. Dans ce cadre, le cas Bazoum demeure un sujet extrêmement sensible qui pèse à la fois sur la scène intérieure.

Entre souveraineté nationale et droits humains : une ligne de fracture persistante
L’affaire Bazoum continue de diviser l’opinion publique. Pour certains Nigériens, le renversement de juillet 2023 constitue une rupture nécessaire et une affirmation de souveraineté face aux ingérences extérieures. D’autres mettent en avant le respect des mandats issus des urnes, les garanties démocratiques et la nécessité de protéger les droits fondamentaux, même en période de transition.

Un dossier qui reste ouvert
Plus de deux ans après le coup d’État, la question de la détention de l’ancien président et de son épouse demeure entière. L’appel renouvelé de leurs enfants cherche à replacer cette affaire au cœur du débat national et international, au moment où le Niger concentre ses priorités sur les enjeux sécuritaires, la recomposition de ses alliances régionales et ses relations extérieures. L’avenir du dossier dépendra des décisions des autorités de transition, des rapports de force internes. En attendant, les enfants Bazoum multiplient les alertes pour éviter que leurs parents et plus largement la question des prisonniers politiques ne soient relégués dans l’oubli.
Aïssa Altiné (Nigerdiaspora)

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