Niger : nucléaire, économie et paix au cœur des travaux du CCR

Réuni en séance plénière les 19 et 20 décembre 2025, le Conseil consultatif pour la refondation (CCR) a consacré ses travaux à trois piliers stratégiques de la refondation nationale : le développement du programme nucléaire civil, la situation économique et budgétaire du pays, et la consolidation durable de la paix.
Un programme nucléaire structurant et fortement créateur d’emplois
Devant les conseillers du CCR, la présidente de la Haute Autorité Nationale pour l’Énergie Atomique, Mindaoudou Souley Zeinabou, a indiqué que le programme nucléaire nigérien nécessitera environ 8 000 agents toutes catégories confondues, notamment lors de la phase de construction. Elle a précisé que seule une fraction de ce personnel sera composée de spécialistes nucléaires, le reste relevant des métiers de l’administration, des finances, de la technique et de la logistique.
Selon la responsable de la HANEA, des enquêtes nationales ont permis d’identifier les compétences existantes, tandis qu’une stratégie de formation des formateurs, au Niger et à l’étranger, est déjà engagée. Plusieurs centaines de bourses de formation et des stages de courte et moyenne durée sont actuellement en cours, traduisant la volonté de bâtir progressivement une expertise nationale crédible.
Une économie résiliente malgré les chocs
Au cours de la même plénière, le ministre délégué auprès du Premier ministre chargé du Budget, Mamane Sidi, a présenté une communication détaillée sur la situation économique et financière du Niger. Il a souligné la résilience de l’économie nationale, malgré les chocs sécuritaires, climatiques et les effets des sanctions.
La croissance est ressortie à 10,3 % en 2024, portée notamment par la levée des sanctions, une bonne campagne agricole et le début des exportations de pétrole brut. Pour 2025, elle est estimée à 6,7 %, avec une moyenne projetée de 7 % sur la période 2026-2028, soutenue par l’énergie, l’agriculture irriguée et les infrastructures.
Le ministre a également mis en avant la baisse marquée de l’inflation, devenue négative en 2025, conséquence des mesures de régulation des marchés céréaliers et de l’amélioration de la production nationale, contribuant à un regain du pouvoir d’achat des ménages.
Finances publiques : discipline et souveraineté budgétaire
Sur le plan budgétaire, les recettes internes ont connu une progression significative, atteignant plus de 1 200 milliards de FCFA attendus à fin 2025. Le déficit budgétaire, supérieur à la norme communautaire en 2023, devrait être ramené autour de 3 % à partir de 2026, grâce à une meilleure mobilisation fiscale, un contrôle des dépenses et une politique d’endettement jugée prudente. Le taux d’endettement est ainsi passé de 52,5 % du PIB en 2023 à 44,5 % en 2024, bien en-deçà du plafond de l’UEMOA.
La paix et la cohésion sociale comme socle de la refondation
Enfin, le secrétaire général de la Haute Autorité à la Consolidation de la Paix, Yahaya Adié, a présenté les missions de son institution, rattachée à la Présidence de la République. Il a insisté sur l’importance du dialogue communautaire, du renforcement de la présence de l’État et du soutien à la résilience économique des populations, notamment dans les zones fragiles ou post-conflit.
Les travaux du CCR ont ainsi mis en lumière une approche globale de la refondation nigérienne, articulant souveraineté économique, montée en compétences nationales et consolidation de la paix, dans une dynamique cohérente de développement durable et de stabilité.
Aïssa Altiné (Nigerdiaspora)