Niger - Orano dénonce un transport “illégal” d’uranium depuis le site de la SOMAÏR

Le groupe Orano a annoncé avoir découvert, par voie de presse, qu’un chargement d’uranium aurait quitté le site minier de la SOMAÏR à Arlit, dans le nord du Niger. Dans un communiqué officiel, l’entreprise précise qu’elle n’est “en rien à l’initiative” de ce convoi et condamne fermement cette opération présentée comme illégale.
Orano rappelle qu’elle ne dispose plus du contrôle opérationnel de la SOMAÏR depuis décembre 2024, à la suite du changement de gouvernance intervenu au Niger. L’entreprise dit ne posséder aucune information sur la quantité transportée, sa destination ou les conditions de sûreté entourant ce déplacement. Elle estime que cette initiative contrevient à la décision du tribunal arbitral du CIRDI, qui avait statué en sa faveur en septembre 2025 dans le litige l’opposant à l’État du Niger au sujet de l’uranium extrait par la SOMAÏR.
Le tribunal avait en effet ordonné à l’État nigérien de s’abstenir de vendre, céder ou faciliter le transfert de l’uranium produit par la société, tant que le différend juridique restait en cours. Pour Orano, tout transport de matière dans ces conditions constitue une atteinte directe à ses droits.
Le groupe annonce envisager des actions supplémentaires, y compris pénales, afin de défendre ses intérêts et d’éventuellement engager des responsabilités de tiers impliqués dans cette opération.
Cette affaire intervient dans une période de recomposition profonde des relations entre le Niger et ses partenaires historiques, notamment dans le secteur stratégique de l’uranium. La question de la souveraineté énergétique demeure au cœur des tensions, en particulier depuis la réorganisation du secteur minier opérée par les autorités nigériennes.
Vers une souveraineté renforcée : la nationalisation de la SOMAÏR
Dans ce contexte, la décision du Niger de nationaliser la SOMAÏR s’inscrit dans une dynamique plus large de reprise en main de ses ressources stratégiques. Cette nationalisation marque une étape “irréversible” vers la souveraineté minière et la volonté de faire bénéficier la nation nigérienne des richesses issues de son sous-sol.
En assumant désormais seul la gestion de l’uranium d’Arlit, l’État entend renforcer son autonomie, redéfinir ses partenariats et garantir que l’exploitation du minerai s’effectue dans le respect de ses intérêts supérieurs.
Cet épisode souligne la volonté de l’État de reprendre le contrôle total de son uranium et de défendre, à tout prix, son patrimoine.
Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)