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Niger - Polémique autour de l’intervention du ministre de la Justice : une salve de réactions qui allume le front social

niger le ministre de la justice annonce la dissolution des syndicats du secteur judiciaireLe vendredi 8 août 2025, à la suite de l’arrêté n°586 du 7 août 2025 pris par le ministère de l’Intérieur pour acter la dissolution des syndicats du secteur de la justice, le ministre de la Justice réagissait par un point de presse qu’il animait pour apporter, de son point de vue, les explications à ce qui a pu conduire à cette décision qui fait grand bruit dans le pays. Défendant les syndicats incriminés et dissouts de s’exprimer sur ce qui leur arrivait, leur déniant tout droit à se défendre sur un tel objet, c’est plutôt et d’abord quelques citoyens et analystes qui donnaient leurs points de vue sur le sujet, unanimes presque tous à reconnaitre la non-conformité des la procédure de dissolution aux lois nationales et internationales. Puis l’on devrait avoir la réaction de groupes organisés qui venaient donner leur point de vue sur cette décision. Dans un premier temps, c’est la première centrale syndicale du pays – l’USTN – l’Union des Syndicats des Travailleurs du Niger qui venait contester l’irrégularité de la décision, appelant le régime à revenir sur sa décision car aucune loi ne peut interdire à des travailleurs de s’organiser en syndicat. C’est du reste ce que l’Intersyndicale venait répéter, appelant à régler les problèmes du pays autrement. Quand on sait les difficultés dans lesquelles on gère le pays l’on ne peut que s’effrayer de voir ces contradictions et ces déchirements revenir alors que le pays a besoin de quiétude pour pouvoir faire face, ensemble, à tant de défis qui se posent à lui.

Ensuite vinrent le Barreau du Niger qui se réunissait aussi le mardi 12 août 2025 à l’effet d’examiner la situation née de la prononciation de la dissolution des syndicats de la Justice. Déplorant à son tour les conditions dans lesquelles cette décision a été prise, l’Ordre des Avocats du Niger, appelant à privilégier la voie du dialogue pour régler les différends qui peuvent opposer les différents partenaires, ne manquait pas de fustiger les fragilités de la décision d’un point de vue du droit, et profitait pour dénoncer la situation de la justice nigérienne dans laquelle il relevait bien de pratiques que l’on a crues révolues, évoquant de vrais malaises qui agitent la justice nigérienne et ce, à un moment où la question de la justice reste une exigence populaire, risquant même, selon bien d’analystes, de conduire à des ruptures dommageables pour la brillance de la refondation. On notera que les Robes Noires, en guise de protestation, déposaient la toge pendant 48 heures, les jeudi 14 et vendredi 15 août 2025.

Et le 13 août 2025, le syndicat dissout, le SAMAN, publie un communiqué de presse n°01/2025, faisant fi de son inexistence déclarée et des menaces de la tutelle pour quiconque oserait défier sa décision dans les rangs des magistrats. Et le syndicat n’est pas allé du dos de la cuillère pour dire sa part de vérité dans le conflit, dénonçant à son tour une décision infondée d’un point de vue du droit, et réitérer son engagement pour une justice indépendance, une justice qui ne saurait être sous le contrôle d’un tiers, entendu que cette justice se rend au nom du peuple, pour le peuple.

Cette réaction, dans les milieux du pouvoir a sans doute choqué quand, peut-être, face aux mises en garde du ministre, le syndicat, défie la parole autoritaire du ministre en produisant ce communiqué dont la réplique, comme il fallait s’y attendre, ainsi le syndicat pourrait aussi le savoir en prenant ces risques, ne tarda pas. Ainsi, tout de suite, les réseaux sociaux s’inondent d’un décret signé par le Chef de l’Etat, le Général Abdourahamane Tiani, qui annonce la radiation pure et simple du corps des magistrats d’Abdoul-Nasser Bagna Abdourahamane, Magistrat de 3ème Grade, 6ème échelon.

Voilà où on en est, une semaine après la décision de dissolution des syndicats de la justice. Cette décision de radiation, va-t-elle davantage attiser le conflit en éloignant d’un apaisement et d’une solution rapide, ou, va-t-elle réussir par diviser davantage pour faire porter au seul secrétaire général qui n’a certainement pas agi seul, le chapeau d’une réaction qui ne peut pas être un acte isolé, personnel ? Où est-ce que cette situation pourrait conduire le pays ?

Al Qnut, quand tu nous tiens !

Tawaye I.