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Niger : Une rectification budgétaire stratégique pour adapter la Loi de Finances 2025 au nouveau contexte de la Transition

AbdourahamanTiani

Le Président de la République du Niger, le Général d’Armée Abdourahamane Tiani, a entériné ce 14 juillet 2025 une ordonnance modifiant la loi de finances initialement arrêtée en décembre 2024. Cette rectification intervient dans un contexte de recomposition institutionnelle et d’ajustements économiques profonds, marqués par des enjeux sécuritaires persistants, l’évolution de l’architecture gouvernementale et la consolidation du programme économique en partenariat avec les bailleurs de fonds internationaux.

Une révision en phase avec les réalités de terrain
Initialement fixé à 3 033,33 milliards de francs CFA en recettes et en dépenses, le budget 2025 subit un ajustement à la baisse pour atteindre désormais 2 749,55 milliards. Cette diminution de 283,77 milliards, soit –9,36 %, reflète une volonté assumée d’adapter les équilibres financiers de l’État aux nouvelles priorités nationales. Parmi les éléments déterminants ayant motivé cette révision figurent l’intensification des besoins liés à la sécurité, l’opérationnalisation du Conseil Consultatif de la Refondation, ainsi que les implications structurelles de la recomposition ministérielle survenue en avril dernier.
Cette approche budgétaire repose sur une logique d’ajustement stratégique : au-delà du simple rééquilibrage comptable, il s’agit d’orienter les ressources publiques vers les leviers les plus pertinents pour consolider la transition, assurer la résilience économique et renforcer les fondations de la gouvernance refondée.

Un cadrage juridique et économique maîtrisé
La modification s’inscrit dans le strict respect des articles 5, 47 et 48 de la loi organique n°2012-09 relative aux lois de finances, traduisant la rigueur procédurale avec laquelle les autorités entendent mener la réforme budgétaire. En lien avec les recommandations issues des dernières revues du programme conclu avec le FMI, notamment via la Facilité Élargie de Crédit (FEC) et la Facilité pour la Résilience et le Développement (FRD), cette rectification confirme la détermination du Niger à maintenir une trajectoire économique crédible, assise sur des engagements réalistes et soutenables.
Loin d’être un simple exercice technique, cette révision témoigne d’une capacité d’anticipation budgétaire dans un environnement sous pression. Elle marque également un engagement ferme à honorer les pactes de gouvernance économique conclus avec les partenaires techniques et financiers, tout en préservant la souveraineté des choix stratégiques de développement.

Une gestion publique recentrée sur l’essentiel
En reconfigurant le budget autour des impératifs de sécurité, de refondation institutionnelle et de crédibilité économique, les autorités de la Transition cherchent à redéfinir les priorités de l’action publique dans un esprit de rationalisation. Ce recentrage est d’autant plus important que le pays amorce une phase charnière de transformation institutionnelle et de refondation politique, où chaque dépense publique doit être un investissement ciblé au service du redressement national.
À travers cette première rectification budgétaire de 2025, le Niger démontre que l’exigence d’adaptabilité ne doit pas être perçue comme une fragilité, mais comme un signe de maturité budgétaire dans la conduite de l’État. Dans un monde en constante mutation, cette capacité à corriger la trajectoire financière en temps réel, tout en garantissant les équilibres et les engagements nationaux, constitue une force de pilotage essentielle pour réussir la Transition.

Boubacar Guédé (Nigerdiaspora)