Panique et démenti d’un communiqué du parti rose par ses avocats : Les leaders du PNDS ont-ils si peur du général Tiani?
Actuellement, circule, sur les réseaux sociaux de la place, un document attribué au Secrétaire Général du Parti Nigérien pour la Démocratie et le Socialisme (Pnds/Tarayya), Kalla Ankaraou. Dans ce document, il était question d’une mobilisation des militants du parti rose pour ‘’imposer au Président du Cnsp un calendrier précis de la transition’’. En effet, selon ce document, lors de son entretien sur la RTN du 02 août dernier, le Président du Cnsp, le Général Abdourahamane Tiani, n’aurait pas évoqué une période de transition, conformément à son engagement initial.
Aussitôt, l’avocat du Pnds/Tarayya, Me Illo, était sorti pour apporter un démenti formel au contenu dudit document et annoncer le dépôt d’une plainte en justice pour que « justice soit rendue au Pnds », disait-il !
Cette nouvelle polémique intervient après une autre, celle relative à la lettre d’Issoufou Mahamadou adressée au Comité du Jury du Prix Mo Ibrahim, dans laquelle l’ancien président de la république déclarait condamner les événements du 26 juillet 2023. Mais, la lettre d’Issoufou Mahamadou était bien authentique, et donc, le contenu était parfaitement assumé, ce qui n’est pas, manifestement, le cas de celle attribuée à Kalla Ankaraou récusée par l’Avocat du parti.
Un document, tout de même vraisemblable, à défaut d’être vrai
Pour l’instant, tel que le document a été présenté, il ne peut pas remplir tous les critères de l’authenticité. Aujourd’hui, les signatures ne sont pas des preuves infaillibles du fait de l’existence de possibilités de falsification dont disposent les faussaires. Pour ce faire, il ne saurait être imputable à Kalla Ankaraou, par le simple fait de mettre le logo du parti à l’entête et la signature de son SG, aubas de la lettre.
Cependant, si le document en question n’est pas vrai, authentique, n’émanant pas de l’auteur allégué, il présente, en revanche, les aspects de ce que l’on appelle la vraisemblance. La vraisemblance peut se définir comme toute hypothèse dans laquelle un fait allégué, à défaut de réunir toutes les garanties nécessaires de la véracité, présente un aspect qui pourrait laisser penser à une possibilité de véracité à certaines conditions précises.
Pour ce qui est du cas du document attribué au SG du Pnds/Tarayya, parmi les éléments pouvant rendre cette lettre vraisemblable, il y a, sans doute, la lettre d’Issoufou Mahamadou adressée au Comité du Jury du Prix Mo Ibrahim, dans laquelle le dernier lauréat de cette distinction déclarait condamner les événements du 26 juillet 2023 et toutes formes de prise de pouvoir par la force. Aussi longtemps qu’Issoufou Mahamadou était au Niger, l’on n’avait pas vu, même prétendument, le Pnds/Tarayya adopter une telle posture vis-à-vis du Cnsp, et particulièrement à l’endroit de son Président, le Général Abdourahamane Tiani. Mieux, le Pnds avait même invité ses militants à accompagner le nouveau pouvoir jusqu’au rétablissement de l’ordre constitutionnel. Il est vrai, à l’époque, une telle position était compréhensible de la part des Roses socialistes qui tablaient, probablement, sur une transition de durée relative dans l’espoir de revenir aux affaires au moyen d’élections remportées avec le pouvoir de l’argent. Or, aujourd’hui, un tel scénario devient de plus en plus improbable, d’où, peut-être la colère d’Issoufou Mahamadou et de son clan politique qui semblent désemparés face à la nouvelle donne politique présentée par l’énigme que constitue le Général Tiani. Tout semblerait indiquer que la transition actuelle serait partie pour la durée, ôtant ainsi aux Tarayyistes tout espoir de pouvoir rebondir sur la scène politique nationale dans un bref avenir. C’est pour cela, probablement, qu’Issoufou Mahamadou aurait choisi d’allumer cette première mèche pour ouvrir la voie à ses troupes roses dans le nouveau combat contre le Cnsp et son Président. Les Nigériens connaissent parfaitement les grandes capacités manipulatrices et manoeuvrières du parti rose, un parti ‘’complotiste’’, né dans le complot et grandi dans le complot, capable de tout pour parvenir à ses fins politiques. En guise de test, de ballon d’essai, il pourrait être à l’origine de ce document, l’objectif étant de toucher la cible, à savoir ses militants. Les militants du Pnds/Tarayya ont cette particularité de répondre avec promptitude et fidélité aux mots d’ordre de leur parti. Très disciplinés et conscientisés au plan politique, ils pourraient perturber, voire saboter, torpiller la transition politique actuelle par leur capacité de nuisance légendaire pour aller intoxiquer et désinformer les populations nigériennes. C’est un parti politique qui fonctionne comme les loges maçonniques dans le monde, car disposant de relais puissants à tous les échelons de la société. C’est pourquoi l’on ne devrait pas prendre à la légère ce document, même s’il a été désavoué par l’Avocat du parti.
Ensuite, l’autre aspect de la vraisemblance du document attribué au SG du Pnds/Tarayya résiderait bien dans l’empressement avec lequel la réaction du parti s’était faite. En effet, pourquoi un tel empressement à vouloir réagir à une information des réseaux sociaux ? Souvent, l’on dit qui ‘’s’excuse s’accuse’’ ! Qui a accusé le Pnds/Tarayya de quoi que ce soit pour que son Avocat se fende d’une telle déclaration ?En réalité, l’objectif recherché serait d’insinuer qu’il y aurait problème avec un Cnsp qui refuserait de tenir parole dans son engagement d’organiser une transition vers le retour à l’ordre constitutionnel. Par ce fait, l’on se dirigerait vers une confiscation durable du pouvoir par le Cnsp. C’est pour cette raison qu’il faudrait sonner la révolte populaire pour que le Cnsp soit contraint d’envisager de revoir la durée de la période dans les meilleurs délais possibles. Astucieuse démarche de la part du Pnds/ Tarayya, n’est-ce pas ?
Cependant, si ce document était authentiquement faux, n’assisteraiton pas à une entreprise de liquidation pure et simple du Pnds/ Tarayya ?
La main des pro-Bazoum derrière le document pour liquider le Pnds/Tarayya ?
En matière d’enquêtes criminelles, on pose souvent la question de savoir à qui profite le crime pour pouvoir orienter les investigations destinées à découvrir l’auteur de l’infraction. S’agissant de la provenance du document incriminé, deux pistes seraient à privilégier : une partie de la Société civile et le camp de Bazoum. La première, pour n’avoir pas caché son voeu cher de voir le Pnds/Tarayya et ses principaux dirigeants traduits devant la Justice afin qu’ils répondent de tous les actes indélicats de leur gestion antérieure. Mieux, ces acteurs sociaux ont toujours revendiqué, depuis le 26 juillet 2023, la tête d’un certain Issoufou Mahamadou. Le second pour le fait que le Pnds et Issoufou Mahamadou seraient derrière les événements du 26 juillet 2023.
Pour cela, tout ce qui pourrait anéantir Issoufou Mahamadou et son parti serait le bienvenu pour les partisans de Bazoum.
Aujourd’hui, la piste des pro-Bazoum apparaît comme la plus plausible, mieux, la plus crédible quant à l’origine réelle du document faussement attribué à Kalla Ankaraou. Ces pro- Bazoum s’entendent comme des militants du Pnds/Tarayya ayant pris fait et cause pour Mohamed Bazoum, et aussi tous ceux qui étaient aux affaires avec lui sans être forcément issus du parti rose. Ce serait donc la conjugaison de ces deux mondes qui aurait été à l’origine de cette fameuse lettre invitant les militantes et les militants du Pnds/Tarayya à se tenir prêts pour répondre aux futurs mots d’ordre du parti en vue d’imposer un agenda de transition précis au Cnsp.
Voilà, chez lecteurs, pour l’instant, où en seraient les choses concernant la paternité de ce document, en attendant d’en savoir un plus, dans les prochains jours !
Halidou Maiga (Le Monde d’Aujourd’hui)