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Pipeline Niger - Bénin : tarifs contestés, Niamey pousse à la renégociation

Niger Benin PetroleLe différend autour de l’oléoduc reliant le Niger au Bénin s’intensifie. D’après L’Enquêteur, les frais de transport facturés par WAPCO, présentée comme une filiale de la CNPC, seraient bien supérieurs aux usages du secteur. À la clé : une rentabilité comprimée, une dette pétrolière plus lourde à gérer et un choix stratégique délicat entre renégociation et escalade.

Des coûts de transit jugés excessifs
Au cœur de la polémique, la grille tarifaire appliquée par l’opérateur du pipeline. Selon le journal L’Enquêteur, les montants exigés, au-dessus des références généralement admises pour les grands oléoducs, rognent directement le revenu net des exportations. Même en tenant compte des marges d’incertitude, l’écart reste significatif et pèse sur la filière.

Une rentabilité affaiblie malgré un contexte porteur
Le niveau des prix internationaux du brut pourrait, en théorie, soutenir les recettes. Mais la combinaison des péages, des décotes de qualité, des pertes techniques, des assurances, de la fiscalité et des coûts commerciaux finit par réduire fortement le prix de cession à l’export, affaiblissant la marge de l’État et des partenaires locaux.

La dette pétrolière en toile de fond
Ce sujet tarifaire ne se limite pas à l’industriel. Il engage la trajectoire de remboursement d’un financement accordé par la CNPC et adossé à des livraisons de pétrole. Plus les coûts de transit sont élevés, plus la capacité de remboursement se tend, avec un effet boule de neige sur la trésorerie publique et les priorités d’investissement.

Renégocier ou interrompre : un levier à double tranchant
Face à cette équation, l’hypothèse d’une renégociation avec l’opérateur apparaît logique. Reste que brandir la menace d’une suspension de la production demeure une arme délicate : elle priverait le pays de recettes, fragiliserait la relation avec le partenaire chinois et pourrait inquiéter l’écosystème des assureurs, traders et transporteurs, attaché à la stabilité contractuelle.

Un test pour la souveraineté économique
L’affaire met à l’épreuve la doctrine de souveraineté économique défendue par Niamey : reprendre la main sur les paramètres clés, coûts, partage de valeur, gouvernance, sans dégrader l’attractivité du projet ni l’accès aux marchés. Une issue constructive suppose un faisceau d’actions : audit indépendant des coûts de transit, comparaisons transparentes, table ronde technique et, au besoin, médiation contractuelle pour réaligner le modèle.

Les signaux à surveiller
Dans les prochaines semaines, l’ouverture formelle de discussions, la publication d’éléments de méthodologie tarifaire, l’évolution des flux d’exportation et la communication officielle sur la trajectoire de remboursement constitueront des indicateurs déterminants de la suite du dossier.

Boubé G. (Nigerdiaspora)